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AccueilJournalNuméros parus en 2004N°34 - Novembre 2004 > Rencontre avec Islamav Sultan

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Rencontre avec Islamav Sultan



En Août dernier, se tenait à Douarnenez le festival du cinéma et des minorités, les invités d’honneurs, les Belgiques, mais aussi la Tchétchénie. Rencontre avec Islamav Sultan, acteur tchétchene, qui nous parle de son film, le prisonnier du Caucase, mais aussi de la situation politique dans son pays. L’interview a été fait fin Août, peut avant les élections .
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NP : Que fais-tu à Douarnenez ?
IS : Je suis venu au festival pour présenter le film dans lequel je joue. Au niveau du cinéma, il faut
savoir qu’il n’y a pratiquement pas de film sur la Tchéchénie, ils sont interdits. A l’époque soviétique, ils l’étaient déjà et il n’existe que quelques documentaires qui se font là bas. Les différents films qui sont diffusés sur le festival n’ont jamais pu être vus là bas. Et des films comme Elisso ou un nuage d’or passant dans la nuit qui montrent les relations des russes avec les tchétchénes et avec les petits peuples en général se retrouve sans vie. C’est une réelle relation d’oppression, et il a toujours été fait comme si les petits peuples n’existaient pas  : il a toujours été interdit de filmer les habitants et les traditions des peuples du Caucase.
NP : Et peux tu revenir sur la situation politique de la Tchétchénie...
IS : Aujourd’hui, la situation en
Tchétchénie est très difficile, très violente pour les gens. Personnellement, je rêve que les exilés tchétchènes puissent rentrer chez eux, en Tchétchénie et vivre là bas. Mais la réalité est tout autre, et elle est dure. En ce moment, il y a des élections, une campagne électorale anti démocratique, et la guerre continue. Et, une des conséquence de cette politique russe, c’est la monté de l’intégrisme musulman. Les deux dernières guerres ont fait beaucoup de morts, alors si certains ont pris les armes, d’autres ont refusé de répondre à la violence par la violence.
NP : Quelle position avoir face à la propagande de Poutine ?
IS : Il n’y a pas 1% de vérité dans les informations données par les médias russes, c’est de la propagande, de la propagande  ! Ils disent que la guerre est finie, que les élections sont démocratiques, mais pas un journaliste ou politique Tchétchène ne peut aujourd’hui s’exprimer sur une télévision russe ni même tchétchène. Et face à Poutine, il y a bien le comité des mères de soldats et les organisations de mères qui s’opposent à la guerre, mais pas un politique en Russie ne s’oppose publiquement à cette guerre.
NP : On va revenir sur le film dans lequel tu joues, pourquoi ce film s’est il construit, comment ?
IS : Konchalovsky (ndlr le réalisateur) vivait à Hollywood depuis longtemps. Il a vu a la télévision les images de la première guerre, c’était plus simple de filmer durant la première guerre, et c’est en voyant ces images depuis les USA que Konchalovsky a décidé de faire un film. Ensuite, grâce à une aide de la France, il a pu financer son film. Mais à sa sortie en Russie, le film a été très mal reçu sous prétexte qu’on pouvait montrer les ennemis tchétchenes comme des gens bien. Ensuite, le film a gagné le grand prix de Venise, et il a été diffusé à Moscou ce qui a provoqué un scandale, au bout d’un mois il a été retiré des salles. Et, alors qu’il devait être présenté la Russie au Oscars, la Russie a refusé. Mais bon, le film a continué de vivre, d’être diffusé différemment. Aujourd’hui, en France, par exemple, il n’existe que deux ou trois copies du film.

Interview réalisé par Rico (SCALP Brest) et la télévision associative Canal ti zef.
Traduction de Islamav Sultan par la réalisatrice Mylène Sauloy.


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