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AccueilJournalNuméros parus en 2004N°35 - Décembre 2004 > Trois films qui cernent les Etats-Unis

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Trois films qui cernent les Etats-Unis




Ces films sont sortis en 2003 ou 2004 présentent trois visages des States, confrontés au reste du monde. Les critiques sont assez dithyrambiques, mais on s’est focalisé sur ce qu’on aimait plutôt que sur ce qu’on n’aimait pas.

Mondovino
La première partie de ce film m’a plutôt ennuyé. Il aborde la guerre entre les producteurs de vin, sur trois zones politiques : Europe, Etats-unis, Amérique Latine. Le problème c’est qu’on apprend pas grand-chose : les américains sont plus doués pour la commercialisation, et l’achat de l’avis des critiques, OK. Certains français et italiens essaient de résister d’autres se convertissent, aidés par un nologue commercial requin aux dents qui rayent les fûts de chaîne. Ouais, faut bien cristalliser l’antipathie du spectateur sur quelque chose, classique
Et le petit producteur du Brésil indien montre son hectare couvert de vigne, c’est triste, etc. Même si l’on avait pas le détail des opérations concernant la guerre du vin, pas grand-chose de neuf sous le soleil, un peu la guerre entre la vieille génération capitaliste pépère et les nouveaux capitalistes du fût tendu
Mais il fallait juste du temps au réalisateur : la seconde partie présente en fait le véritable sujet du film, dualité entre ceux qui inscrivent leur production viticole dans une histoire, comme le vieux vigneron bourguignon bougon qui fait exprès de produire un vin qui doit mettre dix ans avant d’être bon, et les californiens qui produisent un rouge adapté au goût des critiques.
Ceux avec une histoire contre ceux sans histoire, le film acquiert une nouvelle dimension qui dépasse la guerre commerciale pour rentre dans une guerre du sens de la production, de la consommation. Une guerre ontologique ?
Le réalisateur évite le piège de toute vision simpliste et anti-américaine, et montre dans de courts passages marquants que les salariés viticoles américains sont mieux traités, payés et considérés que les français, par exemple.
Un documentaire exigeant, beaucoup plus dérangeant que son sujet laisse supposer.
2003 documentaire franco-américain réalisé par Jonathan Nossiter.

Dogville
Juste un mot pour dire que ce film de Lars von Trier est sorti en DVD. Une jeune femme errante arrive dans un village américain perdu dans la cambrousse. Celui-ci mettra du temps pour l’accepter, avant de la rejeter car elle n’est pas du pays. Jusqu’à la libération de cette femme. Un très beau film avec une intrigue voltigeuse et surprenante, un bon jeu d’acteurs et une réalisation déroutante : le film a été réalisé dans un hangar, sans décors si ce n’est quelques meubles et accessoires ainsi que des marques au sol marquant l’emplacement des maisons. Une fois habitué-e-s à la mise en scène vous serez sans aucun doute surpris par Dogville : même s’il cherche avant tout à divertir, et le réussit très bien à en croire la réaction de mon voisin cinéphile quasi-blasé, il aborde d’une manière originale et très psychologique le thème de l’exclusion et de la cruauté des communautés repliées. Celles-là même qui ont voté Bush ?
2003 - Coproduction internationale réalisé par Lars von Triers Avec Nicole Kidman, Paul Bettany

Mean Creek
Un ado mal à l’aise dans sa peau, Georges, passe à tabac dans une court de récré le jeune Sam qui vient de jouer avec sa caméra. Son frère et ses compagnons plus âgés décident de le venger de Georges en l’emmenant, avec Sam et sa petite amie, à Mean Creek, un pic rocheux, via une rivière. Ils ont prévu de jeter l’ado violent à l’eau mais changent d’avis en se rendant compte que Sam est un gars paumé qui ne sait pas trop ce qu’il fait. Jusqu’au drame
Mean Creek dispose d’une intrigue limpide, ce qui ne veut pas dire mauvaise, mais la réalisation et le jeu expressif et intense des jeunes acteurs, rompus à l’exercice théâtral pour la plupart, le rendent passionnant du début à la fin. Ce film montre sans fard commercial ni complaisance une certaine adolescence des années 2000, dans une société étasunienne en perdition sociale et aux forts clivages culturels : des sujets comme l’homophobie et l’antisémitisme sont abordés sans gants de velours.
Un film de résistance à la monoculture hollywoodienne, mais un film qui raconte avant tout une histoire sensée, touchante, voire belle grâce aux relations fortes et complexes entre les personnages, et le rythme syncopé, alternant le traînant et le rapide, en synchronisation avec les phases successives d’ennui et d’ivresse romantique propres à l’adolescence

2004 étasunien réalisé par Aaron Estes.
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