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AccueilJournalNuméros parus en 2004N°35 - Décembre 2004 > Rassemblement royaliste le 11 novembre 2004 à Nîmes

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Rassemblement royaliste le 11 novembre 2004 à Nîmes



Décidément les cimetières nîmois sont de plus en plus mal fréquentés les 11 Novembre. Après les Identitaires (ex-Unité Radicale) et la revue Montségur qui organisent un rassemblement chaque année sur la tombe de Louis Rossel au cimetière protestant, c’était au tour cette année de l’Action Française. En effet, ces derniers organisaient dans la matinée une cérémonie au monument aux morts de l’Action Française (AF) de la guerre 14-18, dans le cimetière Saint-Baudile, suivi d’un repas dans un grand restaurant nîmois habitué à recevoir l’extrême droite.
Ce monument, récemment restauré par Souvenir français grâce à une souscription financière, comporte une stèle où il est écrit Aux jeunes nîmois d’Action Française qui chrétiennement sont morts pour la patrie suivi d’une liste de 46 noms. Cette journée n’a rassemblé que quelques militants, assez âgés pour la plupart d’entre eux. Il faut dire que la présence royaliste à Nîmes est quasiment inexistante, car à part quelques messes pour la commémoration de la mort de Louis XVI où une lecture du testament du souverain , roi martyr et meilleurs des rois est faite, il est bien rare de les voir publiquement. Et d’ailleurs si certaines messes en souvenir de Louis XVI se disent apolitiques , il nous semble important de
rappeler que le président de l’Association pour la commémoration de la mort du roi Louis XVI qui organise ces messes n’est autre que Pierre Bréban, responsable locale de l’Action Française.
Quant au SCALP- No Pasaran Nîmes, nous n’avons pas cherché à empêcher ce rassemblement car, après tout, si ces royalistes se rassemblent dans un cimetière c’est que c’est bien là que sont, et doivent rester, leurs idées. Mais nous resterons vigilants, et offensifs si nécessaire, pour que leurs idées ne puissent en aucun cas se propager. En effet, derrière le folklore royaliste de l’Action Française se retrouvent des militants qui défendent des idées purement réactionnaires : pour un nationalisme français et catholique, contre la laïcité, contre l’avortement, contre l’émancipation des femmes, contre l’homosexualité, , etc. C’est ainsi que dans un éditorial du journal Action Française daté du 04/11/2004, Pierre Pujo (directeur du journal) et qui était présent à Nîmes, défendait les propos sexistes et homophobes de M. Buttiglione (1).
De plus, il nous paraît important de ne pas oublier le lourd passé raciste et antisémite de l’Action Française, notamment au travers de l’une de leur référence : Charles Maurras. Car si l’Action Française se rassemble pour ses jeunes qui chrétiennement sont
morts pour la patrie lors de la guerre 14-18, il lui serait bien difficile d’en faire autant pour ceux de 39-45. Même si certains, par anti-germanisme primaire, furent emprisonnés par les nazis, beaucoup de ses militants choisirent le camp du Maréchal Pétain et eurent une influence notable dans la politique du régime de Vichy, avant d’être emprisonnés à la libération. Ainsi Charles Maurras, en rendant hommage à Pétain en février 1941, parlait de divine surprise ; en retour le maréchal lui dédicaçait la même année ses Paroles aux Français, au plus français des français . Quant à René Gillouin, membre de l’AF et conseiller de Pétain, il défendra ce régime en voulant un Etat qui bannit en son sein, ou dépouille de toute influence dirigeante, les individus ou les groupes qui, pour des raisons de race ou de conviction, ne peuvent ou veulent souscrire au primat de la patrie française : étrangers, juifs, franc-maçons, communistes, internationalistes de toute origine et de toute obédience . C’est justement ce qu’appliquera Xavier Vallat, membre de l’AF et premier commissaire aux Questions juives sous le régime de Vichy (2), qui après une condamnation pour cela à la Libération deviendra plus tard directeur de publication du journal Aspects de la France (redevenue Action Française en 1993) et donc prédécesseur de Pierre
Pujo.
Enfin, nous n’oublierons pas que c’est dans notre ville, qui a vu naître Bernard Lazare, avocat de Dreyfus, juif et anarchiste, que des royalistes se sont attaqués à sa personne avant de s’en prendre à sa statue, suite à une campagne antisémite acharnée de l’Action Française. En effet, B. Lazare est mort en 1903 mais après la réhabilitation de Dreyfus, un buste de celui-ci était inauguré au Jardin de la Fontaine à Nîmes en octobre 1908. L’Action Française mena une campagne contre la statue infâme , statue de fumier et organisera une manifestation le jour de l’inauguration du buste. C’est ainsi que le 14 juillet 1909, un ou des royalistes cassaient à coups de marteau le nez de B. Lazare pour l’offrir à Charles Maurras, comme presse-papier. L’Action Française assurera l’anonyme patriote qui a effectué ce geste de son admiration profonde et de sa gratitude patriotique .
En 2005, cela fera 140 ans que B. Lazare est né à Nîmes ; nous ne laisserons pas ces royalistes, les antisémites, les racistes et autres réacs de tous poils pollués notre ville avec leurs idées dépassées !

Germaine Berton (Scalp Nîmes)

(1) Rappelons les propos de M.  Buttiglione, ce philosophe catholique ultra conservateur qui a renoncé au portefeuille de commissaire européen pour la Justice, la Liberté et la Sécurité : l’homosexualité est un pêché et la famille existe pour permettre à la femme d’avoir des enfants et un mari qui la protège .
(2) Dans le gouvernement de Vichy, X. Vallat est d’abord secrétaire général aux anciens combattants, avant de prendre, fin mars 1941, la tête du Commissariat général aux questions juives nouvellement créé. C’est donc lui qui développe la politique antisémite de Vichy : le second statut des juifs et leur recensement (2 juin 1941) et la loi du 22 juillet 1941 qui organise l’aryanisation des biens juifs , c’est-à-dire leur spoliation. Condamné à dix ans d’emprisonnement et à l’indignité nationale à vie en 1947, Vallat est libéré en décembre 1949, amnistié en 1954.


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