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QUEER vous avez dit QUEER ?

Queer ça veut dire « bizarre » en anglais : petit à petit c’est devenu une insulte homophobe, un peu comme pédé en français. On vous propose un dossier sur le queer, mais par où commencer ? Peut-être en disant que nous avons beaucoup été inspirées dernièrement par les idées et pratiques queer qui se manifestent un peu partout. Effectivement, le féminisme tel qu’on l’a connu se trouve profondément ébranlé par les idées et pratiques queer, et on a trouvé que ces bouleversements valaient le détour. Il faut prendre ce dossier comme une p’tite présentation de ce qui nous a touchées et marquées. Il s’agit d’abord de parler des brèches qu’ont pu ouvrir les réflexions et pratiques transpédégouines.

On voulait poser quelques débats : le queer c’est pas un dogme, d’ailleurs au Réseau No Pasasaran on n’a pas de position précise. On ne demande pas aux gens de tout abandonner dans la manière dont ils/elles s’identifient. Encore une fois, on cherche juste à poser un débat sur les questions de genre et de sexualités puisqu’on trouve intéressant de se demander malgré tout, en tombant du lit le matin, qu’est-ce qui fait de nous un homme ou une femme ? Et pourquoi devons-nous être l’un ou l’autre ? Il s’agit donc de remettre en cause la naturalité des identités. Pour le queer, l’identité féministe a sans doute naturalisé le genre, c’est-à-dire qu’elle a renforcé la notion selon laquelle les femmes seraient différentes des hommes sans prendre en compte les différences à l’intérieur de la catégorie « femme » elle-même.

Déconstruisons le genre !

N’avez-vous pas entendu dernièrement ces gardiens des frontières hommes/femmes tels qu’Élisabeth Badinter ou Éric Zemmour ? Tandis qu’elle estime dans Fausse Route que finalement l’oppression des genres n’existerait plus et que, actuellement, l’on (les méchantes féministes) entraverait l’homme dans son identité masculine, Éric Zemmour, lui, s’émeut de la féminisation des hommes dans son dernier livre intitulé Le Premier Sexe qui cherche à rétablir un peu de virilité dans ce monde efféminé. Bah, voui, c’est à pleurer, même David Beckham, king du football, porte des boucles d’oreille ! Vous vous rendez compte de l’apocalypse que ça représente ! Plus sérieusement, le discours entièrement décomplexé et réactionnaire de Zemmour a de quoi inquiéter. Résolument sexiste et profondément homophobe, Éric Zemmour, reporter au Figaro et journaliste à Marianne, se fait le défenseur d’une politique plus dure et de la masculinité perdue de la nation toute entière.
Tandis que ces défenseurs des frontières homme/femme sont des différentialistes essentialistes, qui prétendent qu’être une femme ou être un homme relève de la biologie, les « constructivistes » mettent en avant la construction sociale à l’œuvre dans la constitution des femmes et des hommes, telle Simone de Beauvoir disant dans Le Deuxieme Sexe (1949) « On ne naît pas femme, on le devient ! » C’est dans cette mouvance que se situe le Réseau No Pasaran : il s’agit de dire qu’il n’y a rien de biologique ou naturel dans la féminité ou la masculinité, le genre n’étant nullement lié au sexe. Il n’y a aucun rapport direct dans le duo sexe/genre, qu’il faut déconnecter.

Et puis le queer est arrivé et a tout bouleversé !

De manière schématique, ce sont à peu près ces idées qui différencient les essentialistes des constructivistes. Et c’est là qu’intervient le queer : il reproche aux féministes d’avoir eu une posture essentialiste même si elles se pensaient dans une démarche constructiviste. Pour le queer, le féminisme a plutôt rebiologisé le genre au lieu d’ébranler le système binaire du patriarcat (homme/femme, hétéro/homo). En somme, le queer reproche au féminisme de ne pas se demander pourquoi nous devrions être un homme OU une femme. La politique queer intervient dans un effort de dénaturalisation et d’affirmation d’un mouvement « post-identitaire » (au-delà des identités biologisantes), dans la production d’identités et de cultures nouvelles. Queer signifie chambouler les identités, admettre qu’elles ne sont pas figées et qu’elles ne déterminent pas qui nous sommes. Au fond, il devient désuet de parler de « femmes » ou de tout autre groupe. Les identités sont fondées sur une multitude d’éléments différents et l’on ne peut plus s’assurer que des gens se retrouvent collectivement seulement sur la base d’une même caractéristique.
Cette vision critique des politiques identitaires figées se veut un appel à une politique de coalition. Je vous renvoie à l’émission de radio Bistouri Oui-Oui ! où il est question d’une rencontre entre Existrans (organisation des marches trans) et les Furieuses Fallopes (groupe de femmes et de lesbiennes non-mixte) [1] ou bien encore au travail qu’entreprennent les Panthères roses (groupe de pédégouines enragéEs contre l’ordre moral et sécuritaire) en termes de lutte contre l’universalisme républicain avec les Indigènes de la Républiques et le Collectif féministe pour l’Égalité (auquel appartient Christine Delphy) issu d’une École pour Tous et Toutes constitué au moment de la loi excluant les filles voilées de l’école en 2004. En français d’ailleurs, on utilise plus aisément l’expression transpédégouines que queer pour noter une forme d’alliance et de confusion des genres et des sexualités.

Et le sexe dans tout ça ?

Avec le genre, la sexualité compose un des thèmes principaux de la théorie queer, et comprend la recherche sur la prostitution, la pornographie et le non-dit de la sexualité entre autres. Le queer problématise et repolitise le corps qui est lui même l’enjeu d’un système disciplinaire. Quelque part, il s’agit aussi de débiologiser le sexe en tant que tel. On parle également de post-porno pour critiquer, déconstruire et dénaturaliser la pornographie moderne. Des artifices, qui peuvent tout aussi bien faire l’affaire (gode ou opérations), demandent de considérer le sexe de manière non-biologique et de reconsidérer la naturalité du corps.
Allez, bonne lecture !! On a pris beaucoup de plaisir à coordonner ce dossier, alors on espère que vous en prendrez autant à le lire.

Les coordinatrices : Fab et Puck
Des commentaires, questions, critiques ? 
Ecrire à : puck@no-log.org

On souhaite remercier particulièrement Raph pour son aide précieuse.


Introduction

Le queer : vers une révolution des politiques des identités sexuelles et du genre

Selon Elsa Dorlin (prof de philo à Paris I), pour retrouver la généalogie du queer, il faut commencer par chercher dans les quartiers populaires blacks et latinos de New York dans les années 1970 où se développaient les ballrooms. Ces ballrooms permettaient à chacunE de défiler, de se travestir le long d’un podium lors de compétition, afin d’y pratiquer différentes « masculinités » et « féminités ». Ces ballrooms étaient de véritables performances du genre et du drag (...)[Lire...]


Genre et sexualité

Le genre permet de distinguer le sexe biologique des constructions sociales. Ce sont toutes les constructions sociales autour du féminin et du masculin. Si le sexe se réfère à l’anatomie d’une personne, le genre se réfère au « sexe social ». Dans l’optique du genre, les choses les plus personnelles, et par là les plus particulières, comme les affaires de cuisine ou de chambre à coucher, mettent en jeu des problèmes fondamentaux touchant aux rapports de pouvoir, et sont (...)[Lire...]


Intersexe

Une personne intersexuée présente une morphologie sexuelle extérieure et/ou interne qui appartient aux deux sexes officiels. (un clit’ trop grand par exemple ou une bite trop petite, pour être crue). Les anciens mots utilisés étaient hermaphrodisme, pseudo-hermaphrodisme, androgynisme, etc. Il existe une grande variabilité de cas d’intersexuation. C’est pourquoi le terme intersexué convient mieux car il concerne toutes les variations. L’intersexuation n’est pas (...)[Lire...]


Nouvelle

A mutant female

Texte extrait de mutant at work #2 / le zine « caca rose ». Pour recevoir le/les numéros de ce queerzine, il faut écrire à : queerzine@no-log.org, (zine prix libre) Fille, j’suis une fille ou du moins c’est ce qu’on m’a dit, on m’a collé un joli F au cul et sur mon acte de naissance, c’est sûr, on a maté mon sexe à la maternité, un petit coup d’œil rapide et c’est parti pour toute une vie ki disent. Ça a l’air con comme ça, on mate (...)[Lire...]


Témoignage

Transphobes, lesbophobes, homophobes, sexistes, je vous hais !

« En juillet 1996 les activistes [trans] projetèrent de manifester à l’occasion du rassemblement annuel de l’American Psychological Association à Chicago. Une fois encore, ils pensaient attirer l’attention sur la dysphorie ; l’APA était alors accusée de pathophilie du genre (besoin ou désir anormal de pathologiser tout comportement de genre qui rend l’individu mal à l’aise). Un porte parole anonyme de Transsexuel Menace a été cité qui disait : “ Oui (...)[Lire...]


Revendications

Contre la psychiatrisation des transsexueLLEs

La transsexualité relève de l’identité de genre ; elle implique le souhait de corriger son corps qui ne correspond pas à l’identité de genre par laquelle il se définit (female to male, F to M, ou male to female, M to F). Une personne transsexuelle a la nécessité de vivre dans l’identité qu’elle revendique, ce qui implique la plupart du temps une hormonothérapie et des interventions chirurgicales. Pour cette dernière, la modification de l’état civil est (...)[Lire...]


Réflexion

L’avenir du genre et du transgenre

A quoi ressemblerait-il de marcher dans la rue, d’aller au travail ou à une soirée, et d’admettre que le genre des gens que vous rencontrez n’est pas la première chose dont vous pouvez être certain à leur sujet ? Quelle conséquence cela aurait-il sur la façon de les aborder ? Ou sur leur façon de vous aborder ? Et si le genre n’était plus la marque de privilège, de certains traits de caractères, ou de rôles dans la famille ? Si le genre était un fétiche sexuel ou (...)[Lire...]


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