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AccueilJournalNuméros parus en 2003N°23 - Octobre 2003 > LE PEN NE PENSE PACA

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LE PEN NE PENSE PACA


Depuis les élections présidentielles de 2002, Jean-Marie Le Pen ne pense plus qu’à une chose : revenir sous les feux de la rampe électorale, et investir la région PACA. Comme d’habitude lorsque c’est le chef qui est impliqué, c’est tout l’appareil frontiste qui se met en branle pour tenter d’apporter enfin à son leader ce après quoi il court depuis plus de trente ans : les rênes du pouvoir.


Le président du Front national Jean-Marie Le Pen a fait sa rentrée politique le 6 septembre dernier à Saint-Martin-de-Crau en région Provence Alpes Côte d’Azur (PACA), où il est candidat pour la présidence de la région lors des élections qui se dérouleront en mars prochain. Son discours de rentrée s’est tenu lors d’une " Fête des Tricolores " régionale, la traditionnelle fête annuelle du FN, la Fête des Bleu-Blanc-Rouge à Paris ayant été annulée pour la deuxième année consécutive, Bertrand Delanoë ayant à nouveau refusé de louer l’espace habituel de cette manifestation. Face à cette situation, et afin d’être plus en phase avec l’échéance électorale, le FN a prévu des Fêtes des tricolores dans toutes les régions, celle sur sur Paris étant prévue pour début novembre.

Rien de bien original dans ce discours, pour l’essentiel des attaques en règle contre le gouvernement conservateur à propos du déficit public et de la canicule meurtrière de cet été. Le Pen promet pour les semaines à venir une " synergie de la décadence " (comprendre : des mouvements sociaux) qui devrait selon lui faire vaciller le gouvernement. Quant à la canicule, qualifiée d’ "euthanasie caniculaire ", Le Pen l’analyse non pas tant sur le plan social que sur le plan moral. Dénonçant le gouvernement au nom de la " défense de la vie " et accusant la CMU de détourner les crédits qui ont manqué aux personnes âgées, il en profite pour fustiger les ministres " provençaux ", tels Falco ou Mattei, sensés être " habitués des canicules méditerranéennes " et qui n’onr rien vu venir, histoire de revenir au seul sujet qui intéresse véritablement Le Pen : la course à la présidence de la région PACA.

À ce propos, les axes de la campagne pour les élections régionales de mars 2004, lancée officiellement depuis un bateau au large de Nice le 17 septembre dernier et pour lesquelles Le Pen présentera la liste complète de ses candidats à la mi-octobre, sont riches d’enseignement. Les dirigeants du FN comptent sur trois méthodes combinées pour gagner : être présents sur le terrain, adopter une " attitude de rassemblement et d’ouverture " (c’est-à-dire chercher au maximum des accords locaux avec des élus de droite) et faire preuve de sa compétence, en attirant sur sa liste des hauts fonctionnaires et d’anciens conseillers régionaux. Le FN est conscient qu’il conserve l’image d’un parti " amateur " qui n’a jamais eu l’expérience du pouvoir à cette échelle, et qu’il doit faire ses preuves. Si c’est bien en PACA que la situation semble le plus favorable au FN (la notoriété du président du Front par rapport à ses adversaires et les résultats électoraux du FN dans la région peuvent laisser craindre que la stratégie du front républicain montrera ses limites), dans d’autres régions on pourrait bien voir le FN jouer les trouble-fête. Si finalement Marine Le Pen ne pourra pas compter sur Sarkozy pour la faire mousser en Ile-de-France, sa campagne ultra-personnalisée est déjà commencée en région parisienne, avec comme slogan " Une femme à vos côtés ". Dans le Pas-de-Calais, foyer d’espérance pour le FN depuis des années, c’est son mari Eric Iorio et le secrétaire général du FN Carl Lang qui mènent campagne, jouant la carte sociale : d’après un article du Parisien, on les surnommerait au Paquebot, le siège du FN à Saint-Cloud, les "nationaux-bolchéviques"… Bruno Gollnisch, comme prévu, est tête de liste en Rhône-Alpes, tandis que Samuel Maréchal, le gendre de Le Pen, revient sur le devant de la scène en conduisant la liste en Pays de Loire. Reste que son divorce avec Yann Le Pen pourrait bien se solder par une mise au placard sitôt les élections régionales passées, tant le népotisme n’est pas une vaine valeur dans le parti de Jean-Marie Le Pen.

On le voit, le FN est déjà en campagne, et si, pour le moment, les sondages n’accordent que 20% d’intention de vote au FN en région PACA, il ne faut pas oublier que dans cette région, Le Pen était arrivé en tête presque partout au premier tour de l’élection présidentielle de 2002 et que les sondages sont rarement fiables concernant le parti d’extrême droite. Reste maintenant à voir si les antifascistes sauront anticiper ce qui risque d’être une situation assez explosive dans le sud de la France, afin de ne pas reproduire le psychodrame du 21 avril…


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