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>N°61 - Septembre 2007
> Permanence des ressources et revenu garanti - Partager et transmettre
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Permanence des ressources et revenu garanti - Partager et transmettre« Il ne s’agit pas de craindre ou d’espérer, mais de chercher des nouvelles armes »... Deleuze a exprimé ce bon sens matérialiste : n’existe que ce qui est produit, n’est trouvé que ce qui est cherché. Evident à la lecture... mais pour l’appliquer c’est une autre paire de manche. Au lieu de déprimer ou d’attendre la venue du paradis rouge & noir sur terre, cette vérité est toujours bonne à rappeler : la balle est dans chaque camp, dans le vôtre comme dans le nôtre. Nous avons, chacun et chacune, des marges de libertés, des responsabilités dans ce que nous vivons. C’est nous qui décidons d’une partie de ce qui se produit, voir de beaucoup de choses, dans les situations que nous vivons, à chaque intersection, AG, journée, luttes, soirées, textes. Ne le répétez pas, c’est un secret, mais nous sommes plus forts que le capitalisme. Il faut que ce système déploie des milliards d’heures de travail cumulées et des milliards de brouzoufes en investissement pour capter l’attention du chaland et vendre sa camelote. Pour nous il suffit d’un instant, d’une mobilisation intense ou intime, pour changer chaque situation que l’on vit. Et multiplier ses effets par la socialisation d’une partie de nos territoires, c’est à dire : le collectif. Encore faut-il le vouloir. Nous sommes toutes et tous des mages maladroits ; avec nos vies bien territorialisées, nos habitudes militantes dans nos petits milieux. Allons nous en déborder ? Allons nous réinvestir l’espace public, travailler collectivement sur des projets, sur la mémoire militante, sur des propositions concrètes et lisibles ? Allons-nous mieux coopérer dans nos collectifs et réseaux ? En un mot, allons nous être moins cons ? Osons le dire : nous perdons beaucoup de temps dans des interrogations et des conflits stériles, alors qu’une vie, c’est court, et que nous ferions mieux d’être constructif pour avoir un minimum de choses à regretter en fin de parcours. C’est chacun d’entre nous qui le décidons, soit tourner en rond pendant des années, soit faire l’effort du collectif et de la convergence des luttes. Pour pouvoir accumuler du profit, le capitalisme a besoin de nouveauté et de l’oubli de l’ancien. Pour le contrer nous devons donner ce qu’il ne pourra jamais vendre : c’est à dire un sens à nos vies et nos luttes. Ce sens existe, il s’agit de l’extraire et de le rendre lisible. C’est, en partie, l’objet de ce dossier. La permanence des ressources se décline ainsi sur trois axes : développer et porter des revendications sociales contre le capitalisme, tel que le revenu garanti et la gratuité des services, qui fasse accepter l’idée d’une déconnexion entre les revenus et l’emploi. Ce dossier détaille ces revendications. rendre lisible des ressources qui existent déjà et dont nous avons peu, ou pas, conscience, ou qui ne sont pas utilisées ou efficientes. Pour se faire, nous étudierons les raisons de ce blocage via la lecture d’une théorie des territoires qui est propre aux militants de No Pacharan. socialiser nos ressources c’est à dire renforcer nos collectifs avec ce que Marx appeler le general intellect. Que personne ne s’y trompe. Nous ne proposons pas le partage de la misère. Ni le remplacement de l’Etat Providence par des bricolages autogérés qui nécessitent dix fois plus de travail. La permanence des ressources est un mouvement vers le partage des richesses et la socialisation d’une partie de la production, des services publics. C’est un enjeu majeur. Les capitalistes et leurs caniches médiatiques peuvent raconter tous les bobards qu’ils veulent, restent une réalité incontournable : les richesses financières et la propriété privée (vivant, terres, services, biens matériels) se concentrent chaque année un peu plus dans les mains d’une oligarchie et les écarts de richesses n’ont jamais été aussi élevés, à l’échelle de l’humanité, que maintenant. C’est une problématique contemporaine, et
non pas une « vieillerie » contrairement à ce
qu’affirment des officines libérales en pointe
dans le démontage des positions des altermondialistes : nous serons bientôt 7 milliards et nous devrons coexister sur
cette planète. Le bilan de Tony Blair, en Grande Bretagne, c’est 6 millions
d’enfants vivant sous le seuil de pauvreté, bravo le « miracle libéral » tant
acclamé par les médias... des capitalistes ! Nous sommes des militants
anticapitalistes et anti-autoritaristes, et chaque jour qui passe nous NO PASARAN n°61 - sept. 2007
DOSSIER : LA PERMANENCE DES RESSOURCES
Énoncer un principe : que tout le monde ait accès aux
ressources nécessaires pour vivre : un logement
de qualité, l’accès effectif au soin, une nourriture de qualité, l’accès
aux « fluides » (énergies et communications), à l’éducation et la culture...
Partant de ce principe, le collectif, le réseau qui se construit sur ces
bases de solidarités choisit les moyens d’actions. Mais, restriction des
moyens aidant, il s’agit bel et bien d’investir l’espace public à un moment
donné, pour porter des revendications. Seulement, encore faut-il démontrer,
pour rassurer, pour convaincre, qu’on peut s’organiser autrement
nous-mêmes sur les bases d’une coopération égalitaire et d’une démocratie
directe (prise des décisions collective). En d’autres termes, la permanence
des ressources propose une dynamique qui peut permettre de
lier les îles qui s’ignorent trop souvent dans le mouvement social : écologistes,
syndicalistes, militants radicaux, humanitaires... Sans cette
preuve par le fait, nous doutons fort que la population soit intéressée
parce que nous proposons, ou alors ils iront voter mais rien après. On vit
dans une époque très rationnelle, souvent au ras-des-pâquerettes, où il
faut tout démontrer. On peut le regretter mais c’est comme ça, parfois il
faut s’adapter pour pouvoir changer les choses.
Permanence des ressources
et mouvement des précaires
La permanence des ressources nécessite que les personnes et collectifs
bougent, afin qu’ils se fabriquent une permanence des ressources
qui ait une portée collective, et pas seulement de débrouillardise individuelle.
A Paris, on appelait ça des militants « sac à dos ». C’est à dire que
ce sont des personnes qui le matin, s’organisent collectivement pour aller
récupérer de la bouffe dans un marché, l’après-midi, qui demandent des
aides sociales d’urgence en occupant une administration (CCAS) et qui
le soir font une auto-réduction pour aller au cinéma ou qui vont voir des
travailleurs précaires qui occupent un mac do. Evidemment, c’est un
exemple extrême, dans une grande ville, pour des personnes à la fois
militantes et très précaires au niveau des ressources. La permanence ne
nécessite pas autant de dépenses d’énergies ; elle peut s’alterner avec
des périodes de salariat ou de repos, etc. Mais l’idée est là :
ne plus attendre que la gauche soit la gauche, ni rien des
élections, mais prendre nous mêmes nos affaire en main
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Permanence des ressourcesLORS DE LA DISCUSSION PRELIMINAIRE A L’ELABORATION...Note de l’extracteur / rédacteurLors de la discussion préliminaire à l’élaboration du dossier, certains militants du réseau No Pasaran ont demandé que les exemples soient nombreux dans le texte, ceci afin d’en éclaircir les propos. Faisant appel à des notions comme le collectif, la mémoire, la question des territoires ou parfois la biologie, la permanence ne peut pas toujours être claire : on ne sait pas jusqu’où peut aller un collectif, pour paraphraser Spinoza, dans le sens où ses interactions sont (...)[Lire...] Permanence des ressourcesLA PRODUCTION SOCIALE AU-DELA DE L’EMPLOIL’un des principaux axes de la permanence des ressources, tout comme du revenu garanti, c’est la déconnexion entre les ressources et l’emploi. C’est à dire que tout le monde doit avoir de quoi vivre correctement, sur tous les plans, avec ou sans emploi salarié. Et que ce droit est inaliénable, non soumis à l’arbitraire d’un Etat, ce qui suppose d’autres organisations sociales pour remplacer ce même Etat. C’est donc une rupture, vers une autre (...)[Lire...] Permanence des ressourcesLA FIN SE DÉDUIT DES MOYENSDans le raisonnement politique classique, on pose une revendication sur la table, puis on attend que les gens viennent. Cela ne marche plus, il faut changer d’optique. La permanence des ressources pose la question de l’organisation de la collectivité mais tente également de montrer en pratique les autres façons de s’organiser. Il s’agit d’un mouvement qui combine des solidarités actives et de nouvelles modalités organisationnelles avec des revendications dans (...)[Lire...] Permanence des ressourcesLA POSITION POLITIQUE PREMIERELe mouvement alternatif et radical a besoin d’une méthode non-excluante et évolutive pour dégager des priorités. Qu’on le veuille ou non, des problématiques s’imposent à nous (mondialisation, précarité, individualisme...). Comment y répondre ? Sans doute est-il nécessaire de se pencher sur des fondamentaux, une position politique première de laquelle se déduit, en grande partie, nos prises de positions. Des pistes : comment lier la liberté et l’égalité dans des (...)[Lire...] Permanence des ressourcesENJEUX DU DISCERNEMENT DE LA PRODUCTION SOCIALE1- montrer que l’activité humaine déborde largement de l’emploi : nous ne travaillons pas uniquement pendant notre éventuel travail salarié. 2- montrer que lors de l’occupation de notre emploi, nous devons travailler plus que ce qui est prescrit pour bien faire notre travail : un ouvrier ne se contente pas de répéter des gestes ; un prof de donner un cours magistral en répondant à quelques questions. D’autres liens et d’autres activités se jouent (organiser (...)[Lire...] Permanence des ressourcesBREVE ANALYSE DU CONTEXTE ACTUELDans le magma relativiste ambiant, essayons de rendre lisibles quelques structures : * mondialisation : concurrence en flux tendu. Les entreprises et les investisseurs cherchent le moindre coût dans ce qui peut être réduit selon eux : les économies d’échelles (regrouper une production du même type > concentration et licenciements) et la baisse des salaires vers le « minimum possible » dans chaque pays. La phase actuelle implique aussi des transferts de technologie, par exemple dans (...)[Lire...] Permanence des ressourcesCOOPERATION ET INTELLIGENCE COLLECTIVELa permanence des ressources implique de dépasser le strict cadre individuel pour socialiser une partie de nos territoires, physiques et psychiques, afin de continuer notamment l’activité politique ou de mieux vivre. L’objectif de cet article est de tenter des trouver des solutions pour rendre les réseaux et collectifs plus efficaces. L’intérêt individuel qui prime sur le bien commun, voilà bien l’une des caractéristiques majeures de l’idéologie libérale. (...)[Lire...] Permanence des ressourcesL’EXIGENCE POLITIQUESi ce dossier fait le pari de l’optimisme et de l’offensive sociale (et libertaire, arf’) nous ne leurrons pas : il y encore très loin de la coupe aux lèvres. Les initiatives « écologiques » et culturelles sont souvent assez nombreuses, notamment dans les régions rurales ou semi-rurales, par contre on peut dire qu’au niveau de la conflictualité c’est en marais basse. Si des mouvements comme RESF et Don Quichotte défendent les sans papiers, les sans domicile, on (...)[Lire...] Permanence des ressourcesENTRETIEN AVEC JOSYTémoignageJosy a participé à un collectif autonome de précaires en Corrèze, qui a été actif pendant et après le mouvement des chômeurs de l’hiver 1998. Au-delà de la question « échec ou réussite », cette lutte a-t-elle développé une forme de permanence des ressources ? No Pasaran : Peux-tu nous résumer ta vision et ta participation au mouvement des chômeurs ? Josy : Il fallait regrouper nos énergies pour contrer ce gouvernement (celui de Jospin) qui ne faisait rien pour les chômeurs et les (...)[Lire...] Permanence des ressourcesNOUVEAU MODELE D’INDEMNIASATION DES INTERMITENTSAfin de remplacer la réforme calamiteuse des annexes 8 et 10 de l’assurance chômage, assurant leur indemnisation, un collectif d’intermittents et précaire en lutte (CIP-IDF) a élaboré un texte alternatif, proposant une indemnité tous qui ne soit pas inférieure au SMIC pour chacun. Ce projet a été discuté au sein d’une commission de l’Assemblée nationale sans pouvoir néanmoins être mise à l’ordre du jour en séance plénière de cette même assemblée. Mais la lutte (...)[Lire...] Permanence des ressourcesLES REVENDICATIONS SOCIALES : REVENU GARANTI ET GRATUITÉVoilà deux textes présentant des revendications sociales : le premier, sur le revenu garanti, est de Toni Negri (extrait de Exil, 1999, éd. Mille et une nuits), le second, sur la gratuité, est anonyme, issu de collectifs belges. À noter que ces revendications ont été déclinées de multiples façons par des acteurs sociaux ou théoriciens. Ainsi le revenu garanti s’appelle également « salaire garanti », « dividende social », « revenu d’existence », etc. Un dossier complet ne (...)[Lire...] Permanence des ressourcesCOMMENT LA DROITE UTILISE LE CONCEPT DE REVENU GARANTIParu dans l’hebdomadaire conservateur allemand de référence Die Zeit le 12 avril de cette année, un dossier se penchait sur l’idée, un peu folle selon eux, d’un revenu de base, consenti par l’État à tous les citoyens, quel que soit leur âge, et non soumis à condition. En voici un extrait, édifiant. « Gotha, Hotel Lindenhof. La fondation Konrad-Adenauer reçoit. Thème du débat : « Le salaire solidaire citoyen », présenté par le ministre-président Althaus [1]. Le (...)[Lire...] Permanence des ressourcesMODALITES D’APPLICATION COLLECTIVESPour appliquer une permanence des ressources, nous avons besoin d’une carte élusive, c’est à dire qui ne soit pas forcément complète mais qui liste un minimum de ressources locales. Le paradoxe étant que les ressources existent, que ce soit des connaissances, des savoir-faire ou de la communication mais qu’elles ne sont pas ou trop peu efficientes. Des listes des ressources et motivations de son collectif Que sait faire et que veux faire chaque acteur d’un (...)[Lire...] Permanence des ressourcesWE JUST NEED ANOTHER METHOD ?Il est beaucoup question de méthode dans ce dossier. La vie dépasse toujours la planification la mieux huilée par contre on a plutôt tendance à tomber dans l’excès inverse, le chaos total, comme si toutes les abeilles de la ruche étaient atteintes de la maladie de Parkinson... Sans doute faut-il un échafaudage minimum et donc une méthode, une mise à plat. Deux pistes : lister les initiatives locales, ce qu’elles font... évaluer en nombre d’heures ce que votre éventuel (...)[Lire...] Permanence des ressourcesLA PERMANENCE DE VOS RESSOURCESSalariat, jeux, sport, télé « réalité », rapports interindividuels... On vit dans une société essentiellement basée sur la compétition entre individus. Il s’agit de se tailler un territoire malgré tout, et de le faire fructifier, en attendant la mort. Le dispositif pavillonnaire agit ainsi comme un puissant aimant : l’accès à la propriété individuelle puis l’entretien du cocon est une activité prégnante, le problème étant que les chenilles deviennent rarement papillons. (...)[Lire...] Permanence des ressourcesBIBLIOGRAPHIE (TRES) SELECTIVESur le revenu garanti, le travail et les processus de production : • André Gorz, La métamorphose du travail, Folio essai • Y. Moulier-Boutang, Le capitalisme cognitif, Ed Amsterdam • Toni Negri, Marx au-delà de Marx, Ed L’Harmattant • Hardt et Negri, Empire, Ed. 10/18 • André Gorz, L’immatériel, connaissance, valeur et capital, éd. Galilée • la revue Multitudes tourne beaucoup autour des questions de production et de revenu garanti. Les (...)[Lire...] Permanence des ressourcesCRÉDITSExtraction, rédaction : Raphaël Discussions préalables et apports : Corinne, Isa, Philippe, Raphaël et SB. Pour la permanence des ressources : les mêmes, Laurent, Jeanne, Eric, la commission alternative du réseau notamment Xavier,Thierry et Pierre. Merci à Gisèle, Lionel T., Nicolas et Bastien, sans vos pratiques la permanence ne serait pas la même.[Lire...] |
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