Retour accueil

AccueilJournalNuméros parus en 2003N°18 - Mars 2003 > Edito

Rechercher
>
thème
> pays
> ville

Les autres articles :


Edito



Les manifestations qui grossissent au fil des mois expriment généralement une opposition à la guerre contre l’Irak, et bien peu s’élèvent contre toutes les guerres. Mais où en est vraiment l’antimilitarisme ? Crier contre une guerre sans s’attaquer aux industries d’armement et au lobby militaire risque fort de se révéler stérile, car ce ne sera toujours que s’attaquer aux effets sans en rechercher les causes.


La démarche antimilitariste vise, elle, l’abolition de toutes les armées et l’instauration d’une paix démilitarisée basée sur une réelle solidarité et une compréhension entre les peuples, à l’inverse de ces pacifistes occasionnels qui pourraient fort bien se contenter d’une paix armée. En effet, ils ne réclament pas le désarmement de l’autre partie du conflit, les Etats-Unis, ni le retrait des milliers d’hommes envoyés (sans aucun débat à l’ONU) prêter une main forte à un gouvernement ouvertement raciste en Côte-d’Ivoire, ni la fermeture d’Eurosatory (la vitrine de l’industrie française du canon) comme le font depuis des années les mouvements antimilitaristes.

La position de Chirac sur la guerre contre l’Irak et l’énergie dépensée pour la rendre visible sont portées à leur comble avec la candidature de celui-ci au prix Nobel de la Paix. On croit à un gag, mais le maître de la françafrique est bien "pressenti" (France-Inter, 19/02/03) pour obtenir ce prix. Tout cela contribue à ériger un écran de fumée masquant, à l’intérieur du pays, la politique Vichy-Pirate grâce à laquelle les militaires sont déjà dans nos villes et, à l’extérieur, les agissements de l’Etat français en Afrique. Il n’est pas mauvais de remarquer que les autres gouvernements qui profitent de la situation actuelle pour se faire une image de pacifistes à peu de frais ont aussi des choses à cacher : le traitement des Tchétchènes pour la Russie, des Tibétains pour la Chine... Cette contestation de la guerre américaine commence à ressembler à une vaste kermesse où tout le monde est gentil, et où chacun aura sa part, puisque les partis de gauche et d’extrême gauche institutionnelle profitent de l’occasion pour se refaire une santé en buvant à la grande soupe consensuelle, certains d’entre eux oubliant même qu’ils ont été les acteurs de la première guerre du Golfe et des livraisons d’uranium appauvri au Kosovo et à la Yougoslavie.
Mais au delà de la démarche antimilitariste, il serait dangereux d’oublier que la guerre n’est qu’un des innombrables symptômes de l’organisation capitaliste du monde et des impérialismes qui l’accompagnent.

Face à cette menace globale et à la multiplicité des formes prises par l’oppression qu’elle engendre sur les peuples, il semble important d’informer sur ses effets destructeurs, mais la situation impose de plus en plus une lutte s’attaquant aux fondements du système. Et on ne combat jamais plus efficacement un système qu’en proposant par la pratique quelque chose à mettre à la place.

A nous d’y réfléchir et d’agir…


No Pasaran 21ter rue Voltaire 75011 Paris - Tél. 06 11 29 02 15 - nopasaran@samizdat.net
Ce site est réalisé avec SPIP logiciel libre sous license GNU/GPL - Hébergé par Samizdat.net