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Trois films qui cernent les Etats-Unis
Ces films sont sortis en 2003 ou 2004
présentent trois visages des States, confrontés
au reste du monde. Les critiques sont assez dithyrambiques,
mais on s’est focalisé sur ce qu’on aimait
plutôt que sur ce qu’on n’aimait pas.
Mondovino
La première partie de ce film m’a
plutôt ennuyé. Il aborde la guerre entre les
producteurs de vin, sur trois zones politiques : Europe,
Etats-unis, Amérique Latine. Le problème c’est
qu’on apprend pas grand-chose : les américains sont plus
doués pour la commercialisation, et l’achat de l’avis
des critiques, OK. Certains français et italiens
essaient de résister d’autres se convertissent,
aidés par un nologue commercial requin aux dents
qui rayent les fûts de chaîne. Ouais, faut bien
cristalliser l’antipathie du spectateur sur quelque chose,
classique
Et le petit producteur du Brésil
indien montre son hectare couvert de vigne, c’est triste, etc.
Même si l’on avait pas le détail des
opérations concernant la guerre du
vin, pas grand-chose de neuf sous le soleil, un peu la
guerre entre la vieille génération capitaliste
pépère et les nouveaux capitalistes du fût
tendu
Mais il fallait juste du temps au
réalisateur : la seconde partie présente en fait
le véritable sujet du film, dualité entre ceux
qui inscrivent leur production viticole dans une histoire,
comme le vieux vigneron bourguignon bougon qui fait
exprès de produire un vin qui doit mettre dix ans avant
d’être bon, et les californiens qui produisent un rouge
adapté au goût des critiques.
Ceux avec une histoire contre ceux sans
histoire, le film acquiert une nouvelle dimension qui
dépasse la guerre commerciale pour rentre dans une
guerre du sens de la production, de la consommation. Une guerre
ontologique ?
Le réalisateur évite le
piège de toute vision simpliste et
anti-américaine, et montre dans de courts passages
marquants que les salariés viticoles américains
sont mieux traités, payés et
considérés que les français, par exemple.
Un documentaire exigeant, beaucoup plus
dérangeant que son sujet laisse supposer.
2003 documentaire
franco-américain réalisé par
Jonathan Nossiter.
Dogville
Juste un mot pour dire que ce film de
Lars von Trier est sorti en DVD. Une jeune femme errante arrive
dans un village américain perdu dans la cambrousse.
Celui-ci mettra du temps pour l’accepter, avant de la rejeter
car elle n’est pas du pays. Jusqu’à la libération
de cette femme. Un très beau film avec une intrigue
voltigeuse et surprenante, un bon jeu d’acteurs et une
réalisation déroutante : le film a
été réalisé dans un hangar, sans
décors si ce n’est quelques meubles et accessoires ainsi
que des marques au sol marquant l’emplacement des maisons.
Une fois habitué-e-s à la mise en
scène vous serez sans aucun doute surpris par Dogville :
même s’il cherche avant tout à divertir, et le
réussit très bien à en croire la
réaction de mon voisin cinéphile
quasi-blasé, il aborde d’une manière originale et
très psychologique le thème de
l’exclusion et de la cruauté des communautés
repliées. Celles-là même qui ont
voté Bush ?
2003 - Coproduction internationale
réalisé par Lars von Triers Avec
Nicole Kidman, Paul Bettany
Mean Creek
Un ado mal à l’aise dans sa peau,
Georges, passe à tabac dans une court de
récré le jeune Sam qui vient de jouer avec sa
caméra. Son frère et ses compagnons plus
âgés décident de le venger de Georges en
l’emmenant, avec Sam et sa petite amie, à Mean Creek, un
pic rocheux, via une rivière. Ils ont prévu de
jeter l’ado violent à l’eau mais changent d’avis en se
rendant compte que Sam est un gars paumé qui ne sait pas
trop ce qu’il fait. Jusqu’au drame
Mean Creek dispose d’une intrigue
limpide, ce qui ne veut pas dire mauvaise, mais la
réalisation et le jeu expressif et intense des jeunes
acteurs, rompus à l’exercice théâtral pour
la plupart, le rendent passionnant du début à la
fin. Ce film montre sans fard commercial ni complaisance une
certaine adolescence des années 2000, dans une
société étasunienne en perdition sociale
et aux forts clivages culturels : des sujets comme l’homophobie
et l’antisémitisme sont abordés sans gants de
velours.
Un film de résistance à la
monoculture hollywoodienne, mais un film qui raconte avant tout
une histoire sensée, touchante, voire belle grâce
aux relations fortes et complexes entre les personnages, et le
rythme syncopé, alternant le traînant et le
rapide, en synchronisation avec les phases successives d’ennui
et d’ivresse romantique propres à l’adolescence
2004 étasunien
réalisé par Aaron Estes.
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