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AccueilJournalNuméros parus en 2007N°57 - Mars 2007 > ÉDITO - Les giboulées de mars

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ÉDITO - Les giboulées de mars



Nous voilà en mars, nous enfonçant de plus en plus profondément dans le déroulement de la farce électorale : de débats " participatifs " en " émissions réalité " rassemblant des français (soit disant les plus représentatifs du corps électoral) face à des candidats empressés de répondre, de manière convenue, aux "vrais problèmes" et aux " vraies craintes" des électeurs... Les thèmes sont consensuels ; les questions creuses ou anecdotiques. Cette mise en scène se déroule avec platitude soulignant s’il en est besoin l’aspect totalement factice de cette parole donnée au peuple dans ce cadre des plus étriqué. Ce genre de débat donne pourtant l’illusion d’une avancée démocratique et d’une réelle préoccupation de nos braves gouvernants pour notre expression politique. Pendant ce temps, dans notre bonne société française, la " culture de masse " nous inculque que la marchandise l’emporte définitivement sur un humain. Nous ne sommes plus qu’une denrée jetable comme une autre. Les gouvernants, qui ont le souci de notre bien être, perfectionnent le fichage par les " progrès " de la génétique et par l’utilisation de puces radiofréquencées. Ou encore plus simplement, quand les bonnes volontés de noël sont usées et taries, les petits commerçants retrouvent leur naturel en déplorant l’état actuel du canal Saint-Martin. C’est à se demander s’il faut en rire ou en pleurer. Car au-delà des coups médiatiques et des mobilisations de passade, l’horizon est bien gris et les sursauts de nos luttes 1’empêchent rarement de s’assombrir encore ! Et pourtant, l’espoir vit encore dans l’évocation des luttes passées et des camarades qui paient encore aujourd’hui leur engagement politique. C’est avec acharnement que l’état français souhaite leur dérober leur dignité, en exigeant le reniement de leurs convictions en condition de leur éventuelle libération. Papon lui n’a rien renié, et a été libéré sans problème : on lui a sans doute pardonné ses crimes contre l’humanité au regard de ses états de service. Le mois de février qui vient de s’écouler rappelle, par de nombreux soutiens extérieurs, la détermination des militants d’action directe emprisonnés depuis vingt ans et plus. Ils sont pourtant libérables depuis quelques années au titre des lois en vigueur dans l’état français, les mêmes qui ont permis la libération de Papon*. Mais au delà de la "justice", de mesures juridiques spéciales en isolement sensoriel, l’état préfère l’exemplarité d’une mort lente et réaffirmer ainsi sa première préoccupation : museler la contestation afin de faire perdurer le mythe de sa toute puissance.

Pourtant en ce 24 février devant les murs de la centrale de Lannemezan, où Jean-Marc Rouillan est toujours l’otage de l’état, c’est près de 150 personnes qui sont venues offrir aux prisonniers une parenthèse dans le silence de mort de leur univers. Sous l’oeil bovin des gardes mobiles qui constituaient le comité d’accueil, fusées et slogans de libération ont dépassé les murs. La lecture de textes de solidarité, dont un de Jean-Marc lui-même, laisse espérer qu’un jour il n’y aura plus de long murs gris et de barbelés, qu’un jour il n’y aura plus ni prisons, ni frontières. Et si ce jour tarde à venir, ce rassemblement fut au moins l’occasion d’éviter à Jean-Marc Rouillan, Nathalie Ménigon, Georges Cipriani et Régis Schleicher de tomber dans l’oubli. Et de rappeler à tous, dedans comme dehors, qu’il existe des gens qui, malgré la souffrance de ces années d’acharnement, ne mettent pas en vente leurs convictions et inspirent le respect par leur lucidité et leur résolution. Ni martyrs idéalisés, ni fantasme du héros révolutionnaire. Ce sont simplement des êtres humains soucieux de défendre leur dignité, face à un système répressif et assassin s’évertuant à ne leur laisser aucune chance. Gageons que le meilleur soutien que nous puissions leur offrir est de continuer la lutte dans chaque recoin de notre quotidien, aussi longtemps qu’il le faudra. Luttons pour imprimer durablement la réalité de cet " autre monde " enfin dégagé des oppressions et des vices du capital. Face à la machine à broyer de l’humain, faisons vivre la solidarité et passons à l’action, pour un autre futur...

Scalp Toulouse

* Papon qui comme d’autres tortionnaires Pinochet ou Franco est mort tranquillement dans son lit...


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