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AccueilJournalNuméros parus en 2006N°47 - Mars 2006La perception de la lutte des classes aujourd’hui > Les employéEs du Metro New Yorkais (MTA) rejettent l’accord qui leur a été proposé

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Les employéEs du Metro New Yorkais (MTA) rejettent l’accord qui leur a été proposé



(Steve Downs, membre du syndicat des employéEs du transport, local 100)
Les employéEs des bus et métro de la ville de New York ont récemment impulsé une nouvelle dynamique dans l’ensemble des luttes ouvrières en appelant à la grève sur l’ensemble des lignes. Une première depuis 25 ans ! Ces denierEs exigent que leur employeur et leur syndicat - Transport Worker’s Union (TWU) local 100 - leur accordent un meilleur système de retraite et de sécurité sociale, pour les générations à venir. La grève du local 100 a secoué le mouvement ouvrier de la ville entière. Enfin, un syndicat qui ne laisse pas faire des attaques libérales contre leur système de retraite ! Les bus et rames de métros de la ville ont été entièrement paralysés pendant plusieurs jours et ce en pleine période de fêtes de fin d’année.
La grève a été déclenchée pour contrecarrer les réformes libérales de la société de transport de la ville (MTA - Metropolitan transportation authority). Ces réformes prévoyaient de demander aux futurEs employéEs de cotiser davantage pour leur retraite. Mais les membres des piquets de grèves ont également réagi à des années de harcèlements et d’abus quotidiens. Ils/elles ont également refusé toute retenue sur leur salaire. Cette grève leur a valu un soutien important des habitants de la grande pomme.

Le Local 100 sous pression
Par contre, le local 100 et leurs délégués ont été en pleine ligne de mire d’une campagne anti-syndicale massive. Les médias, la MTA, le Maire Michael Bloomberg et le gouverneur de l’Etat de New York George Pataki ont diabolisé les représentants syndicaux en les traitant “d’égoïstes” et de “brutes” alors qu’ils/elles se battaient pour leurs droits ainsi que pour ceux des générations à venir.
Même si le syndicats et ses représentants devaient déjà faire face à une lourde amende pour le non-respect de la Loi Taylor (c’est illégal pour les employéEs publics de faire grève à New York !), la MTA est allée au tribunal pour demander des amendes encore plus élevées ainsi que l’arrestation possible des représentants syndicaux. Sous la coupe de la loi Taylor, le local 100 a reçu une amende de 1 million de dollars pour chaque jour de grève, les grévistes se sont vu retirer deux jours de paie pour chaque jour de grève et le syndicat pourrait perdre ses droits de retenue de cotisations syndicales.
Clairement, le maire et le gouverneur étaient fin prêt à affronter l’escalade du conflit. Malheureusement, le Local 100 et le reste du mouvement ouvrier ne l’étaient pas. Le syndicat de transport international (TWU) a refusé de sanctionner la grève mais a émis une déclaration demandant aux grévistes de retourner au travail. Les représentants des autres syndicats de la ville, qui avaient juré leur soutien durant les mobilisations précédents la grève, n’ont apporté aucune aide ni même amené aucun de leur membre aux piquets de grève.
Quand les grévistes ont appelé à porter leur piquets de grève aux RER locaux (commuter railroads), la direction de local 100 n’a pas réagit alors qu’au moins un représentant syndical d’une ligne majeure avait assuré que ses membres assumeraient avec honneur les piquets de grève. Le troisième jour de la grève, malgré une promesse que le syndicat ne retournerait pas travailler sans une convention digne de ce nom, le représentant du Local 100, le Président Roger Toussaint, a demandé au conseil exécutif que la grève se termine afin de reprendre les négociations. Les grévistes sont retournés au travail avec une part de fierté et de soulagement. Mais aussi avec l’inquiétude de devoir faire face à des régressions dans le contenu de la convention ; des retombées qui auraient pu être évitées si le syndicat avait été mieux organisé et préparé pour mener cette grève. La convention présentée aux employéEs, cinq jours après la fin de la grève, contenait des avancées mais aussi des régressions importantes. Les augmentations de salaires proposées étaient les même que celles du service de transport de la ville (MTA) avant le lancement de la grève. Ces salaires ne peuvent se comparer à l’augmentation du coût de la vie. Avant la grève, le Président Toussaint avait assuré qu’il serait ferme sur ses positions : il n’accepterait aucune régression du système de retraite, ni aucune augmentation de cotisations de sécurité sociale pour les employEs. Après la grève, Toussaint a appuyé une convention qui, pour la première fois, exigeait que tous les salariés paient un minimum de 1,5 % de leur salaire pour l’assurance maladie (ce pourcentage pouvant varier et augmenter durant la durée de la convention).

Coalition pour le “Non” La convention proposée a été surtout soutenue par les membres de la direction du local 100.
Les opposants à la convention ont rapidement formé une coalition pour le “non” afin de pousser au refus de celle-ci. A une réunion d’information sur ce contrat à Brooklyn, des conflits tendus ont opposés le “staff” du syndicat et les réfractaires à la convention. A une réunion similaire dans le Bronx, le Président Toussaint a été régulièrement interrompu par des slogans “Votre non !, votez non !” lancés par des employéEs peu convaincuEs par ses arguments de vente.
Pour contrer l’opposition grandissante à la convention, les dirigeants du syndicat ont envoyé des courriers à chaque membre, ont embauché des agents téléphoniques et ont envoyé des mails à répétition. La plupart des titres de presse de la ville ont dénoncé la grève et ont repris le discours de Toussaint qui annonçait que la convention était une avancée majeure pour le syndicat. Jusqu’à la veille du décompte des voix, Toussaint continuait à prévoir l’approbation écrasante de la convention. Il sera en réalité refusé par ce même vote !

De retour à la table de négociation
Le président Toussaint a affirmé qu’il était de retour à la table de négociation. Etant donné son isolement, les opposants à la convention ont poussé pour obtenir un poids plus important des membres du syndicat dans la négociation. Et ils/elles vont continuer à s’organiser avec leurs collègues pour s’assurer que les prochaines propositions de convention soient dignes de la détermination et de la lutte des employéEs des transports durant cet hiver.

Steve Downs
(Traminot à New York. Membre de “Employées du transport pour une convention juste”.)

(traduit par Emilie)


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