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AccueilJournalNuméros parus en 2004N°35 - Décembre 2004 > L’anticapitalisme, c’est tous les jours !

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L’anticapitalisme, c’est tous les jours !



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Petite contribution à la réflexion sur la « simplicité volontaire « . Ou plutôt un témoignage. Celui d’un nouveau « militant « , d’une personne ne vivant pas en marge mais qui ressent depuis quelque temps comme une nécessité, une exigence de vie et de liberté, d’agir en fonction de la place qui est la sienne dans le monde, en rapport avec sa personnalité, et non plus en contrainte permanente par l’exigence d’un système destructeur.
A cela, il découle une pensée qui par sa portée peut permettre justement de « donner de la consistance « , de l’existence, à chaque acte de la vie quotidienne.
Cette pensée se heurte à l’idée que se font - que je me faisais - beaucoup d’individus quant à l’acte de militer. Le militantisme étant trop souvent perçu comme une simple contribution et adhésion à une « idée « pendant son « temps libre « pour la construction hypothétique et toujours repoussé d’un monde meilleur, plus juste et je ne sais quoi encore... Et alors, inévitablement, la vie quotidienne, tous les moments passés à vivre au jour le jour sont perçus comme des banalités sans importance ou bien même nuisibles aux seules périodes de la vie qui paraissent être dignes : les moments de militance ! On s’accroche bien souvent à des chimères et, en vieillissant, on n’y croit de moins en moins ou alors on finit par ne plus rêver qu’au pouvoir car c’est en ce lieu finalement que l’on croit pouvoir agir et viennent alors les soumissions...
En fait, la décision récente de devenir membre du réseau No Pasaran se fait parallèlement et de façon complémentaire à un besoin, une exigence comme je le disais plus haut, de remettre en cause la façon dont je considérais mon rapport au monde. Il n’est en fait pas seulement question d’adhérer à un vague projet de société future mais bel et bien de créer, ici et maintenant, les conditions, les actes, permettant de s’intégrer davantage à un désir universel de liberté. Ne plus subir mais de plus en plus refuser et résister.
Plus concrètement, il s’agit de porter la résistance face au système libéral dans un maximum d’actes de la vie quotidienne. Des comportements qui peuvent peut-être sembler banals pour certains mais qui n’en sont pas moins à mon sens d’une nécessité impérieuse si l’on veut avoir une chance de diffuser dans la société une certaine subversion par rapport à la tendance de l’évolution du capitalisme. Il n’est pas forcément évident de remettre du jour au lende
main une façon de vivre mais il est possible de résister au quotidien sans coup d’éclat et sans petite révolution personnelle lorsque l’on a la conscience du monde dans lequel on vit et que l’on a le désir de participer à en modifier le courant suicidaire. C’est-à-dire aussi se sentir partie intégrante du monde et en assumer en quelque sorte la réalité et non plus considérer ce monde comme une chose extérieure à soi que l’on pourrait modifier à sa guise en y imposant sa vérité (racine de l’autoritarisme et du pouvoir ?).

En pratique

Voici quelques actions quotidiennes qu’il est possible de faire et d’en diffuser la pratique pour beaucoup de gens n’étant pas forcément militant ou très engagés politiquement.
En tant que salarié dans une petite boîte privée (j’y suis dépanneur), j’ai décidé de ne plus me préoccuper du système de notation qui y a court et donc par-là de ne plus toucher des primes incitant à bosser toujours plus et à individualiser le travail. Il a donc fallu aussi accepter de ne plus toucher d’augmentations d’indices, celle-ci étant fonction des résultats aux «  challenges « institués par les rapaces pour augmenter leur sacro-sainte productivité. Mais bon, je n’ai pas de bagnole neuve ni de baraque à payer à crédit... En refusant le « toujours plus » on se libère du stress, on redécouvre certains rapports avec les collègues et on (ré)apprend à ne plus vivre dans un état de dépendance vis-à-vis du fric quand on a des envie jamais assouvis (courir après le bonheur en consommant toujours plus).
Bosser moins vite, prendre son temps, c’est aussi redécouvrir la vertu du partage des tâches.
Mais prendre son temps, ça vaut aussi sur la route (je me déplace en clientèle). Et là aussi j’ai franchement levé le pied, et de rouler vraiment cool, ça permet d’éviter de devenir hystérique sans bien souvent s’en rendre compte. Mais bon, rien ne vaut la marche, ou le vélo dont je redécouvre les vertus et les plaisirs depuis peu.
J’évite autant que possible les crédits, surtout à la consommation (à bannir), en limitant ma consommation à l’utile et en favorisant l’achat d’occasions, les réparations, les récups... les économies dans le but d’un achat.
En ce qui concerne la bouffe, je m’efforce de m’approvisionne en produits locaux artisanaux, bio ou pas afin de participer le moins possible à la gabegie productiviste dans le monde agricole (on en connaît certaines conséquences en Bretagne) et à l’accroissement irresponsable des transports surtout routiers. Il est vrai que ça coûte plus cher, mais bon... il y a toujours le moyen de grouper des achats (avec la
famille, les amis, voisins...) et d’avoir accès à des produits « éthiques « . C’est d’ailleurs ce que je fais avec des produits du commerce équitable et de la bière artisanale et locale (notamment l’excellent café Mut Vitz d’une coopérative zapatiste du Chiapas). L’idée d’une coopérative participative à l’état embryonnaire germe petit à petit...
Virer Microsoft de son micro et y installer Linux, économiser au maximum les énergies... je ne m’étendrais pas sur toutes les petites choses qu’il est possible de faire et que je m’efforce de pratiquer au quotidien mais je finis cet article en insistant sur le fait que le capitalisme n’est pas plus extérieur à nous que le monde dont nous ne sommes que des entités vivantes. Le monde est un théâtre et nous oublions trop souvent nos rôles d’acteurs. Le capitalisme s’est immiscé dans nos têtes et nous ne pourrons en venir à bout que si nous arrivons à l’extraire de nos façons de vivre et de penser, et de considérer autrement le monde dans lequel nous évoluons.
Une action personnelle doit se situer dans une démarche militante collective afin de pouvoir véritablement atteindre une portée subversive et déviante par rapport au capitalisme et à l’individualisme (exemples relatés dans le dossier n34 No Pasaran) et ainsi promouvoir la solidarité et l’échange. Et ça, c’est la deuxième étape de mon parcours « militant ».
Patrice (22)
Un hors série de Silence sur les SEL, épuisé depuis quelques années, est en accès diffusion libre sur le net :
Cet hors série très complet détaille et analyse les différentes formes de SEL, d’un point de vue social, humain, politique ou économique. Une lecture franchement conseillée pour toutes et tous, qui fera sans doute naître quelques envies.


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