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AccueilJournalNuméros parus en 2005N°42 - septembre 2005 > Une semoule " ré-vo-lu-tion-nai-re " !

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Édito

Une semoule " ré-vo-lu-tion-nai-re " !

Je dois avoir loupé un épisode...



J’entends ou lis l’adjectif " révolutionnaire " un paquet de fois hallucinant chaque jour.
Malheureusement j’ai la désagréable impression que le mot est salement usurpé par une bande de marchands à la noix qui essaient de me fourguer leur dernière semoule " révolutionnaire " qui-ne-colle-pas, le truc " révolutionnaire " qui empêche ton frigo (lui aussi révolutionnaire) de puer comme un port à marée-basse, le slip qui te fait des fesses " révolutionnaires ". A moins que ce ne soit le slip qui le soit, à force je sais plus très bien...
Pourtant mon Petit Larousse qui lui n’a rien de révolutionnaire, même s’il date de 1968, ne s’accorde pas vraiment avec cet usage très détourné de l’adjectif en question. Il se contente de rappeler que le sens premier c’est : " favorable à une transformation radicale de la structure politique et sociale ". Pourtant, je vous assure que mon Petit Larousse n’a rien d’un " bolcho ", il a un petit côté conservateur nettement affiché... A aucun moment il ne cite en exemple une quelconque semoule révolutionnaire. J’ai vérifié, je vous jure.
Autant les marchands ont banalisé le champ lexical de la révolution, le vidant par-là totalement de sens, autant les " révolutionnaires " (car il en reste) ont de plus en plus de mal à s’affirmer clairement comme tel. Je m’explique. Révolution est devenu une sorte de gros mot qu’il est souvent malvenu de prononcer. C’est presque un mot " honteux ". On (je m’inclus dans ce " on " flou) préfère tourner autour du pot en parlant justement de " transformation radicale ", de " bouleversement social ", etc. Parler ouvertement de révolution entre la poire et le fromage risque de sérieusement glacer l’ambiance de l’anniversaire de mariage de papa-maman...
C’est très révélateur du fait que nous vivons dans un monde presque totalement désenchanté. Les utopies seraient mortes et le " pragmatisme " quasiment érigé au statut d’idéologie. Peu sont celles et ceux qui pensent encore qu’ont peut révolutionner la société. A la limite il est plus simple de se contenter de révolutionner sa vie pour être plus libre. Se sentir libre alors que l’oppression règne autour de soi est un sentiment qui me dépasse. Se sentir libre alors que mes congénères souffrent ? Désolé, je peux pas...
Pour pouvoir espérer (re)parler de révolution, sans aussitôt passer pour un affreux khmer rouge, il va falloir nous atteler à remettre du rêve dans notre vision politique. Personne ne peut se bouger sur un projet de société totalement froid et mécanique. Pour autant, il ne faut pas tomber de Charybde en Scylla et nous comporter en marchands de vent faisant miroiter un avenir où nous nous laverons tous dans le lait d’ânesse... C’est là un des dilemnes que nous devons résoudre. Faire rêver sans manipuler. Redonner de l’espoir mais ne pas tromper. " La révolution n’est pas un dîner de gala " mais y’aura peut-être moyen de rigoler un coup...


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