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Les espaces non-mixtes en question

La non-mixité, quesako ?

Définition la plus évidente : une séparation des individus selon leur sexe biologique. Phallus d’un côté, vagin de l’autre. Mais c’est aussi une inclusion, selon le genre, le sexe social et socialement construit : la non-mixité ne désigne plus alors seulement le rassemblement d’individus ayant le même sexe, mais aussi le même genre. Hommes ou femmes, plus que mâles ou femelles.
L’hypothèse de départ, présent par exemple dans le féminisme des années 1970, était d’affirmer que sexe et genre se recouvraient, que tous les individus ayant le même sexe avaient de fait une expérience sociale similaire, des points communs – y compris au-delà des frontières de classe, grille de lecture du social quasi hégémonique auparavant.
La non-mixité était donc la réplique, dans le champ des rapports sociaux de sexe, de l’autonomie ouvrière dans les rapports de production : un moyen pour les opprimés, en l’occurrence les femmes, de prendre conscience de leur unité et de développer une lutte politique selon des moyens et pour des finalités qui leur soit propres. La lutte des femmes, par les femmes, pour les femmes.
Mais la non-mixité, moyen de remise en cause des rapports sociaux de sexe, est aujourd’hui confrontée à des défis nouveaux, issus de la montée en force des réflexions autour de la notion de « genre ».
En premier lieu, les mouvements homosexuels se forment à partir non du sexe biologique de ses membres, mais de leur rapport à la sexualité. L’oppression, dans leur cas, ne provient pas tant du sexe que d’une sexualité niée par la société car ne correspondant pas aux genres préformés qui, homme ou femme, incluent la norme de l’hétérosexualité. Ils remettent de fait en question l’hypothèse fondamentale du féminisme, le recouvrement du sexe par le genre, du biologique par le social. Il s’agit moins de revendiquer l’égalité des genres que leur éclatement, au nom de la liberté individuelle – non plus la lutte pour les femmes, mais contre les catégories d’homme et de femme, dans la mesure au moins où elles intègrent un impératif de sexualité « normale ». Un brouillage des frontières que renforce encore le phénomène de la transsexualité : si l’on peut sans conteste placer les individus qui y participent dans le camp des opprimés puisque niés par la normalisation sociale, il est plus difficile de les intégrer au cadre conceptuel présidant classiquement aux luttes féministes, et encore plus au phénomène non-mixte. Les trans doivent-ils être définis par rapport à leur sexe d’origine, ou par celui qu’ils ont choisi ? Par exemple, un individu né homme et devenu femme, est-il réellement similaire aux autres femmes, ou reste-t-il, de par sa construction masculinisante, un homme ? Là encore, l’assimilation sexe/genre est remise en question. Les catégories explosent, pour le plus grand bien de la liberté individuelle, mais complexifient également les schémas des luttes.
Enfin, s’est développée, de façon limitée mais réelle, une prise de conscience par les hommes de leur position dominante vis-à-vis des femmes au sein du milieu militant – et, surtout, la volonté de combattre cette domination. Quelle attitude adopter vis-à-vis de ces hommes qui, bien qu’objectivement oppresseurs puisque socialement construits comme tels, se veulent pourtant subjectivement des alliés ? La pratique de la non-mixité est d’ailleurs reprise par les hommes, groupes de prise de conscience et de réflexion se posant la question centrale : comment s’intégrer à la lutte contre l’oppression des femmes ? Remise en question spontanée à partir d’une auto-analyse de la condition masculine, soutien aux luttes féministes qui servent d’analyseurs de la domination ? Surtout, ces groupes d’hommes, eux aussi, remettent habituellement en question non seulement la domination masculine, mais aussi la construction des genres elle-même – qu’ils perçoivent comme la source première de la domination, non seulement des hommes sur les femmes, mais plus généralement d’une société normalisatrice sur tous les individus.
Les luttes autour des rapports de et au sexe évoluent et se démultiplient. A la lutte des femmes se sont jointe celles des homosexuels, des transexuels, de certains hommes qui refusent leur position. Comment intégrer la logique binaire de la non-mixité à cette complexité croissante ?


Non-mixité, mon amour

Il s’agit ici de réfléchir sur la non-mixité des sexes. Rappelons que l’on pourrait décider d’autres critères de non-mixité comme par exemple fumeurs /non fumeur, végétariens /omnivores... La non-mixité apparaît comme une interdiction pour certains groupes définis de se mélanger à un moment précis dans un lieu donné. D’aucun diront que c’est une pratique arbitraire et ségrégationniste. D’autres y voient le possible milieu d’une utopie à vivre. Avant (...)[Lire...]


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La non-mixité n’est pas un phénomène nouveau. Dans les années 60/70, des groupes de femmes se réunissaient déjà. Voilà ce que deux d’entre elles en disent. No Pasaran : Pouvez-vous vous présenter ? Hélène : Je suis la fille d’un chiffonnier, l’aînée de cinq enfants. J’ai eu mon certificat d’étude à la sauvette à 13 ans en 1943. J’ai été d’abord couturière. Je suis maintenant chanteuse. J’ai été mariée et j’ai eu deux enfants. (...)[Lire...]


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Japon : un métro nommé non mixité

Au pays des jardins zen, du soleil levant et de la bombe atomique, fleurissent d’étranges choses (hormis les gâteaux aux haricots rouges et au thé vert)...Après les grèves où on continue de travailler, la création des love-hotel, les espaces fumeur en pleine rue, voici une merveilleuse innovation en matière de transports en commun. Si au détour d’une station de métro vous croisez une bonbonnière rose fluo accrochée aux autres wagons, ne pensez pas avoir consommé trop (...)[Lire...]


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