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Rencontre avec Islamav Sultan
En Août dernier, se tenait à
Douarnenez le festival du cinéma et des
minorités, les invités d’honneurs, les
Belgiques, mais aussi la Tchétchénie. Rencontre
avec Islamav Sultan, acteur tchétchene, qui nous parle
de son film, le prisonnier du Caucase, mais aussi de la
situation politique dans son pays. L’interview a
été fait fin Août, peut avant les
élections .
NP : Que fais-tu à
Douarnenez ?
IS : Je
suis venu au festival pour présenter le film
dans lequel je joue. Au niveau du cinéma, il
faut
savoir qu’il n’y a
pratiquement pas de film sur la
Tchéchénie, ils sont interdits. A
l’époque soviétique, ils
l’étaient déjà et il
n’existe que quelques documentaires qui se font
là bas. Les différents films qui sont
diffusés sur le festival n’ont jamais pu
être vus là bas. Et des films comme
Elisso ou un nuage d’or passant
dans la nuit qui montrent les relations des
russes avec les tchétchénes et avec les
petits peuples en général se retrouve
sans vie. C’est une réelle relation
d’oppression, et il a toujours été
fait comme si les petits peuples n’existaient pas
: il a toujours été interdit de filmer
les habitants et les traditions des peuples du Caucase.
NP : Et peux tu revenir sur la
situation politique de la Tchétchénie...
IS : Aujourd’hui,
la situation en
Tchétchénie est
très difficile, très violente pour les
gens. Personnellement, je rêve que les
exilés tchétchènes puissent
rentrer chez eux, en Tchétchénie et vivre
là bas. Mais la réalité est tout
autre, et elle est dure. En ce moment, il y a des
élections, une campagne électorale anti
démocratique, et la guerre continue. Et, une des
conséquence de cette politique russe,
c’est la monté de
l’intégrisme musulman. Les deux
dernières guerres ont fait beaucoup de morts,
alors si certains ont pris les armes, d’autres
ont refusé de répondre à la
violence par la violence.
NP : Quelle position avoir face
à la propagande de Poutine ?
IS : Il
n’y a pas 1% de vérité dans les
informations données par les médias
russes, c’est de la propagande, de la propagande
! Ils disent que la guerre est finie, que les
élections sont démocratiques, mais pas un
journaliste ou politique Tchétchène ne
peut aujourd’hui s’exprimer sur une
télévision russe ni même
tchétchène. Et face à Poutine, il
y a bien le comité des mères de soldats
et les organisations de mères qui
s’opposent à la guerre, mais pas un
politique en Russie ne s’oppose publiquement
à cette guerre.
NP : On va revenir sur le film
dans lequel tu joues, pourquoi ce film s’est il
construit, comment ?
IS : Konchalovsky
(ndlr le réalisateur) vivait à Hollywood
depuis longtemps. Il a vu a la télévision
les images de la première guerre,
c’était plus simple de filmer durant la
première guerre, et c’est en voyant ces
images depuis les USA que Konchalovsky a
décidé de faire un film. Ensuite,
grâce à une aide de la France, il a pu
financer son film. Mais à sa sortie en Russie,
le film a été très mal reçu
sous prétexte qu’on pouvait montrer les
ennemis tchétchenes comme des gens
bien. Ensuite, le film a gagné le grand prix de
Venise, et il a été diffusé
à Moscou ce qui a provoqué un scandale,
au bout d’un mois il a été
retiré des salles. Et, alors qu’il devait
être présenté la Russie au Oscars,
la Russie a refusé. Mais bon, le film a
continué de vivre, d’être
diffusé différemment. Aujourd’hui,
en France, par exemple, il n’existe que deux ou
trois copies du film.
Interview réalisé
par Rico (SCALP Brest) et la télévision
associative Canal ti zef.
Traduction de Islamav Sultan par
la réalisatrice Mylène Sauloy.
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