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Mon corps est un champ de bataille, éditions ma colère,
Témoignages, récits de
femmes sur la violence des modèles genrés sur le
corps individuel.
Essai de Carla Rice, traduit de
l’anglais par Fabienne Meunier et Myriam Battarel.
Ce court ouvrage réunit le texte
de Carla Rice et des récits de femmes, dans un format
encore assez proche de l’ancienne brochure (qui portait
le même titre et contenait le seul texte de Carla Rice).
Ca fait un peu version classe pour Noël
(même si c’est publié depuis octobre 2004),
vendu quand même 10 euros d’un texte bien connu et
diffusé à prix libre sur de nombreuses tables de
presses et dans de nombreux squats.
Mais bon, le texte est
intéressant, la mise en page agréable et de
chouettes photos et repros de peintures illustrent les textes.
Dans la première moitié du
livre, on trouve différents témoignages de femmes
jeunes ou moins jeunes, hétéros ou lesbiennes,
sur la difformité attribuée à son propre
corps, le rejet social de la non conformité à un
modèle physique, ainsi que la question du poil sur le
corps féminin. Ces textes sont assez poignants, et
rendent bien compte de la difficulté de se construire
comme individu libre face au canons du genre, on pourrait dire
face à la prison du genre. Le récit individuel ne
sert pas une forme de facilité narcissique ou de
plainte. Ces femmes qui écrivent sont là pour
mettre en avant la logique d’un processus social, celui
qui les a détruit dans la formation de leur
personnalité, de l’acceptation d’elles
mêmes ou simplement dans la possibilité
d’avoir une vie sociale non humiliante.
Certes, les textes se présentent
comme une affirmation de la violence du genre ( mon corps
est un champ de bataille ) plus que l’affirmation
d’un acquis ( mon corps m appartient
). Mais au vu des différents récits et du
texte de Carla Rice, on comprend aisément ce parti pris.
L’optimisme de l’acquis est vite
tempéré (c’est le moins qu’on puisse
dire) par le rappel de la violence physique et psychologique
que le genre exerce toujours si fortement sur les individuEs.
Et puis, ce livre nous rappelle
qu’une réflexion sur les violences de la
construction de la féminité commence le plus
souvent par un retour sur soi, une attention à la
souffrance formulée comme une injustice. De la violence
dont on ne doit surtout pas se sentir coupable :
l’anti-patriarcat est un refus de la culpabilité
mais aussi de la victimisation. D’ailleurs, pour
introduire son propos, Carla Rice commence par narrer une
sensation personnelle de mal être par rapport à
son corps. L’analyse trouve son impulsion dans le
vécu individuel.
Le but de cet ouvrage est
d’affirmer que les violences du genre ne sont pas
isolées, réductibles à une minorité
de dépressives , mais qu’au
contraire, la parole individuelle est la première
contestation d’un phénomène social,
construit et maintenu dans la société pour
perpétuer une certaine forme de domination, celle des
individus homme sur les individus femme
.
Le texte de Carla Rice complète
cette première thèse en démontrant combien
la question de l’affaiblissement du corps féminin
est un enjeu politique. Elle insiste sur la multiplication
à notre époque des symptômes de cette
domination, justifiant à un autre niveau le titre de
l’ouvrage.
Kanine
Les hommes aussi s’en souviennent
Simone Veil
Ce livre donne une vision assez
complète de l’histoire officielle de l’avortement. On y
trouve le discours présenté le 26 novembre 1974
à l’assemblée nationale par Simone Veil, un
entretien entre elle et une journaliste du Monde, et une
chronologie allant du Moyen-ge à 2004. La fin de
l’entretien explique le titre du livre puisque Simone Veil
raconte qu’un homme lui a dit un jour : On parle
toujours de votre loi pour les femmes. Mais ne vous y trompez
pas : pour les hommes aussi ce fut un sacré
progrès ! Un livre facile et utile à lire,
historique dans le sens où il n’apprend rien de vraiment
nouveau.
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