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Histoire

Che Guevara 1967-2007

Aujourd’hui, le socialisme est une idee qui refait son chemin*


Aujourd’hui, le socialisme est une idée qui refait son chemin en « Amérique Latine, Noire et Indienne », comme le disait le Che. Il s’y dessine des enjeux décisifs pour l’avenir de la planète. La situation géopolitique est peut-être en train d’y changer. Si le combat sur l’impérialisme a des chances de se gagner, c’est, semble-t-il, sur ce continent que les brasiers s’allumeront. Les luttes que mènent Fidel Castro, Hugo Chavez, Evo Moralès et Rafael Correa avec leur peuple, celles des Mères de la Place de mai, ou encore des FARC-EP, de l’ELN, du MST du Brésil - sans oublier les chômeurs argentins qui récupèrent, occupent les usines, et produisent collectivement - ont un dénominateur commun plus ou moins explicite : la transition vers le socialisme. Dans notre Europe engluée dans les tentacules de l’ultralibéralisme fascisant, l’Amérique Latine ne suscite pas l’enthousiasme qu’elle mériterait, contrairement à ce qui s’était produit du temps d’Allende au Chili. Que de média-mensonges sur les prétendus populisme d’Hugo Chavez ou terrorisme des FARC ! Et pourtant, c’est aussi de notre avenir qu’il y va, à nous les européens, puisque en Amérique du sud, c’est le combat de la vie contre la mort qui est en train de se jouer. Un combat dans lequel vivent les idées d’Ernesto Che Guevara.


Ce combat, le Che ne le concevait pas uniquement comme économique et politique, mais aussi et surtout éthique. Il s’agissait de faire naître un homme nouveau dans une société favorisant le développement intégral de l’être humain : ce qui est impossible dans un monde dominé par la mondialisation du capitalisme ou dans une Europe supranationale. Près de 40 ans après sa mort, le Che, dont la pensée n’a jamais cessé d’évoluer continue, précisément, de donner à penser. Il reste le symbole des jeunes et des moins jeunes qui veulent transformer le monde. Aujourd’hui comme en mai 68, il n’y a pas de manifestation sans qu’on voie des drapeaux ou des tee-shirts à son effigie. Réduit à un simple produit de consommation, édulcoré, inoffensif et finalement conforme aux attentes des pouvoirs de l’argent, le Che aurait-il perdu sur toute la ligne  ? Rien de moins sur. Qu’il nous étonne, nous agace ou éveille la sympathie, le Che continue de nous faire signe, et ce, paradoxalement, dans un monde dont les valeurs dominantes se situent aux antipodes des siennes.

ON NE NAÎT PAS RÉVOLUTIONNAIRE, ON LE DEVIENT

Ernesto Rafael Guevara de la Serna. le 14 juin 1928 à Rosario en Argentine, Sa famille est relativement aisée, mais le futur Che baigne dans une atmosphère nettement progressiste. Passion de la justice, haine du fascisme, indifférence religieuse, intérêt pour la littérature et amour de la poésie, méfiance envers l’argent : telles étaient les valeurs des parents du Che. Souffrant de graves crises d’asthme, le jeune Ernesto pratique avec intensité des sports physiquement durs comme le rugby et l’escalade. Il lit beaucoup : Gandhi, Jack London, Freud et Rousseau, et s’engage dans des études de médecine. A 23 ans, avec un ami médecin (Alberto Granado) il parcourt pendant 8 mois le continent latino-américain. En 1953, son diplôme de médecin en poche, il repart sur les routes. Ces deux voyages le confrontent brutalement à l’immense misère qui frappe les peuples latino-américains. Avant de rencontrer Fidel, en juillet 1955, le Che avait lu les oeuvres de Marx, Engels et Lénine, et il pensait que seul le socialisme pouvait mettre fin à l’oppression et à l’exploitation de l’homme par l’homme et à la misère qu’il avait rencontrées durant ses précédents voyages en Amérique du sud. Le Che avait clairement conscience du fait que son rôle de médecin demeurerait totalement inefficace tout le temps qu’une authentique révolution n’aurait pas permis de transformer la société. Pour lui, le médecin devait d’abord être un révolutionnaire. Il s’intéresse activement aux événements politiques. Arrivé au Guatemala en décembre 1953 (après avoir transité par la Bolivie où une révolution ouvrière avait battu l’armée régulière), il est pour la première fois directement confronté à l’impérialisme US. Le gouvernement du progressiste modéré Jacobo Arbenz initie une série de réformes sociales dans ce pays. Des terres appartenant à l’United Fruit, firme étasunienne toute puissante, ont été redistribuées aux paysans. C’en est trop  : le gouvernement étasunien autorise la CIA à organiser un putsch pour renverser le gouvernement et c’est l’invasion du pays. Mais Arbenz se refuse à armer le peuple et précipite la chute de son gouvernement. Le Che, qui participe activement à la résistance contre le putsch, est contraint de se réfugier au Mexique. Il prend connaissance des idées de Marx, Engels et Lénine et y adhère pleinement. En juillet 1995, sa rencontre décisive avec Fidel Castro, dirigeant du Mouvement du 26 Juillet achèvera de le convaincre de mettre ses théories en pratique à Cuba , d’abord en qualité de médecin, puis, en qualité de combattant. ACuba règne la dictature féroce de Batista, qui coûtera 20.000 morts en 10 ans. A l’image du reste du continent, l’île compte près de 80% d’analphabètes, pratiquement pas d’écoles ni d’hôpitaux, les paysans vivent pour la plupart dans des huttes et souffrent chroniquement de la famine. Le 25 novembre 1956, 82 révolutionnaires s’embarquent avec armes et bagages dans un vieux yacht, le « Granma » pour libérer Cuba. Mais, débarqués le 2 décembre après une traversée chaotique, les guérilleros sont attaqués par l’armée le 5 décembre à Alegria del Pio et sont littéralement massacrés : plus de 60 guérilleros sont tués ou faits prisonniers. Les rares survivants finissent par implanter un premier foyer de guérilla dans la zone montagneuse du sud-est de l’île, la Sierra Maestra. Là, ils se lieront profondément avec les paysans pauvres, étonnés de voir des gens en armes leur payer la nourriture, les soigner gratuitement et leur ouvrir des écoles. Le Che soigne les ennemis blessés et n’admet pas qu’ils soient humiliés. La paysannerie cubaine est en grande partie composée d’ouvriers agricoles, ce qui donne très tôt un caractère nettement prolétarien à la révolution. Le Che comprend qu’il ne s’agit pas seulement de renverser une dictature, mais surtout d’engager la révolution sur la voie du socialisme. L’attitude de « l’Armée rebelle » suscite la sympathie, puis l’adhésion totale ; beaucoup de paysans s’engagent dans la guérilla dont les rangs sont également grossis par l’arrivée de révolutionnaires des villes. Car la guérilla est également en contact étroit avec les organisations révolutionnaires citadines. Dès janvier 1957, « l’Armée rebelle » remporte de nombreuses victoires. Puis le Che est nommé « commandant » et dirige une colonne de guérilla. « L’Armée rebelle » étend largement son territoire au sein duquel elle installe des services d’approvisionnement, des cliniques, des fabriques d’armes, de petites industries, une boulangerie, une imprimerie, des stations radio. Elle instaure des lois et mène une réforme agraire (expropriant les grands propriétaires terriens), bref, c’est un pouvoir alternatif qui se met en place.. Malgré l’aide des USA en armes, munitions et instructeurs, l’armée de Batista, à partir de l’automne 1958, va de défaite en défaite. Le 29 décembre 1958, la colonne du Che libère au cours d’une bataille décisive la ville de Santa Clara. Enfin, le 1er janvier 1959, les guérilleros entrent triomphalement à La Havane. Un régime nouveau s’installe, composé d’une coalition des différentes organisations qui ont participé à la lutte. Comme le peuple cubain exige que justice soit faite, Fidel charge le Che de cette tâcheà la forteresse de la Cabana. Les tortionnaires de la dictature sont arrêtés et exécutés. Les USA s’inquiètent de ces « purges », alors qu’ils étaient restés muets au sujet des tortures et des massacres sous Batista. Par ailleurs, le Che vérifiait toujours les preuves de la culpabilité des accusés.

UN COMMUNISTE ATYPIQUE

Le Che est naturalisé cubain en février et voyage à l’étranger à la tête d’une délégation entre juin et septembre de la même année. Dès son retour, lui qui avait l’argent en horreur est désigné à la tête de la Banque Nationale de Cuba. Sa première mesure sera d’aligner le salaire de son poste sur celui des simples ouvriers qualifiés. Furieux d’avoir perdu leur domination totale sur l’île, les Etats- Unis font de l’obstruction. Les principales firmes du pays sont nationalisées, une réforme agraire se met en place, les constructions d’hôpitaux et d’écoles se multiplient, la santé et l’éducation deviennent gratuites, les loyers baissent de 50%, des acquis et des droits sociaux importants sont instaurés. Mais de toutes les mesures révolutionnaires, ce seront les nationalisations des industries et la réforme agraire radicale qui heurtent de plein fouet l’impérialisme US. Tout au long de l’année 1960, les conflits avec les USA se multiplient. Ces derniers stoppent leur vente de pétrole à l’île. Cuba se voit donc contrainte d’acheter du pétrole soviétique que les compagnies étasuniennes présentes sur l’île refusent de raffiner. Fidel décide alors de nationaliser ces entreprises ! L’attitude de l’impérialisme favorise la radicalisation de la révolution. En 1961, une vaste campagne d’alphabétisation est décidée. Après l’expropriation du pouvoir économique et politique de la bourgeoisie, le caractère socialiste de la Révolution cubaine est décrété. En avril 1961, les USA envahissent la Baie des Cochons, croyant arriver en libérateurs, mais le peuple en armes règle le problème en 72 heures. Les USA instaurent alors un blocus économique total sur l’île. Le danger politico-militaire et les difficultés économiques obligent Cuba à se rapprocher fortement de l’URSS. Le Che, de son côté, tente d’organiser au mieux la transition de l’économie cubaine vers le socialisme. En février 1961, il sera nommé ministre de l’Industrie. Dans son ministère, la ponctualité est de rigueur, le Che est très exigeant, non seulement pour les autres, mais également pour lui-même, vu l’énormité et la grande difficulté des tâches à accomplir. Ses deux objectifs principaux : transformer le travail contraint en besoin enrichissant pour l’Homme et développer une économie cubaine socialiste débarrassée de la dépendance économique envers tous les pays capitalistes ou non. Mais le problème crucial, pour atteindre une économie socialiste, est le sous-développement économique de l’île : la principale production de Cuba est le sucre de canne, qu’elle exporte et échange contre les produits agricoles, industriels et énergétiques (le pétrole) qui lui font défaut. Le sous-développement doit donc être surmonté car seule l’indépendance économique permettra une réelle souveraineté politique. Pour ce faire, le Che préconise une industrialisation massive, ce qui implique que la Révolution doit désormais s’appuyer essentiellement sur les ouvriers. Les paysans ne sont pas oubliés dans ses plans, loin de là : ils obtiennent une réforme agraire, une amélioration considérable de leur niveau de vie et sont appelés à développer la polyculture. De 1963 à 1964, le Che initie un grand débat national et international sur les voies économiques à emprunter pour atteindre le socialisme. Il est contre la loi du marché, telle qu’elle est pratiquée non seulement dans les pays capitalistes, mais également dans les pays socialistes car ces derniers poursuivent « la chimère de réaliser le socialisme à l’aide d’armes ébréchées que le capitalisme nous a légué (la marchandise, comme cellule économique, la rentabilité, l’intérêt matériel individuel) ».Afin de créer l’Homme nouveau ; il met en place le travail volontaire et s’y adonne lui-même intensément. Il lutte contre l’utilisation unique de stimulants matériels (primes et récompenses individuelles) pour inciter les travailleurs à mieux produire. A ces derniers, il préfère utiliser des stimulants « moraux » socialistes couplés à des stimulants matériels collectifs. Fin 1964, Che Guevara préside la délégation cubaine à l’Assemblée générale des Nations Unies où il dénonce une fois de plus l’impérialisme US. Entre 1963 et 1965, il multiplie ses voyages officiels dans le tiers-monde, en Chine et en URSS surtout. A l’inverse des conclusions qu’il tira de ses premiers voyages effectués en 60-61 dans ces derniers pays, le Che critique fortement à partir de 1964 les méthodes qui y sont employées pour construire le socialisme. Il n’accepte pas que Cuba dépende économiquement et idéologiquement de l’Urss, ni que la bureaucratie s’y répande. Le 20 février 1965, dans un discours tenu à Alger, Ernesto dénonce le manque d’esprit socialiste dans les échanges économiques entre les pays du tiers monde et l’URSS, cette dernière pratiquant des prix quasi identiques à ceux du marché capitaliste (« Les pays socialistes, déclare-t-il, ont le devoir moral de liquider leur complicité tacite avec les exploiteurs de l’Ouest »). Les soviétiques n’apprécieront pas ce discours. De retour à La Havane à la mi-mars, le Che s’enferme durant deux jours avec Fidel qui le convainc d’abandonner toute charge publique pour calmer les Russes. Contrairement à une légende tenace, il n’y avait pas de grosses divergences entre le Che et Fidel, lequel était également très critique envers les partis communistes latino-américains et s’opposait aux méthodes et aux orientations de la bureaucratie d’URSS. Le Che quitte Cuba en avril 1965, fidèle à son engagement de militant internationaliste  : « d’autres terres du monde réclament le concours de mes modestes efforts... ». Par ailleurs, il a analysé ses propres erreurs concernant le développement économique de l’île. Au niveau de l’agriculture, il avait attaqué, avec justesse, la monoculture de canne à sucre. Mais la politique de polyculture qui a été instaurée pour pallier cela fut désastreuse car trop diversifiée à la fois, ce qui entraîna une chute de la production agricole. Le Che pense aussi qu’il faut vendre le sucre de manière équitable, à son juste prix, ce qui était impossible, tant sur le marché capitaliste que sur le marché des pays socialistes. Au niveau industriel également, le Che critiqua ses propres erreurs. Si l’industrialisation est théoriquement juste pour sortir du sous-développement et bâtir le socialisme, elle ne peut échapper aux contraintes internationales et nationales. Mais le pire obstacle pour l’industrialisation préconisée par le Che fut le manque cruel de matières premières pouvant alimenter cette industrialisation car les coûts d’importation de ces matières étaient trop élevés. Une fois de plus, Cuba s’affronte aux dures lois du marché mondial. Et le Che en tire, avec justesse, comme conclusion qu’il est impossible de construire définitivement le socialisme dans un seul pays, qui plus est dans une petite île dépourvue de matières premières et d’énergie, et obligée de se soumettre aux lois des marchés. La seule solution résidait donc en une extension de la révolution car si d’autres pays prenaient la voie de Cuba, des échanges économiques justes et équitables, cette fois-ci, permettraient à tout un chacun de combler ses lacunes respectives au niveau économique. De plus, la victoire d’autres révolutions permettrait à Cuba de se renforcer politiquement non seulement face à l’impérialisme US, mais également d’empêcher toute mainmise du pays et de sa politique nationale et internationale par les soviétiques et les chinois. Et comme pour le Che, théorie et pratique ne font qu’un, et qu’il existe, tout au long de sa vie, une cohérence parfaite entre sa pensée et ses actes, il décide d’aider à la révolution internationale. Il quitte Cuba et tente de libérer le Congo de la domination impérialiste (belge notamment). Mais, après six mois passés dans ce pays, sa guérilla, composée de Cubains et de Congolais (où il rencontre Laurent Désiré Kabila, qui ne lui fera pas très bonne impression !) s’enlise dans les difficultés. Le manque de moyens matériels et les dissensions entre les différents groupes rebelles congolais auront raison d’une expérience qui semble aujourd’hui insuffisamment préparée. Le Che est donc obligé de quitter le Congo. Ne pouvant réapparaître publiquement à Cuba, le Che lance en 1966 une guérilla en Bolivie. Son dernier combat...

Déguisé, il arrive fin octobre en Bolivie où, avec un groupe de 17 cubains, plusieurs boliviens et autres latino-américains, il tentera d’implanter un foyer de guérilla conséquent. Le choix de la Bolivie (dirigée alors par le dictateur Barrientos) avait une valeur symbolique et stratégique. Symbolique parce que le nom du pays vient de celui de Simon Bolivar, dirigeant des guerres d’indépendance latino-américaines du XIX siècle contre la domination espagnole. Il rêvait d’unir toute l’Amérique Latine en une seule entité politique. Stratégique car le pays se trouve au cœur du continent, avec des frontières avec 5 autres Etats. Le Che voulait créer une école de guérilla d’où essaimeraient d’autres foyers partout en Amérique latine. Mais l’utilité de la guérilla était également de contribuer à l’affaiblissement de l’impérialisme qui, à ce moment-là, concentrait une grande partie de ses forces dans la lutte contre le peuple vietnamien. Après plusieurs mois d’activité et quelques succès, la guérilla rencontre d’énormes difficultés : pas un seul paysan indien ne fut recruté à la cause, les indiens vivant dans la région où opérait la guérilla étant très peu nombreux et très isolés. La zone du Nancahuazu était proche des frontières de plusieurs pays mais elle ne répondait pas à la possibilité de créer un véritable foyer de guérilla, capable de créer une situation de double pouvoir territorial. Ensuite, le déclenchement du conflit armé, le 23 mars 1967, fut à l’initiative de l’armée, à un moment où la guérilla, en pleine phase d’entraînement et de reconnaissance du terrain, n’était pas encore prête au combat. Enfin, la guérilla est totalement isolée par rapport à la ville et manque de soutien de la part du Parti communiste bolivien. L’histoire du Che se termine à la Higuera : interrogé et identifié par des officiers boliviens, blessé à la jambe, il sera laissé sans soins durant toute une nuit. Le lendemain, vers 10h00, l’ordre d’abattre le prisonnier est donné par les autorités boliviennes, conseillées par la CIA. Il est 13H10, le 9 octobre, quand le Che est abattu par Mario Teran.

Conclusion : A présent, un souffle d’air frais soulève l’Amérique latine et Cuba n’en est plus à construire le socialisme sur une seule île. La pensée et l’oeuvre du Che y survivent Souvent inconsciemment, et sans connaissances historiques profondes, des milliers de gens, des jeunes surtout, identifient le Che comme un symbole du refus et de la révolte contre les injustices de ce monde. Le Che n’avait-il pas écrit à ses propres enfants : « Surtout, soyez capables de ressentir au plus profond de vous même chaque injustice qui se commet de par le monde ». En ce sens, le « retour du Che » actuel est positif. Mais il doit absolument dépasser ce stade s’il veut devenir mobilisateur de révoltes concrètes et conscientes. Pour ce faire, seule une connaissance approfondie de la vie et de l’oeuvre de Che Guevara, non plus en tant que mythe ou qu’icône à vénérer béatement, mais en tant que personnage révolutionnaire historique, pourra contrebalancer les aspects « marchands » de ce retour. Mais revenir à Che Guevara signifie également revenir sur les idéaux et les théories qui ont animé et donné tout leur sens à son combat, c’est à dire revenir aux théories du marxisme révolutionnaire, du communisme. Et cette connaissance, pour être utile et complète, doit s’accompagner d’un engagement révolutionnaire concret et collectif pour changer ce monde de misère, d’oppression, d’exploitation et d’injustice. Si le Che n’a pas gagné tous ses combats, son image omniprésente prouve au moins qu’il incarne des valeurs toujours actuelles. Son spectre continue de hanter un monde où la civilisation connaît un recul sans précédant, où le pouvoir politique est le moyen de réalisation d’ambitions personnelles. A l’inverse, le Che a tenté d’étendre les champs du possible. Le combat désintéressé qu’il a mené pour un monde juste et humain continue cependant de faire sens en vivant dans la mémoire collective. Peut-être est-ce là sa plus grande victoire... Ainsi reste-t-il encore à prouver que le Che est un vaincu de l’Histoire ! Que l’avenir soit socialiste puis communiste, ce n’est une nécessité historique écrite nulle part ; il n’est pas inéluctable que les opprimés de tous les pays s’unissent et brisent la domination. Pour tous ceux qui ne veulent pas mourir sans avoir connu le grand soir, c’est aujourd’hui plus que jamais, « le socialisme ou la mort ! » Pour approfondir...

- Michael Löwy : "La pensée de Che Guevara, un humanisme révolutionnaire”, éditions Syllepse, Paris 1997.

- Paco Ignacio Taibo II : " Ernesto Guevara, connu aussi comme le Che ", Ed.Métaillé/Payot 1997.

- E. Che Guevara : Latinoamericana (voyage à motocyclette), 1000 et une Nuits, 2004.

- La guerre de guérilla, Maspéro, 1967.

- Textes politiques, la Découverte, 2001.

- Textes militaires, la Découverte, 2001.

- Passages de la guerre révolutionnaire : le Congo, éditions Métaillé, 2000.

- Journal de Bolivie, La Découverte, 1997.

* Cet article nous a été transmis par des camarades de l’Espace Che Guevara au Havre. Si la figure du Che transcende parfois les clivages, nous n’avons par contre pas la même analyse de la situation notamment concernant Cuba (voir le livre L’anarchisme à Cuba, paru aux Ed. de la CNT-RP), mais " Nous pouvons douter de tout, sauf de notre devoir d’être toujours au côté des humiliés qui luttent ".


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