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AccueilJournalNuméros parus en 2004N°27 - Février 2004 > Rencontre avec des habitantEs

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Rencontre avec des habitantEs


Le squat de La Poudrière a ouvert en novembre dernier. Depuis, les habitantEs du lieu ont subi une attaque de la police (ratée, ils et elles restent et continuent à occuper le lieu), et un procès. Il semble que le propriétaire, l’association pour le développement des oeuvres diocésaines en Loire-Atlantique, ne désire pas voir son théâtre utilisé. Le jugement a été rendu récement : le squat est expulsable au 28 mars. J’ai rendez-vous cet après-midi avec Bérangère, Courgette et L’esquimau.


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Tu veux visiter ?

Cet endroit est un théâtre abandonné dans un quartier d’habitation du centre ville de Nantes. La salle de spectacle a été transformée en espaces pour ateliers divers et salon, les coulisses sont aujourd’hui un dortoir, une cuisine et des chambres ont été aménagées. Il y a même un jardin où on peut manger, jouer...quand le soleil veut bien se montrer.

On boit un thé ?

Nous nous installons dans la cuisine et la discussion commence.

Comment est né le projet ?

Ce sont des personnes qui se sont regroupées sur des bases affinitaires et politiques pour ouvrir un lieu d’habitation et d’activités. Nous avons beaucoup discuté de ce que nous voulions faire avant même d’avoir trouvé le lieu. Et puis, nous avons occupé et aménagé cet endroit pour y vivre et accueillir d’autres personnes.

Quel fonctionnement avez-vous adopté ?

Il y a quelques règles de vie ici : Il faut qu’il ait toujours du monde dans le lieu. Les repas collectifs sont véganes pour respecter le régime alimentaire de chacunE. Le respect des personnes habitant le lieu (il n’y a pas d’activités le soir pour respecter le sommeil de chacunE). Le respect de toutes les personnes : les comportements racistes, homophobes, sexistes...ne sont pas acceptés.

Des assemblées générales ont lieu tous les 1er et 3ème dimanches du mois à 15h30. Elles sont ouvertes à toutes et à tous et sont décisionnelles. Cependant, le collectif d’habitantEs dispose d’un droit de veto, notamment à propos des activités qui sont proposées. Le collectif peut refuser des activités si elles posent problème pour la vie dans le lieu.

Nous parlions tout-à-l’heure de bases politiques, quelles sont-elles ?

L’idée c’est de ne pas demander quelque chose à la société mais de le prendre nous même.

On pourrait dire que nos bases sont proches des pratiques anarchistes. Nous essayons de mettre en pratique l’autogestion et de vivre le moins possible dans le système marchand.

Nous tentons aussi de mener des réflexions sur le genre, la hiérarchie, les prises de pouvoir, l’exploitation animale...

Comment vous organisez-vous pour la bouffe ?

Les bouffes collectives sont végétaliennes ou freeganes, c’est-à-dire que nous ne mangeons généralement pas de produits issus des animaux. Mais, il peut arriver que nous récupérions des oeufs ou du fromage et dans ce cas nous pouvons en manger puisque nous n’entrons alors pas dans le système marchand qui exploite les animaux.

Nous avons un système de rotation des taches qui permet à chacunE de préparer les repas.

Nous n’achetons pratiquement rien de ce que nous mangeons ; en fait, nous faisons de la récupération tous les jours, ou presque, sur un marché et une fois par semaine dans une boulangerie. C’est pour nous une façon de répondre à notre critique de la sur-consommation et de la sur-production.

Avec l’argent, comment cela se passe-t-il ?

C’est assez simple : nous avons peu de besoins puisque nous faisons de la récup pour la nourriture, les fringues, le mobilier...les frais qu’il reste à couvrir (électricité et internet) le sont grâce aux caisses de soutien qui sont dans le lieu (les gens y mettent ce qu’ils veulent, ils peuvent aussi ne rien y mettre) et à nos propres ressources.

Quelles activités ont lieu ici ?

Cet espace est ouvert aux envies des gens. Il s’y passe ce que les gens ont envie d’y faire. Pour l’instant il y a un atelier de réparation de vélos, un coin bricolage, un infokiosk, un freeshop (vêtements et jouets gratuits), une "zone" informatique qui fonctionne avec des logiciels libres et du matériel de récup. Nous avons aussi un espace pour des expos, des ateliers danse, jonglerie, self-défense. Certains de ces ateliers sont mixtes, d’autres pas. C’est pour nous, un moyen de répondre à nos interrogation sur le peu de femmes qui participent, en général, à ce genre d’expériences. D’autres projets sont en discussion.

Le principe d’échanges de savoirs et de savoirs-faire est important pour nous. Nous souhaitons mettre en place des échanges horizontaux entre les gens.

Quels sont vos projets pour la suite ?

Nous savons que nous sommes expulsables à partir du 28 mars prochain. Nous réfléchissons à ce que nous pourrions construire à long terme. Nous voulons créer des liens de solidarité avec des individuEs et d’autres collectifs.

Et certains d’entre nous ont des projets de lien entre la ville et la campagne. L’idée serait de faire vivre 2 lieux en même temps. Un lieu à la campagne permettrait de rechercher des moyens d’autosuffisance alimentaire, énergétique...et de créer des activités (cinéma ambulant...). Mais ce ne sont que des projets en discussion.


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