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AccueilJournalNuméros parus en 2007N°57 - Mars 2007 > UNE PATATE NOMMÉE DÉSIR

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"Autre campagne"

UNE PATATE NOMMÉE DÉSIR


À l’été 2006, à l’occasion du camping d’été du Réseau No Pasaran au cours duquel nous discutons de nos perspectives pour l’année à venir, une idée a commencé à germer pour affronter l’année électorale à venir : Patate. Depuis, l’idée a fait son chemin, et il existe à ce jour plusieurs collectifs Patate (sur Paris, Nîmes, Toulouse, Angers...), dont certains regroupent une trentaine de personnes : un site (www.patate2007.org) a été mis en place et est alimenté quotidiennement, des affiches et des autocollants ont été imprimés et collés, des réunions publiques sont organisées, des actions sont à venir...


Depuis le mois de janvier, des affiches ont envahi les murs de différentes villes de France, sur lesquelles on peut lire « (ne)votez(pas) Patate » ou bien, sous un double portrait Royal/Sarkozy, « Endive ou Navet ? Patate !  ». Un gag ? Plutôt une bouée de sauvetage ! En tout cas, une réponse à un événement qui s’impose à nous (la campagne présidentielle, qui reste malgré tout un moment ou les gens sont un peu réceptifs à la politique), sans tomber ni dans l’anti-électoralisme primaire (à quoi bon appeler à un non-acte ?), ni dans une caution (même involontaire) apportée à tel ou tel candidat, puisqu’il s’agit de faire campagne pour un candidat qui ne se présente pas et ne roule pour personne (ce n’est ni un appel, ni un contre-appel à aller voter) ; avant tout, il s’agit de valoriser d’autres pratiques et d’autres idées, au-delà de l’échéance électorale.

La nouveauté de la démarche (du moins dans nos milieux), son aspect un peu brumeux aussi, ont découragé ou rendu sceptiques les organisations et les militant( e)s ou sympathisant(e)s à qui les Patatistes se sont d’abord adressé(e)s, ou qui ont entendu parler de la campagne, à travers les flyers et les affiches. À ce propos, la stratégie pour la mise en place des collectifs n’a pas été la même dans toutes les villes : collage massif avant réunion publique à Nîmes, constitution du collectif avant collages à Paris... Mais partout un même constat  : Patate réussit la plupart du temps à attirer la sympathie et l’intérêt, en particulier auprès des individus non-militant(e)s, du moins dans des structures organisées «  établies ». On aura l’occasion de revenir dans le détail, le mois prochain, à l’occasion d’un dossier de 12 pages sur Patate, sur l’évolution de l’idée, l’émergence des différents collectifs, et faire un premier bilan des actions menées au cours du mois de mars... Déjà, dans le numéro de No Pasaran du mois de janvier, les objectifs de Patate (présentés ci-contre dans leur version courte) ont été présentés en détail : vous pouvez les retrouver sur le site de Patate, ainsi qu’un certain nombre d’autres textes qui présentent la campagne. Aussi me limiterai- je ici, en tant que patatiste parisien de la première heure (!), de livrer mes impressions sur la campagne en cours, sans rien préjuger de son avenir.

Ce qui est je crois le plus motivant avec Patate, surtout dans cette période plutôt morose, c’est de retrouver en politique une certaine bonne humeur, car il est impossible de rester vraiment sérieux avec Patate : sans raison apparente, la rusticité de la patate, sa simplicité, la sonorité même de son nom, la foule des expressions qui y sont rattachés, bref, son pouvoir évocateur font que les jeux de mots les plus loufoques accompagnent quasiment systématiquement propagande et comptes rendus, voire un messages sur deux qui circulent sur la mailing list de travail. Il suffit de jeter un coup d’oeil au site, surtout à la rubrique photos et vidéos, pour s’en convaincre. Mais parce que Patate n’est pas un simple gag, parce qu’il y a une certaine utopie un peu naïve derrière (réconcilier les gens avec la pratique politique), cette bonne humeur a pu devenir un enthousiasme productif : en ne se prenant pas au sérieux, mais en refusant le cynisme stérile, Patate a permis, je crois, à bon nombre de personnes de s’investir, de faire des choses dans un cadre collectif dans lequel on se sent facilement à l’aise. Sur Paris, l’absence de structures organisées présentes dans le collectif (en dehors du Scalp-Reflex) a aussi facilité la prise en charge de nombreuses tâches par des individus. Surtout, Patate a d’ores et déjà réussi à donner corps à un slogan qui nous est cher : « résister c’est créer », mais que la force de l’habitude, peut-être aussi la peur de prendre des risques et de laisser libre cours à son imagination nous empêchent souvent, dans nos pratiques politiques, de concrétiser. De plus, cette créativité laisse la part belle à l’intelligence collective. Un exemple : un texte écrit à Nîmes, réécrit en partie à Paris, est en train d’être illustré de deux manières différentes, dans deux versions différentes, par des illustratrices, qui sont venues discuter de leur travail en réunion publique... Cette possibilité de pouvoir rediscuter de tout, qu’il s’agisse d’un texte ou d’un dessin, de conserver l’exigence d’une élaboration collective rend l’aventure Patate assez excitante et enrichissante. Reste à savoir si nous aurons la force de mener au bout les projets d’actions qui sont sortis de nos esprits patatistes : les semaines à venir nous le diront... À suivre, donc, chaque jour, sur le site Patate !

Contact : patate2007@no-log.org


LE PROJET PATATE

La campagne électorale qui s’annonce vous désespère ? Vous pensez que la politique ne se pratique pas (que) dans les urnes ? durant cette période, les positions politiques des uns et des autres se résument en général à deux attitudes à notre sens aussi vaines l’une que l’autre : l’électoralisme bêlant ou l’anti-électoralisme primaire.

Rester à distance, se taire et observer, un sourire narquois aux lèvres, ce n’est sûrement pas non plus l’attitude la plus constructive. Mais alors, que faire ?

Trois objectifs principaux :

- 1. réhabiliter l’action politique et dénoncer le cirque électoral.
- 2. redonner aux gens l’envie de faire de la politique au sens où nous l’entendons, c’est-à-dire comme un champ d’expérimentation de nos idéaux à travers des pratiques concrètes.
- 3. montrer que des alternatives politiques concrètes existent, en valorisant toutes les initiatives qui luttent contre le système capitaliste.

Mais Patate n’a pas réponse à tout. C’est au contraire les questions qui l’intéressent, et surtout le débat d’idées : car toute démarche, toute pratique, tout discours demande à être questionné, critiqué, expliqué. Un des objectifs de Patate, c’est de redonner la parole aux gens, de créer des espaces d’expression politique. C’est une façon aussi de répondre aux discours sécuritaires et autoritaires de droite et de gauche sans tomber dans le discours du « tous pourris » qui ne peut que favoriser l’extrême droite : la réponse est dans la construction d’alternatives, et pas seulement dans la dénonciation du discours des autres.


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