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L’anticapitalisme, c’est tous les jours !
Petite
contribution à la réflexion sur la
« simplicité volontaire « . Ou
plutôt un témoignage. Celui d’un
nouveau « militant « , d’une personne
ne vivant pas en marge mais qui ressent depuis quelque
temps comme une nécessité, une exigence
de vie et de liberté, d’agir en fonction
de la place qui est la sienne dans le monde, en rapport
avec sa personnalité, et non plus en contrainte
permanente par l’exigence d’un
système destructeur.
A cela, il découle une
pensée qui par sa portée peut permettre
justement de « donner de la consistance « ,
de l’existence, à chaque acte de la vie
quotidienne.
Cette pensée se heurte
à l’idée que se font - que je me
faisais - beaucoup d’individus quant à
l’acte de militer. Le militantisme étant
trop souvent perçu comme une simple contribution
et adhésion à une « idée
« pendant son « temps libre « pour la
construction hypothétique et toujours
repoussé d’un monde meilleur, plus juste
et je ne sais quoi encore... Et alors,
inévitablement, la vie quotidienne, tous les
moments passés à vivre au jour le jour
sont perçus comme des banalités sans
importance ou bien même nuisibles aux seules
périodes de la vie qui paraissent être
dignes : les moments de militance ! On s’accroche
bien souvent à des chimères et, en
vieillissant, on n’y croit de moins en moins ou
alors on finit par ne plus rêver qu’au
pouvoir car c’est en ce lieu finalement que
l’on croit pouvoir agir et viennent alors les
soumissions...
En fait, la décision
récente de devenir membre du réseau No
Pasaran se fait parallèlement et de façon
complémentaire à un besoin, une exigence
comme je le disais plus haut, de remettre en cause la
façon dont je considérais mon rapport au
monde. Il n’est en fait pas seulement question
d’adhérer à un vague projet de
société future mais bel et bien de
créer, ici et maintenant, les conditions, les
actes, permettant de s’intégrer davantage
à un désir universel de liberté.
Ne plus subir mais de plus en plus refuser et
résister.
Plus concrètement, il
s’agit de porter la résistance face au
système libéral dans un maximum
d’actes de la vie quotidienne. Des comportements
qui peuvent peut-être sembler banals pour
certains mais qui n’en sont pas moins à
mon sens d’une nécessité
impérieuse si l’on veut avoir une chance
de diffuser dans la société une certaine
subversion par rapport à la tendance de
l’évolution du capitalisme. Il n’est
pas forcément évident de remettre du jour
au lende
main une façon de vivre
mais il est possible de résister au quotidien
sans coup d’éclat et sans petite
révolution personnelle lorsque l’on a la
conscience du monde dans lequel on vit et que
l’on a le désir de participer à en
modifier le courant suicidaire.
C’est-à-dire aussi se sentir partie
intégrante du monde et en assumer en quelque
sorte la réalité et non plus
considérer ce monde comme une chose
extérieure à soi que l’on pourrait
modifier à sa guise en y imposant sa
vérité (racine de l’autoritarisme
et du pouvoir ?).
En pratique
Voici quelques actions
quotidiennes qu’il est possible de faire et
d’en diffuser la pratique pour beaucoup de gens
n’étant pas forcément militant ou
très engagés politiquement.
En tant que salarié dans
une petite boîte privée (j’y suis
dépanneur), j’ai décidé de
ne plus me préoccuper du système de
notation qui y a court et donc par-là de ne plus
toucher des primes incitant à bosser toujours
plus et à individualiser le travail. Il a donc
fallu aussi accepter de ne plus toucher
d’augmentations d’indices, celle-ci
étant fonction des résultats aux «
challenges « institués par les rapaces
pour augmenter leur sacro-sainte productivité.
Mais bon, je n’ai pas de bagnole neuve ni de
baraque à payer à crédit... En
refusant le « toujours plus » on se
libère du stress, on redécouvre certains
rapports avec les collègues et on
(ré)apprend à ne plus vivre dans un
état de dépendance vis-à-vis du
fric quand on a des envie jamais assouvis (courir
après le bonheur en consommant toujours plus).
Bosser moins vite, prendre son
temps, c’est aussi redécouvrir la vertu du
partage des tâches.
Mais prendre son temps, ça
vaut aussi sur la route (je me déplace en
clientèle). Et là aussi j’ai
franchement levé le pied, et de rouler vraiment
cool, ça permet d’éviter de devenir
hystérique sans bien souvent s’en rendre
compte. Mais bon, rien ne vaut la marche, ou le
vélo dont je redécouvre les vertus et les
plaisirs depuis peu.
J’évite autant que
possible les crédits, surtout à la
consommation (à bannir), en limitant ma
consommation à l’utile et en favorisant
l’achat d’occasions, les
réparations, les récups... les
économies dans le but d’un achat.
En ce qui concerne la bouffe, je
m’efforce de m’approvisionne en produits
locaux artisanaux, bio ou pas afin de participer le
moins possible à la gabegie productiviste dans
le monde agricole (on en connaît certaines
conséquences en Bretagne) et à
l’accroissement irresponsable des transports
surtout routiers. Il est vrai que ça coûte
plus cher, mais bon... il y a toujours le moyen de
grouper des achats (avec la
famille, les amis, voisins...) et
d’avoir accès à des produits
« éthiques « . C’est
d’ailleurs ce que je fais avec des produits du
commerce équitable et de la bière
artisanale et locale (notamment l’excellent
café Mut Vitz d’une coopérative
zapatiste du Chiapas). L’idée d’une
coopérative participative à
l’état embryonnaire germe petit à
petit...
Virer Microsoft de son micro et y
installer Linux, économiser au maximum les
énergies... je ne m’étendrais pas
sur toutes les petites choses qu’il est possible
de faire et que je m’efforce de pratiquer au
quotidien mais je finis cet article en insistant sur le
fait que le capitalisme n’est pas plus
extérieur à nous que le monde dont nous
ne sommes que des entités vivantes. Le monde est
un théâtre et nous oublions trop souvent
nos rôles d’acteurs. Le capitalisme
s’est immiscé dans nos têtes et nous
ne pourrons en venir à bout que si nous arrivons
à l’extraire de nos façons de vivre
et de penser, et de considérer autrement le
monde dans lequel nous évoluons.
Une action personnelle doit se
situer dans une démarche militante collective
afin de pouvoir véritablement atteindre une
portée subversive et déviante par rapport
au capitalisme et à l’individualisme
(exemples relatés dans le dossier n34 No
Pasaran) et ainsi promouvoir la solidarité et
l’échange. Et ça, c’est la
deuxième étape de mon parcours
« militant ».
Patrice (22)
Un hors série de Silence sur les SEL,
épuisé depuis quelques années, est en accès
diffusion libre sur le net :
http:
//www.selidaire.org/spip/artic...
Cet hors série très complet
détaille et analyse les différentes formes de SEL,
d’un point de vue social, humain, politique ou économique.
Une lecture franchement conseillée pour toutes et tous, qui fera
sans doute naître quelques envies.
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