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AccueilJournalNuméros parus en 2004N°27 - Février 2004 > Le jardin collectif

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Le jardin collectif


Ce texte n’est qu’une vision personnelle de ce qu’est le Jardin Collectif et il n’émane pas du collectif. J’ai participé à cette expérience pendant plusieurs années, et c’est simplement de mon point de vue dont il s’agit.
jarLe Jardin est né en 1999 près de Nantes, de l’envie d’une poignée de personnes de nouer des liens entre la campagne et la ville.




Un brin d’histoire

C’est suite à l’incendie d’une ferme à Couëron, près de Nantes, que des personnes se rassemblent et créent le Collectif de solidarité ville campagne. Une fois la ferme déblayée, l’envie de faire des choses ensemble est toujours présente. L’idée d’un jardin collectif autogéré est née.

Des bases politiques

Le jardin se veut un espace de lutte contre le capitalisme et pour l’émancipation de toutes et tous.
Nous voulons faire vivre un lieu qui soit une alternative à la société marchande en sortant de la grande distribution, en refusant le gaspillage et la surproduction. Nous voulons un jardin qui respecte l’environnement et la qualité des produits.

Le jardin est, pour nous, un moyen de créer des liens de solidarité concrète entre la ville et la campagne, entre des collectifs et entre individuEs.

Le jardin est un espace de rencontre ouvert. C’est un lieu convivial où les échanges de savoirs sont un moyen de mutualiser les savoirs-faire des unEs et des autres. Ils concernent les cultures, la conservation des récoltes, la connaissance du milieu, la cuisine, le bricolage...

la naissance du jardin

Après avoir chercher un terrain pendant un long moment, le collectif s’installe à Couëron. Il s’agissait de trouver un endroit accessible par les habitants de la ville (sans systématiquement utiliser les véhicules individuels) et proches des lieux de vie des campagnards.

Un copain louait un champ pour démarrer une exploitation de maraîchage biologique. Cet espace étant trop étendu pour lui seul, il proposa d’en laisser un tier pour le collectif.

C’est ainsi que l’aventure du jardin collectif commençait. Il fallu défricher le champ, construire des cabanes pour abriter les outils...

un espace, des espaces

Au bout de quelques temps, R. décide de cesser son activité maraîchère et intègre le collectif. Le jardin se retrouve donc avec l’ensemble du champ. Les cultures sont diversifiées et des expériences sont menées (permaculture...) puisqu’il y a plus de place.

Un des problèmes que le collectif rencontre, depuis son installation, est l’eau. Nous décidons, alors d’appliquer le principe de propriété d’usage et nous nous servons de l’eau du ruisseau qui coule sur le terrain voisin en friche depuis longtemps. Il s’en suivra bien sur, négociations, conflits...avec les 2 propriétaires.

Le jardin se compose donc d’un champ cultivé, d’une mare et un ruisseau, d’espaces laissés à l’utilisation des oiseaux et autres bêtes, et d’un second champs de cultures.

le fonctionnement

Des réunions sont organisées régulièrement sur place pour discuter de ce qui va être produit et de quelle manière. On y échange aussi des infos sur les luttes en cours, on y débat...on y fait la fête.

Un cahier de liaison permet à chaque personne de savoir ce qui a été fait ou reste à faire et des rendez-vous sont donnés pour travailler ensemble.

Les cultures sont communes à toutes et à tous.ChacunE participe à l’entretien des cultures et récolte ce dont il/elle a besoin. Les semences sont apportées par les participantEs ou acheter collectivement. Les récoltes ne sont pas vendues, elles sont partagées au sein du collectif ou données pour des repas de soutien à des collectifs, dans des luttes...

Des questionnements

Le jardin est pour moi est belle expérience parce qu’elle est une des possibilité de lutter concrètement contre le capitalisme. On sort de la revendication ou de la réaction pour entrer dans le faire soi-même. Pour moi le jardin était un espace où collectivement nous essayions de trouver les moyens de s’alimenter mais aussi où nous nous interrogions sur l’utilisation de la terre, la propriété privée, le productivisme...

Cependant, comme dans beaucoup d’autres espaces de vie collective, cette expérience à ses limites. Nous avons souvent débatu de notre fonctionnement : comment éviter les conflits quand l’engagement et le temps passé dans le jardin est si différent d’une personne à l’autre ? Doit-on viser l’autonomie alimentaire pour touTEs les participantEs ?...

Nous nous sommes également souvent posé la question des prises de pouvoir au sein du collectif : pouvoir de celui ou celle qui "sait" cultiver la terre, problème des prises de parole en groupe, place des femmes...

je terminerai en reprenant une phrase tirée d’un tract du jardin "Pour l’autonomie de la bonne graine, contre le désherbant capitaliste et ses graines trafiquées..."

Marguerite


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