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AccueilJournalNuméros parus en 2005N°44 - Novembre 2005 > Ceuta et Melilla...

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Édito

Ceuta et Melilla...



Il y a encore peu de temps, ces noms n’évoquaient pas grand-chose dans nos cervelles. Simplement des noms à consonance hispanique : de chouettes cités balnéaires sur la Costa Brava peut-être ? Maintenant la donne est toute autre... Quatorze migrants abattus comme des chiens aux portes de l’Europe, des centaines d’autres blessés par les barbelés, ratonnés " grâce " à la collaboration des polices espagnole et marocaines, un car bondé dont on va abandonner les occupants en plein désert, d’autres cars remplis à la manière des bétaillères et prêts à partir vers des destinations inconnues.

Et ensuite le sale discours des politiques relayés par des media dénués de tout esprit critique. Une sarabande répétée jusqu’à en vomir. Ces évènements nous sont présentés sans aucune mise en perspective. C’était comme si des centaines d’africains s’étaient donnés rendez-vous pour tenter une espèce d’invasion de l’Europe, les barbares sont de retours à nos frontières... Pas un journaliste pour rappeler que depuis 10 ans des milliers de migrants sont morts en tentant de pénétrer dans la forteresse Europe, noyés dans le détroit de Gibraltar ou au large des côtes du sud de l’Italie... Et puis pourquoi cherchent-ils à venir chez nous ceux-là ? Qu’est-ce qui les pousse à quitter leur pays ? Que peut-on faire pour améliorer leur sort ? C’est triste ces gens qui se blessent sur les barbelés en tentant de franchir la frontière... Dans un accès d’humanisme pourquoi ne pas augmenter la hauteur des barrières ?

Enfin... Tout ça c’est loin d’ici, ça révolte cinq minutes mais après tout qu’est-ce qu’on y peut ? Et pendant ce temps là, le gouvernement expulse à tours de bras, les rafles se multiplient dans les quartiers populaires, les flics débarquent dans les écoles chercher les gamins qui vont servir d’appâts pour attirer les parents... Et ça se passe " chez nous ", au pied de l’immeuble, dans le village d’à-côté...

Ce sont les mêmes mécanismes qui sont en action sur les frontières et dans nos beaux pays. Tout n’est qu’une question de gradation. Ici, le pouvoir agit en expulsant d’une manière plus " humaine " (hum...), protégé par un mince vernis démocratique, là-bas les flics ont les coudées plus franches et peuvent s’en donner à cœur joie sans retenir leur violence et leur haine. Mais c’est le même système d’apartheid social qui prévaut. Les pauvres ne sont qu’une force de travail dont on dispose à l’envi et qu’on peut jeter sans regret. Les pauvres doivent, quel que soit l’endroit ou ils vivent, être fliqués, parqués, maîtrisés !

Plus que jamais la solidarité est une arme : lutter ici est une nécessité pour ceux et celle qui luttent là-bas ! Solidarités sans frontières !

Xavier


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