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AccueilJournalNuméros parus en 2005N°41 - Juillet-Août 2005 > Prendre ses affaires en mains !

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Dossier : Pour une agriculture non productiviste

Prendre ses affaires en mains !


Depuis plusieurs années, la mobilisation contre les OGM fait de l’été un rendez-vous important pour de nombreux désobéissant-e-s. Cette année encore, il faudra se retrouver pour réaffirmer à la fois le refus des essais non confinés, mais aussi un autre type d’agriculture.


L’action menée le samedi 14 mai dans la Vienne à Valdevienne a sonné la reprise des actions anti OGM. C’est dans cette région qu’au mois de septembre 2004 le gouvernement avait fait gardé un champs de maïs transgénique de la société Monsanto par des gardes mobiles et chargé les manifestants. Cette année, les faucheurs se sont donc transformés en semeurs. Près de deux cent personnes se sont donc retrouvés pour semer du maïs biologique. Malgré les actions menées pendant l’été 2004 et le rapport de la mission parlementaire qui en appelait à un moratoire sur les essais , le 3 mai, une liste des nouveaux essais autorisés en 2005 a été publié. Au total, les essais d’OGM devraient concerner quelques dizaines de parcelles, concentrées dans les régions Midi-Pyrénées, Auvergne et Poitou-Charentes. On voit donc que l’été 2005 ressemblera à celui de l’année passée avec des actions de fauchage à la fois public avec mobilisation et actions plus restreintes. Du côté de la justice, la comparution des faucheurs volontaires a été refusé dans les trois cas où elle s’était posée : après Orléans et Toulouse (13 et 14 avril derniers), la Cour d’Appel, le jeudi 19 mai 2005 à Riom, examinant la demande du Procureur, a rejeté la possibilité d’accès à un procès équitable aux faucheurs volontaires de Marsat, en refusant la comparution volontaire de nombreuses et nombreux citoyen-nes (167). Ayant participé à l’action du 14 août 2004, ils revendiquaient la même responsabilité que les 6 prévenus initialement cités devant le tribunal le 14 décembre 2004. Pour autant c’est bien en développant l’idée collective tant dans ce type d’action - le fauchage - que lors d’initiatives comme l’étiquetage dans des magasins qu’il s’agit de renforcer.
Au-delà du refus des OGM, c’est toute une réflexion sur le type d’agriculture, de production et de distribution qui se manifeste dans de nombreuses initiatives et que l’on peut mesurer à l’engouement du Bio, du commerce équitable et du concept - passe partout - de développement durable. Le journal No Pasaran dans de nombreux articles consacrés à ces questions a montré les contradictions et les récupérations faites par les pouvoirs publics et les politiques sur toutes ces questions. Pour autant, il ne faudrait pas jeter le bébé avec l’eau du bain. Car si nous ne nous retroussons pas les manches pour développer nos idées et nos pratiques, nous ne pourrons une fois encore qu’en appeler à la " trahison ". Pour reprendre l’analyse de Murray Boockhin "Aucun des principaux problèmes écologiques auxquels nous nous affrontons aujourd’hui ne pourra être résolu sans un changement social profond". Et Boohchin de souligner toute l’importance des idées anti-autoritaires face à deux conceptions écologiques : l’une qu’il a vu se développer en Amétique du nord “une sorte d’épidémie spirituelle antirationaliste : au nom du retour à la nature, elle évoque des atavismes irrationnels, des mysticismes, des relitions “päiennes”. Le culte de “déesses”, des traditions “paléolithiques” ou “néolithiques” selon les goûts, des rituels de type vaudou ou autres, tout ce courant de “l’écologie profonde” se présente comme une nouvelle spiritualité”.E t d’un autre côté, un mythe technocratique selon lequel la science et la technique pourraient résoudre tous les maux dont souffre l’environnement.... Le message de l’écologie sociale n’est ni primitiviste ni technocratique, elle cherche à définir la place de l’humanité dans la nature - place singulière, extraordinaire - sans tomber dans un monde préhistorique anti-technologique ni partir sur un vaisseau de science-fiction.” (1). Il nous faut donc réinsérer la question écologique dans une réflexion globale. Par exemple si nous prenons le thème de la décroissance. Comme le faisait remarquer un militant d’AC ! (agir contre le chômage) pour les chômeurs et précaires, la décroissance est déjà un vécu. Il faut donc réaffirmer que notre premier combat est le partage des richesses, l’accès pour toutes et tous aux services sociaux (logement, éducation, etc.), non dans des espaces ghettoisés par la politique d’apartheid social mais dans un réaménagement spatial du territoire urbain et rural. La décroissance n’est pas la misère mais une vie riche et non une vie de riches. La décroissance c’est l’inversement des priorités dans l’exploitation des ressources et des hommes, en refusant la marchandisation du monde et le monde de la marchandise. Le combat sur ce terrain doit être articuler avec un combat social et politique, qui n’est pas réservé aux populations du Nord, mais bien dans un projet d’autres relations économiques entre les continents. Ce qui est encore trop rarement le cas. Débattre en termes politiques et non économiques est un enjeu majeur. On voit bien le glissement s’opérer sur toutes ces questions comme sur le Bio ou le commerce équitable comme il l’est sur les questions environnementales (nucléaire, déchets, etc.). L’enjeu économique peut devenir le seul objet d’intérêt si l’autonomie vis-à-vis des pouvoirs publics et économiques n’est pas assurée. Et cela est d’autant plus rapide qu’aujourd’hui, la question centrale de la distribution est monopolisée par des grands groupes. Recréer des liens directs entre producteurs et consommateurs est donc un enjeu majeur* autour d’idées et de pratiques de coopérations, de gestion directe et d’autogestion. C’est bien ce prône les libertaires dans leurs textes et leurs revendications autour de la gestion collective de la société. Alors on s’y essaye ?

Laurent

Collectif Faucheurs volontaires, 4 place Lucien Grégoire, 12100 Millau.
Téléphone : 05 65 59 14 36 http://www.monde-solidaire.org

* voir à ce sujet, l’expérience de la coopérative participative nantaise. Coopart@samizdat.net

(1) Murrray Boohchin, Qu’est-ce que l’écologie sociale ? (Ed. ACL). Disponible 4 euros + 1 euro de port à No Pasaran.


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