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AccueilJournalNuméros parus en 2004N°26 - Janvier 2004 > La place des médias dans notre société

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La place des médias dans notre société


Historiquement les médias jouent le rôle de contre-pouvoir. Mais si aujourd’hui ils gardent toujours cette image, qu’en est-il réellement ? Je tiens à préciser tout d’abord qu’il serait naïf de croire en leur objectivité car, quelle que soit l’idéologie prônée, ce sont des individus, relevant d’une culture avec des intérêts et des envies précis et qui peuvent difficilement s’en défaire au moment où ils prennent leur plume (remarque qui vaut pour moi bien évidemment). Mais cette fonction de contre-pouvoir ne demande pas forcément d’être objectif.


Les médias doivent avant tout servir de garde-fou. L’équilibre se trouvant dans la libre expression de tous et l’égalité d’accès aux moyens de l’information.
Les médias comme moyen de propagande

oeil Mais le pouvoir, quelle que soit sa forme, a toujours eu du mal à les laisser travailler tranquillement. La liberté, si chère aux détenteurs de carte de presse, est plus que souvent mise en péril. Que se soit de façon autoritaire ou de façon plus subtile, l’influence que les médias peuvent exercer sur l’opinion publique est une tentation trop forte pour laisser indifférent. Dans un coup d’état, le point central des médias (la télévision le plus souvent) est l’un des points tactiques prioritaires pour les camps qui s’opposent. Mais qu’en est-il de la liberté des médias dans nos « démocraties » ?


Les médias chez nous

Ici aussi les journaux sont également plus ou moins contrôlés mais la différence est que nos journalistes ont tendance à s’autocensurer de façon plus moins consciente. Tous d’abord parce que le fait d’avoir un patron qui dépend de grands groupes industriels (Lagardère, Hachette, Bouygues.) n’incite pas à faire passer des idées libertaires dans les colonnes. Et même sans aller jusque là, on imagine mal TF1 parler des éventuelles mises en examen de son actionnaire principal. La publicité est également une contrainte, car elle les oblige à faire passer les messages les plus consensuels et les plus proche de l’idéologie de consommation. Les journaux ne peuvent pas se passer de leur financement donc si on veut l’argent des annonceurs
il ne faut surtout pas leur déplaire.

Mais est-ce réellement une contrainte pour eux ? Sans vouloir faire de généralités, la profession de journaliste est quand même un métier réservé à une classe dominante. Une journaliste me disait que la plupart des étudiants étaient issus des classes sup. Et que, de l’aveu même des directeurs d’écoles, il est très difficile d’intégrer les gens des classes populaires dans ces écoles de part la longueur des études et le manque de capitaux économiques et culturels dont souffre cette couche de la population. Daniel Carton, dans « Bien entendu c’est off » précise que l’élite de l’élite est obligée de passer par sciences-po pour être réellement légitime.


Un monde de connivence

Quel est alors le résultat de tout ça ? Pierre Carles pose le problème dans « Pas vu pas pris » avec des images prises hors caméra où l’on voit un journaliste (devenu n°2 de la plus « grande » chaîne de télévision française) et un homme politique très influent qui a priori se connaissent, se tutoient, et se fréquentent en dehors de leurs relations professionnelles. Ces images ne poseraient pas de problèmes en elles-mêmes si la pratique avait quelque chose d’officiel, si les gens qui regardent ces journaux étaient au courant des relations qui existent entre journalistes et hommes politiques, et surtout si l’on ne sentait pas la gêne que provoque ces images, montrées à la plupart des journalistes « importants ». En fait, il paraît évident que journalistes et hommes politiques se côtoient et ont des intérêts communs. Pour les journalistes, le politique est la personne avec qui il faut être bien vu pour avoir la primeur de l’information, inversement, le politique a besoin du journaliste pour assurer ses campagnes, se donner de la valeur grâce à un moyen légitime, prouver qu’il existe à son électorat. C’est son moyen d’être vu, d’être entendu.


Et nous dans tout ça ?

On comprend alors pourquoi les grands médias nationaux ont de telles positions lors de mouvements sociaux. Sur le problème des retraites ou la réforme de la sécu en 1995 ils apparaissaient très clairement pour les réformes et contre la grève. Que faire alors en situation de lutte ? Car pour que les mouvements aboutissent et qu’on puisse faire passer l’information on est bien obligé de passer par ces médias qui ont une sorte de monopole et quelque part le pouvoir de faire vivre le mouvement ou non. Je pense qu’on doit y passer en ayant conscience que notre message pourra être changé, interprété et modifié. Mais être visible sur ce terrain-là ne doit pas être notre priorité car de toute façon la forme imposée par la télévision oblige à
résumer notre message et si on ne le fait pas, elle le fera à notre place. Pour nous, l’important est d’être présents sur le terrain de la grève, de discuter directement avec les gens en leur expliquant notre point de vue mais également en essayant de réfléchir avec eux sur le point de vue et la logique des médias.


Dunadan


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