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AccueilJournalNuméros parus en 2004N°30 - Mai 2004 > Edito

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Edito



Avertissement : l’édito de ce mois-ci a été piraté par un groupe de plaisantins, et il a été impossible de changer intégralement le contenu du fichier sous peine de devoir payer de lourds subsides. Nous nous en excusons par avance à nos lecteurs et lectrices.


Nous nions toute responsabilité quand au contenu de ce texte.
L’équipe de rédaction du mensuel No Pasaran

Je marche seul !



"Comme un bateau dérive… sans but et sans mobile…"

Nous n’allons pas perdre notre temps et aller droit au but. En effet nous estimons que trop c’est trop, et donc qu’il est tant, franchement, d’être sérieux. Beaucoup de poids pèse sur nos épaules en effet. Comme disait récemment Jacques Chirac, la politique est trop importante pour être laissée à des amateurs et écrire un texte, qui plus est un édito, doit être confié à des gens compétents et sérieux, qui savent qu’un militant n’a pas que ça à foutre de lire les conneries des autres.
D’ailleurs écrire ne devrait être réservé qu’à des personnes diplômées : quelle arrogance de croire que l’on peut apporter quelque chose à autrui lorsqu’on n’a même pas son bac ou que l’on a passé l’essentiel de sa vie professionnelle à cirer les parquets ! Comment, par exemple, peut-on oser parler de travail et d’anticapitalisme si l’on a jamais lu Proudhon ou Marx ? Le milieu libertaire est rempli d’arnaqueurs pseudo intellectuels qui prétendent pouvoir, de leur vie de merde, tirer du subversif et du politique, et des torchons comme No Pasaran leur permettent même de s’exprimer. Redevenons sérieux deux minutes : aux gens cultivés la direction des opérations et les postes de cadre, aux manutentionnaires les banderoles à porter et les salles à nettoyer. Nous devons aller droit à l’efficacité.

Etre triste et aigri c’est respecter les autres et leur souffrance, exprimer une joie est insultant parce que pendant ce temps-là y’a des gens qui meurent. La tristesse est un puissant facteur de mobilisation qui a elle seule peut combattre la fatalité et mobiliser les foules. Ruminer son chagrin est le summum du respect que l’on peut apporter à autrui, alors qu’agir au lieu de gémir serait insultant : cela renverrait aux yeux des fatalistes leurs propre inaction, et les enfonceraient encore plus dans leur haine du politique.
Non, bien sûr que non : respecter les autres c’est faire comme eux, et surtout pas les choquer, ou pire, piquer leur fierté. Quelle prétention… C’est pour cela qu’il faut flatter les électeurs du Front national par exemple, et surtout les traaaavaaailleurheus, car sinon on va les vexer. Et comme ils comprennent pas tout, on ne peut pas avoir une relation d’égal à égal avec eux : ils ne faut surtout pas les engueuler ou les provoquer ! C’est ça respecter les autres : ne jamais être franc sur ce qu’on pense de leur conduite et de leur vote, mais leur dire qu’ils ont bin raison de le faire (de toute façon ils ne peuvent pas nous comprendre, ils sont trop bêtes, alors autant être patients avec eux). C’est comme ça qu’on bousculera les choses : à cette vitesse-là dans 150 ans ils auront enfin compris le nectar de notre science, qui enivrera leurs sens politiques et les feront bouger dans la voie unique. La nôtre.

Il faut également respecter les personnes qui choisissent de ne pas agir. Surtout ne jamais argumenter, ce qui serait autoritaire, ou proposer de participer à des organisations militantes, ce qui serait une démarche bureaucratique. D’ailleurs regardez ces militants, ces pauvres clowns et clones, ou clown-e-s dans leur jargon à la con, décérébrés. Ils se regroupent comme les adeptes d’une secte. Ils répètent tous ce que disent les uns et les autres. De vrais moutons.

Nous au moins on est des électrons libres : on va librement aux actions et aux manifestations des autres. Nous ne perdons pas de temps dans des réunions prises de têtes, où les autoritaires (tout le monde sauf nous) décident à notre place de ce qu’il faut faire. Ils ont même l’audace de faire des réunions ouvertes pour que chacun-e participe, mais les ruses de sioux ça ne prend pas avec nous. Un groupe ça noie l’individu et on perd beaucoup de temps à écouter les autres, qui ne nous laissent pas parler plus d’une heure à chaque fois.
Mais pour être libre, il faut parfois attendre des mois, que ces militants-feignasses daignent se bouger leur cul et nous appeler, car faire une manif ou une action à un ou deux on ne peut pas. Mais si les autres se bougeaient ça serait mieux, mais comme les autres ne se bougent pas nous on ne bouge pas.

En attendant il y a La Ferme à la télé, nous on ne s’emmerde pas !

J’m’en fout, j’m’en fout de touhout,

De ces chaînes qui pendent à nos cous…


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