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A bas toutes les tyrannies !


Communiqué du groupe Action Populaire - Besançon.


Trois semaines après les attentats du 13 novembre à Paris, l’émotion et la colère sont encore présentes dans tous les esprits. Émotion pour les 129 personnes innocentes tombées cette nuit-là, pour leurs familles, leurs proches, pour les blessés ; et colère face à cette tragédie horrible, colère contre les méprisables assassins qui ont répandu la mort dans la capitale. Les barbares de Daesh, bandes de pillards et de violeurs qui se font passer pour des combattants, sont désormais les ennemis mortels aux yeux de la population française. Partout, le même cri s’élève : "Il faut détruire Daesh !". Et nos chers gouvernants, ceux-là même qui la veille du drame craignaient encore de se faire chasser de leurs palais par le peuple en colère, viennent maintenant jouer les guerriers et promettent de châtier les terroristes en bombardant la Syrie et l’Irak.

Nous l’avons dit et nous le redisons encore : que ce soit au nom de nos valeurs ou celui des victimes, nous n’aurons de cesse de combattre le fanatisme du prétendu État Islamique-qui, soit-dit en passant, n’a d’islamique que le nom- et son idéologie obscurantiste, réactionnaire, et dont la victoire signifierait la mort et l’esclavage pour des millions de personnes.

Oui, il faut détruire Daesh. Mais comment, et à quel prix ? Sur ces deux questions, nous ne pouvons qu’affirmer notre opposition totale avec les actions du gouvernement français.

Depuis quatre ans que le peuple syrien subit la répression aveugle du régime de Bachar Al-Assad, aucune des grandes puissances n’a levé le petit doigt pour soutenir les forces d’opposition démocratiques qui luttent contre la dictature ; les occidentaux, France et États-Unis en tête, se sont inclinés devant le bourreau de Damas, le même qui assistait aux défilés du 14 juillet en compagnie de Nicolas Sarkozy, tandis que russes et chinois le protégeaient de leur influence diplomatique tout en lui vendant les armes dont il se sert pour massacrer sa population. Malgré les beaux discours humanistes, chaque pays se demande comment tirer profit de la tragédie syrienne, et comment assurer leurs intérêts géopolitiques.

Cette passivité criminelle de la communauté internationale a facilité l’émergence des mouvances salafistes qui formeront en 2013 l’État Islamique en Syrie et en Irak, sous l’égide du calife autoproclamé Abu Bakr Al-Baghdadi. Il ne faut pas non plus oublier que c’est le chaos engendré par l’invasion américaine de l’Irak qui a poussé ces groupes terroristes à se radicaliser et à vouloir prendre le contrôle de la région. N’oublions également pas que ce sont les puissances occidentales qui ont soutenu les moudjahidin d’Oussama Ben Laden pour contrer les soviétiques pendant la guerre d’Afghanistan, et qui plus tard resteront sourds aux tristement prophétiques mises en garde d’Ahmed Massoud, qui annonçait deux jours avant les attentats du 11 septembre 2001.

Mais l’Amérique est loin d’être la seule à serrer les mains ensanglantées des terroristes : les égorgeurs de Raqqa peut en effet compter sur des amis précieux, à savoir l’Arabie saoudite, le Qatar et la Turquie. Cette dernière, écrasée sous la botte du dictateur Erdogan, s’est placée du côté des islamistes en faisant la guerre au peuple Kurde, qui mène à la fois une guerre héroïque contre Daesh et une véritable révolution sociale et populaire en instaurant le Confédéralisme démocratique dans les territoires libérés. Quand aux monarchies du Golfe persique, que Manuel Valls considère comme des « partenaires » et des « alliés », et à qui la France vendait encore très récemment ses Rafales, elles ont un double lien avec le terrorisme djihadiste international : un lien idéologique, et un lien financier (voir la tribune de Kamel Daoud publiée dans le New York Times).

Quelle différence fondamentale, au bout du compte, entre Al-Baghdadi et Salmane Al Saoud ? Les deux régimes sont sensiblement identiques : maltraitance et mise sous tutelle des femmes, oppression des minorités religieuses, amputations de membres ou crucifixions pour les délinquants, décapitation pour les « apostats » et les « blasphémateurs », peine de mort pour les opposants... Voyons la réalité en face : la seule vraie différence entre l’Arabie saoudite et Daesh, c’est que l’Arabie a suffisamment d’argent pour se payer une place à l’ONU ! Ces deux dictatures totalitaires partagent la même vision de la société et de l’islamisme politique, la même idéologie : le wahhabisme.

Ce courant rigoriste et ultra-minoritaire de l’islam sunnite, au même titre que ses proches parents le salafisme et le takfirisme, est le dogme officiel de l’Arabie et du Qatar, et également celui dont se revendique Daesh. Ce sont ces mouvances qui sont le terreau mental des terroristes, et que les royaumes de la péninsule arabique cherchent à répandre partout dans le monde, au Maghreb, dans le Levant, en Afghanistan, en Égypte, et depuis une vingtaine d’années en Europe, par l’endoctrinement des imams qui partent se former à Médine ou la Mecque et le financement d’associations salafistes à l’étranger. L’argent des magnats du pétrole, des acheteurs d’armes à la France ou des propriétaires du PSG est le même que celui qui permet à Daesh de se financer.

La montée en puissance du terrorisme au Moyen-Orient peut donc s’expliquer principalement par deux choses : l’ingérence impérialiste étrangère et l’idéologie wahhabi-takfiri propagée par les « partenaires » de Riyyad et Doha. Ceci étant posé, on comprend aisément pourquoi la réponse du gouvernement français aux attentats du 13 novembre n’est que de la poudre aux yeux sécuritaire et militariste.

Comment en effet croire que l’on peut apporter la paix et la démocratie au Levant en bombardant des populations civiles, tout en serrant la main des égorgeurs saoudiens ? Comment peut-on parler de coalition contre Daesh, au point de faire ami-ami avec Vladimir Poutine et Bachar Al-Assad, et accepter que la Turquie fasse la guerre à la résistance kurde ? Comment espérer un changement démocratique en Syrie en refusant de soutenir l’Armée syrienne libre ? Comment, enfin, peut-on prétendre que les terroristes en veulent à nos libertés, et en même temps supprimer L’État, ses partisans et les excités de l’extrême-droite donnent aux assassins de Paris ce qu’ils veulent : un pays prostré, terrorisé, replié sur lui-même, et surtout, divisé entre communautés qui se regardent avec méfiance. Racisme, pouvoir militaire et répression politique sont présentés comme des « maux nécessaires » à la paix publique ; le gouvernement a d’ailleurs annoncé, dans un courrier adressé au Conseil de l’Europe, qu’il ne respecterait plus les droits de l’Homme pendant l’état d’urgence...

L’Action Populaire appelle à résister, par tous les moyens, à cette dictature légale qu’on nous somme de reconnaître comme légitime ; pas une seule liberté publique ou individuelle ne doit être sacrifiée, que ce soit manifester, s’exprimer librement, se rassembler dans la rue ou exiger une information libre et indépendante. Le terrorisme ne sera pas vaincu par le pouvoir policier de la République, mais par la lutte populaire.

Il faut donc, dès aujourd’hui, construire une large mobilisation citoyenne pour faire respecter nos droits ; pour faire cesser cette guerre abjecte qui vise les civils innocents de Syrie et d’Irak ; pour soutenir nos camarades kurdes, turcs, syriens, irakiens, libanais, qui combattent pour leur liberté et la nôtre ; pour venir en aide à tous les réfugiés qui viennent en Europe en quête d’un asile contre la barbarie.

Il faut aussi mener le combat contre l’ennemi sur le territoire français ; chassons les wahhabi,salafi, takfiri, combattons leur influence, jetons-les hors de nos rues, nos quartiers, nos mosquées, nos centres culturels, empêchons les prédicateurs radicaux de diffuser leur propagande haineuse. Combattons également les racistes, les xénophobes et les groupes d’extrême-droite, dont le but est le même que celui de Daesh, c’est-à-dire de diviser les classes populaires et de monter les communautés les unes contre les autres.

Nous, militants et militantes de l’Action Populaire, continuerons notre lutte contre toutes les formes d’oppression, et appelons toutes celles et ceux qui veulent résister face au pouvoir de la République à se mobiliser massivement pour les revendications suivantes :

*Levée immédiate de l’état d’urgence, rétablissement des libertés publiques ;

*Libération de tous les prisonniers politiques et des personnes assignées à résidence, abrogation de la Loi du 24 juillet 2015 relative au renseignement ;

*Arrêt immédiat des opérations militaires au Moyen-Orient, retrait des troupes françaises des pays occupés ;

*Lutte contre l’impérialisme, qu’il soit français, américain, européen, russe ou saoudien.

*Rupture des relations commerciales avec l’Arabie Saoudite, le Qatar, la Turquie,arrêt immédiat de toutes les ventes d’armes françaises à l’étranger ;

*Reconnaissance du droit à la souveraineté et à la liberté du peuple kurde, retrait du PKK de la liste des organisations terroristes ;

*Soutien aux forces populaires, révolutionnaires et démocratiques de Syrie, d’Irak, du Kurdistan, de Turquie (et de tous les autres pays du monde) dans leur lutte contre le djihadisme ;

Nous poursuivrons également le combat pour les droits sociaux, l’égalité, le partage des richesses et l’unité des travailleurs, que le gouvernement le veuille ou non.

NI TERRORISME, NI DICTATURE ! CONTRE L’ETAT D’URGENCE, UNITE ET SOLIDARITE !

Action Populaire, le 30 Novembre 2015


BESANÇON : Action Populaire
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