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AccueilJournalNuméros parus en 2003N°23 - Octobre 2003 > Procès de Fumel

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Procès de Fumel


Rencontre avec Lulu, militant bordelais contre la précaritéLe mercredi 17 septembre avait lieu à Agen le procès des militant-e-s ayant saboté en 1999 l’incinérateur de Fumel, celui-ci rejetant des dioxines bien au-delà des normes légales et soutenables et mettant donc en danger la santé et la vie (pour les nourrissons, les personnes âgées ou malades) des riverains.
Les mobilisations ont réuni 1.


500 personnes, notamment des chômeurs organisés (AC !, venu en nombre), des écologistes (associations et Verts), des syndicalistes (CNT et CGT) et les libertaires (AL, CNT, FA, No Pasaran et OLS). Durant le procès le requisitoire de la juge a été clairement idéologique : elle a nié le droit de nécessité, qui permet pourtant dans le droit français et européen d‚agir pour protéger la vie lorsque celle-ci est en danger. Par contre, elle n‚a pas nié la dangerosité de l‚incinérateur, qui était illégal et qui devait fermer à terme, et dont tous les rapports scientifiques ont souligné la dangerosité. Justice de classe ou consignes d’en haut Malgré cela les peines requises par le procureur (plus " soft " que la juge) ont été finalement assez légères, au vue du droit bourgeois : de la prison avec sursis pour six des inculpés, de 3 à 9 mois suivant les personnes et un mois ferme supplémentaire pour un des prévenus. Le délibéré aura lieu le 19 novembre et donnera lieu à une nouvelle mobilisation.

Que faire quand, depuis quinze ans, un incinérateur d’ordures ménagères ne possède aucun filtre, brûle en torchère des flammes dépassant souvent les cinq mètres, crachant ainsi son poison (dioxine, métaux lourd) impunément, et que rien n’est fait ? Prendre les devants et le saboter. C’est ce qu’ont fait les militants d’AC ! CLASH (chômeurs, libres, actifs, solidaires et heureux) le 15 mars 1999 à Fumel dans le Lot-et-Garonne. Suite à l’action, 14 personnes ont été inculpées. Elles comparaissaient le mercredi 17 septembre devant le tribunal d’Agen. Lulu est un ex-militant d’AC ! Bordeaux CUB.


Comment est née l’action de Fumel ?

Fumel est une action qui rentre dans une logique de luttes menées entre 1996 et 1998 (occupation des squats à Bordeaux, occupations d’ANPE, d’ASSEDIC…). À Fumel, il y avait des copains de Montluçon, de Clermont-Ferrand, de Bordeaux… Ils faisaient tous partis d’un collectif dans leur ville et en même temps, tous ces collectifs étaient solidaires. Quand il y avait une action à Clermont Ferrand, on se déplaçait etc. Le débat c’était : que signifie cet incinérateur ? Que signifie la pollution ? Est-ce qu’on ne peut pas trouver une alternative ? Gérard a invité des ami-e-s chez lui à Fumel. Au début ce devait juste être une rencontre entre collectifs puis ils ont décidé d’occuper l’incinérateur à coté avant enfin de l’arrêter dans la nuit. Beaucoup se sont demandé, comme la juge, pourquoi ils s’étaient occupés de l’incinérateur alors qu’on a plus l’habitude de voir AC ! dans les ANPE et les ASSEDIC par exemple. Il faut lutter contre le chômage d’accord mais cela s’inscrit dans une lutte globale. Ce n’est pas parce que je suis précaire que je suis obligé de supporter un incinérateur à coté de chez moi.


En plus, l’incinérateur était plus que polluant…

Cet incinérateur n’était pas aux normes dès son ouverture. Par rapport à la DRASS (Direction Régionale des Affaires Sanitaires et Sociales), et par rapport aux normes européennes ! Et il n’y a pas qu’à Fumel que l’on trouve ce type d’incinérateur. Il y en a plus de cent en France. Je crois qu’ils en ont fermé une cinquantaine récemment. D’ailleurs, celui de Fumel n’a pas été réouvert, preuve que l’action a dû arranger quelques personnes… Le préfet avait demandé une inspection qui n’avait pas donné de résultat. De toute façon, même s’il n’y avait pas eu cette action de sabotage, deux ou trois après, l’incinérateur fermait. Il était en fin de cycle. À l’origine, il était fait pour quinze communes. Au nord du département, il y a avait un autre incinérateur, mais il coûtait beaucoup plus cher pour faire brûler les déchets. Du coup, beaucoup de communes ont préféré choisir celui de Fumel qui est passé de 15 à plus de 60 communes à gérer.


Cela n’a pas empêché les autorités de poursuivre ces militant-e-s d’AC !

Sur la vingtaine de copains d’AC qui a participé à l’action, 14 ont été arrêtés. Cela fait quatre ans. Trois ont fait un mois et demi de préventive. Tous ont été placés sous contrôle judiciaire. Certains devaient pointer tous les jours chez les flics. Ils avaient interdiction de quitter le département sans autorisation, de voir les autres militant-e-s, certains ont même été obligés de travailler dans des boulots de merde. Un jour, un des copains a mangé chez un copain d’A.C, qui était inculpé. Quand il est ressorti, les flics l’ont embarqué. Il a passé dix-huit heures au poste et on lui a assuré que s’il refaisait cela, il irait directement en prison.


C’est sûr que c’est plus facile de s’attaquer aux précaires qu’à des militants plus médiatiques…

Ils ont la partie d’autant plus facile. Regarde à Millau le nombre de personnes venues pour soutenir les inculpés, et compare par rapport à aujourd’hui. Des dizaines de milliers contre à peine un ou deux milliers.


Propos recueilli par Antoine

(Scalp de Nantes)


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