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AccueilJournalNuméros parus en 2008N°66 - Février 2008 > CONTRE LA RÉPRESSION DES MOUVEMENTS SOCIAUX

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Anti-répression

CONTRE LA RÉPRESSION DES MOUVEMENTS SOCIAUX

ORGANISONS-NOUS !


De nombreux collectifs se sont constitués après les violences policières qui se sont déroulées pendant les mouvements étudiants et lycéens. Non seulement la police a été très active, mais il faut noter de nouvelles tendances dans les méthodes de répression.


Le cas de Yann et Pierre [1], étudiant à Perpignan du syndicat SUD et militant de la CGA (coordination des groupes anarchistes) est emblématique d’une évolution qui tend à criminaliser toute opposition au pouvoir sarkozyste. Une autre histoire symptomatique du climat sécuritaire et de la surenchère policière est celle arrivée le samedi 19 janvier en début d’après-midi dans le Val de Marne, 2 personnes se font contrôler par la BAC en rentrant dans leur voiture. Les policiers procèdent à une fouille et trouvent un fumigène "fait soi-même". A ce moment là, un ami passe par là et se fait également embarquer.
Au commissariat, les 3 personnes étant fichées politiquement par les RG, les flics s’emballent : le fumigène devient tout à coup un produit explosif. Les 3 sont alors placés en garde-à-vue (pour 48h) pour association de malfaiteurs, détention et transport de produits incendiaires ou explosifs. La seule chose qu’ils déclarent pendant ces 48 heures, c’est que c’est un fumigène et que les autres accusations sont fausses. Certains de leurs habits sont enlevés de force pour être analysés par la police scientifique. Ils refusent d’être signalisés (photographie, empreintes digitales et ADN). Le dimanche matin à 8h à Bagnolet (93), le domicile de deux d’entre eux a été perquisitionné pendant 2 heures. Emportés dans leur délire anti-terroriste, la police judiciaire du Val de Marne convoque le déminage, la police criminelle, les RG, et même la brigade anti-terroriste. Evidemment, ils ne trouvent rien d’autre qu’un peu de littérature anti-autoritaire placée sous scellés. La brigade anti-terroriste n’est pas saisie de l’"affaire" puisqu’ils n’ont rien trouvé. Les policiers laissent un appartement ravagé (meubles explosés, matelas éventrés, porte défoncée...).
Au bout de 48 heures, les 3 sont déferrés au parquet de Créteil. Ils passent devant le juge d’instruction qui leur annonce leur mise en examen et l’ouverture d’une enquête pour :
- association de malfaiteurs
- détention et transport de produits incendiaires ou explosifs en vue de commettre des destructions ou des atteintes aux personnes
- refus de se soumettre aux empreintes digitales, ADN et aux photos.
Suite à ça, ils passent à huis clos devant le juge des libertés et de la détention.
Les deux premiers arrêtés sont incarcérés à Fresnes et Villepinte en attente du procès. Le troisième est relâché et mis sous contrôle judiciaire. La date du procès n’a pas été fixée parce que le juge d’instruction estime que l’enquête n’est pas close : il est clair que c’est les idées et les pratiques anti-autoritaires qui sont visées par ces investigations...

La rentrée 2007 s’est faite au son des mégaphones.
Pour sauver ce qu’il reste de l’enseignement supérieur public, les lycéen-snes et les étudiant-s-es ont rejoint les cheminots pour fouler le pavé de la misère.
Alors que le mouvement prenait des formes plutôt vieillottes (blocage des universités et des lycées, manifestations, blocages économiques mineurs), la répression, elle, a revêtu un tout autre visage que celui arboré lors des derniers mouvements sociaux de centre ville.
Aussi, les victimes de violences policières se comptent par dizaines et bien des camarades sont passé-s-es ou vont passer en procès pour “outrage” ou “rébellion”, comprendre par là : “ expression d’une opinion “.
La pénalisation des mouvements sociaux et politiques s’accélère toujours. Bien sûr, les inoffensives manifestations pour le pouvoir d’achat ne sont pas touchées par ce processus qui cible essentiellement les luttes qui débordent le cadre de la contestation officielle ou menacent directement le pouvoir politique et économique : mouvements lycéens et étudiants, révolte des banlieues, actions de fauchage... sont autant de formes d’expression radicale sévèrement punies par la justice. Du simple contrôle judiciaire jusqu’à la prison ferme, les peines infligées, disproportionnées par rapport aux délits (de l’avis même de nombreux magistrats), sont la preuve que l’Etat ne reconnaît plus la contestation politique et sociale comme légitime.

La société de surveillance est devenue une réalité sans que nous n’y prenions garde : fichage systématique, prélèvements d’ADN et d’empreintes auxquels il devient très difficiles de se soustraire, utilisation de drones, multiplication du nombre de caméras de surveillance (1 million d’ici deux ans)... Toutes ces techniques participent d’une militarisation des méthodes policières et d’une criminalisation des mouvements sociaux et contestataires.
Récemment, le déploiement de dispositifs policiers ahurissants en nombre d’hommes et en équipement (pour la protection des réunions du G8, l’expulsion de squats, de lieux occupés par des militants, l’encadrement des manifs...) répond à une seule exigence : désamorcer toute contestation en la rendant obscure et en la faisant systématiquement passer pour dangereuse.
Ainsi, sous couvert de contenir les émeutes de banlieue, les pouvoirs publics cherchent à légitimer la militarisation des forces de maintien de l’ordre. Tazers, flash-ball, lanceurs de 40 (dernier- né de la famille des flash-ball, plus précis et de portée plus grande), ces armes, outre le fait de créer et entretenir un climat de tension et de peur, mutilent et tuent et ce, malgré leur supposée non-léthalité.

L’existence de ces équipements de combat ainsi que leur utilisation ne doivent pas être banalisées mais être combattues.
De plus, on assiste depuis la seconde guerre mondiale à la multiplication de brigades spéciales des forces de l’ordre (police et gendarmerie) dont la seule fonction effective est : réprimer, contenir, encadrer, et finalement décourager la moindre lutte sociale naissante.
Celles que nous connaissons le mieux, pour avoir testé maintes fois leur pédagogie et leur douceur, les Brigades Anti Criminalité (BAC) sont nées en 1994 alors que Charles Pasqua est ministre de l’interieur. Elles prennent la suite des Brigades de Surveillance de nuit déjà connues pour certaines de leurs bavures (Thibault/1992). Les membres des BAC seront aussi responsables de nombreuses bavures après leurs création  : Abdelkader (16 ans) est abattu par des balles dans la nuque, suivront Eric, Sydney (1998) et Farad (1998). Depuis le mouvement social dit contre la “Loi d’Egalité des Chances”, nous avons vu ces cow-boys fleurir aux abords des manifestations. Ils y pratiquent le harcèlement, des menaces diverses et variées et parfois de la violence physique. Dissolvons-les !!!

ORGANISONS-NOUS !

Pour poursuivre nos luttes, pour soutenir toutes celles et ceux qui sont victimes de l’appareil judiciaire aux bottes des milices sarkoziennes, il est plus que temps de se réunir et de s’organiser afin de résister à la répression qui s’abat sur nous.

Collectif Nantes


[1] Pétition à télécharger sur le site de la CGA www.c-g-a.org Par ailleurs, une souscription pour couvrir les frais de justice est ouverte à l’ordre du CES (mention au dos du chèque "solidarité avec Yann et Pierre") BOITE POSTALE (souscription et retour des pétitions) : C.E.S. - BP 233 - 66002 Perpignan cedex.
Cette souscription sera gérée par le comité "Justice pour Yann et Pierre".


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