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> Janvier-Février 2009 Numéro 72
> Défendons ce que les rentiers appellent le "piratage"
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Défendons ce que les rentiers appellent le "piratage"En réaction à la loi discutée au Sénat contre le « piratage »il nous semble bon de rappeler que la Culture n’est pas à vendre. Cette loi prévoit une riposte graduée envers les internautes « pirates »... à cela, nous opposons le principe de « gratuité », ce mot étrange que la société de consommation voudraient nous faire oublier... !
La gratuité, c’est la mise à disposition d’un bien de manière égalitaire, sans appréciation du mérite mesuré par l’argent. Doit-on mériter de pouvoir se nourrir, boire, se loger ou se soigner ? Certes, c’est pourtant déjà bien souvent le cas... La culture doit-elle être considérée comme un luxe ? Pour Freud, par exemple, elle est le principal rempart à la guerre : « Tout ce qui promeut le déve - loppement culturel oeuvre du même coup contre la guerre », écrit-il. Victor Hugo, quant à lui, dans son Discours d’ouverture du congrès littéraire international de 1878 défend la priorité de l’intérêt général sur l’intérêt particulier : « Le livre, comme livre, appartient à l’auteur, mais comme pensée, il appartient - le mot n’est pas trop vaste - au genre humain. Toutes les intelligences y ont droit. Si l’un des deux droits, le droit de l’écrivain et le droit de l’esprit devait être sacrifié, ce serait, certes, le droit de l’écrivain, car l’intérêt public est notre préoccupation unique, et tous, je le déclare, doivent passer avant nous ». Citons pour finir, Thomas Jefferson qui précise sans ambiguïté que « Les oeuvres de l’esprit sont la chose la moins suscep - tible d’un droit de propriété ». Et pourtant, ce sont bien ces « oeuvres de l’esprit » que les commerçants voudraient sertir derrière un Droit à la Propriété Individuelle pour garantir leurs intérêts... on voit bien où nous mène leur volonté de brevetage du vivant, dans le domaine de la médecine, notamment, lorsque les laboratoires pharmaceutiques attaquent les fabricants de médicaments génériques... Parce qu’on oublie trop souvent que le marketing est au service de l’industrie, ou tout au moins des actionnaires, et non de la musique, du cinéma ou des autres « produits » culturels. Il s’appuie sur l’étude des comportements d’achats, de fréquentation, sur des courbes et des tableurs dessinant des statistiques sophistiquées, établies à partir de la surveillance vigilante des comportements de la clientèle (par traçabilité, grâce aux cartes de fidélité, aux cookies sur Internet et autres espions électroniques...). Tout cela débouche sur des « plans médias », c’està- dire, un ciblage très précis non-seulement du consommateur, mais également des vecteurs médiatiques (journaux et magazines, télé, radio, web...), comprenant le moment de la journée (à la minute près !) et la fréquence à laquelle seront diffusés les spots faisant la promotion de tel ou tel produit. Au vu des sommes engagées dans les campagnes publicitaires, et surtout des recettes générée par le marché du « divertissement » (24 milliards de $ pour l’industrie musicale en 2006), l’industrie n’a pas tardé à fabriquer ses propres « vedettes » (cf. « Comment le colonel Parker a géré la carrière d’Elvis », dans les années 1960*)... sans que cela n’ait encore jamais atteint les proportions que l’on connaît aujourd’hui, depuis qu’en 2003, TF1, Universal et NRJ se sont associés pour lancer la 1ère version de la Star Academy : des « artistes » sur mesure chantant un catalogue de chansons dont les droits d’auteur sont déjà rentabilisés (vous aviez bien remarqué que ce sont toujours les mêmes titres qu’on entend... !). La musique se vend comme le savon à barbe, disait Léo Ferré... Soyons sérieux, en imposant leur critères économiques et en excluant toute production non-formatée à leurs exigences de rentabilité, les industriels du spectacle ont fait un bien plus grand mal à toute la création artistique que le téléchargement sur Internet ! Il est donc grand temps de rappeler avec force cette formule de Proudhon « La propriété, c’est le vol », ...et même le meurtre, pourraiton ajouter avec Tolstoï : « Admettre la propriété, c’est admettre la violence et le meurtre ». Il n’est que de se rappeler cette réalité odieuse que répète sans cesse Jean Zigler, Rapporteur spécial du Conseil des Droits de l’Homme aux Nations Unies sur le Droit à l’Alimentation : « Toutes les cinq secondes, un enfant de moins de dix ans meurt de faim ou de ses suites immédiates. Plus de 6 millions en 2007. Toutes les quatre minutes, quelqu’un perd la vue à cause du manque de vitamines A. Ce sont 854 millions d’êtres humains qui sont gravement sous-alimentés, mutilés par la faim en permanence. Cela se passe sur une planète qui regorge de richesses. [...] Au stade du développement actuel de ses forces de production agricoles, la planète pourrait nourrir sans problème 12 milliards de nos semblables, soit le double de l’actuelle population mondiale - nourrir normalement veut dire procurer à chaque individu adulte, chaque jour, 2 700 calories (FAO, L’état de l’insécurité alimentaire dans le monde, Rome, 2006 ). Conclusion : ce massacre quotidien par la faim n’obéit à aucune fatalité. Derrière chaque victime, il y a un assassin. L’actuel ordre du monde n’est pas seulement meurtrier. Il est aussi absurde. Le massacre a bien lieu dans une normalité glacée ». La normalité glacée du droit à la propriété privée... je possède ce dont tu meurs de ne pas avoir. Ne nous trompons donc pas de combat, ce n’est pas contre le téléchargement libre qu’il faut lutter, mais bien contre cet ordre mondial cynique et ces produits marketings que les marchands tentent de faire passer pour la Culture ! ★ Combo Quilombo |
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