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AccueilJournalNuméros parus en 2007N°63 - Novembre 2007 > STOP OU ENCORE ?

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Mobilisations

STOP OU ENCORE ?

GRÈVE À LA SNCF, À LA RATP, À EDF, À L’ÉDUCATION NATIONALE...


Après « La rue ne gouvernera pas » du Premier Ministre Raffarin pendant les grèves des retraites de 2003, c’est au tour de Sarkozy de jouer les gros bras dans le conflit des régimes spéciaux en menaçant les cheminots lors d’une rencontre dans un dépôt SNCF de Seine Saint-Denis. Si la mobilisation du 18 octobre a été très fortement suivie à la SNCF, à EDF et à la RATP, elle a été plus faible à l’Éducation nationale et dans le reste du secteur public.


Les mouvements de 2003 et de 2006 ont démontré qu’une mobilisation espacée dans le temps sans revendication unitaire ne peut créer un rapport de force favorable avec le gouvernement et le patronat. Le gouvernement Fillon fait de la réforme des régimes spéciaux une bataille idéologique essentielle à la conduite de sa politique : on se demande d’ailleurs si le but recherché, faire plier un des derniers bastons ouvriers combatifs, n’est pas tout l’enjeu de cette réforme. En effet, en cas de défaite, quel secteur aura encore les moyens de peser par un arrêt de la production (comme peuvent le faire les cheminots) pour faire reculer les nouvelles mesures libérales qui sont dans les cartons comme celle sur la réforme du contrat de travail.

Si SUD-Rail et FO ont porté la grève reconductible, la CGT a refusé de s’associer à ce mot d’ordre (même si des sections s’y sont joint) alors que la grève avait été massive (75% de grévistes) ; la FGAC (conducteurs autonomes) a négocié dans son coin l’aménagement pour les roulants d’une meilleure situation. Lors de la réunion du 22 octobre, l’ensemble des organisations syndicales a rappelé qu’elles étaient contre la réforme mais sans préciser les modalités des futures actions... Et on sait bien que certaines fédérations comme la CFDT sont prêtes à lâcher du lest si des compensations nouvelles sont apportées en vue de l’abandon des 37,5 annuités. On risque donc d’aller vers une nouvelle mobilisation dont l’enjeu serait de peser dans les négociations pour obtenir le maximum, sans pour autant faire du refus du passage aux 40 annuités la revendication intouchable.

Dans le même temps, les fédérations de fonctionnaires, vont, elles aussi, lancer une nouvelle mobilisation pour le 20 novembre sur la question des salaires et pour un service public de qualité et de proximité. Il faut dire que si elles ne se bougent pas, la pilule va être dure à avaler dans les prochaines années. Sarkozy a annoncé, à l’Institut régional de l’Administration de Nantes le 20 septembre qu’il y allait avoir de la « rupture » dans la fonction publique avec introduction du libéralisme comme méthode d’organisation sociale du travail : non remplacement d’un départ en retraite sur deux ; « Pour certains emplois de la fonction publique (...) les nouveaux entrants [pourraient choisir] entre le statut de fonctionnaire ou un contrat de droit privé négocié de gré à gré » ; individualisation des rémunérations, pour tenir compte « du mérite, de l’implication, de l’expérience, des résultats ».

ÉLARGIR LA MOBILISATION

La confrontation est donc inéluctable si l’on veut gagner. Il y a peu de chances que le gouvernement recule comme il l’a fait pour les internes en médecine qui ont obtenu la satisfaction de leurs revendications ; il faut dire que ces derniers ont plus de poids dans l’appareil de l’UMP que les travailleurs de la SNCF, d’EDF ou de la RATP. Les ouvriers doivent « travailler plus pour gagner moins » au vu de la stagnation des salaires et de l’augmentation des prix. La lutte de classes que l’on dit d’une autre époque ne l’est ni pour les dirigeants du Medef qui ont constitué sur le dos de leurs salariés une cagnotte en cas de grève [1] et pour graisser la patte de certains dirigeants syndicaux, ni pour le gouvernement qui veut mettre un terme aux dernières conquêtes sociales issue du Conseil national de la Résistance.

D’autre part, si on n’élargit pas les revendications à des questions qui touchent l’ensemble des couches populaires, la division entretenue par le pouvoir sera encore une fois efficace. Au lieu de saucissonner les revendications et les journées de mobilisation, il nous faut descendre dans la rue, ensemble, pour dénoncer l’ensemble des logiques libérales. Avec les syndicats les plus combatifs, avec les associations, il faut s’organiser, pour imposer une grève générale de tous les secteurs professionnels public-privé, en même temps, pour le retour au 37,5 annuités pour tous et contre les franchises médicales, le RSA (Revenu Social d’Activité), le flicage des chômeurs et précaires, etc. L’unité à la base dans des comités de lutte doit permettre de dépasser les clivages entre syndiqués et non-syndiqués, et surtout de se passer des bureaucraties syndicales qui n’encouragent en rien la mise en place de rencontres interprofessionnelles et d’assemblées générales.

Si l’on ne se bat pas, on est déjà vaincu. Alors à nous de retrouver les chemins de la rue et de faire en sorte que le plaisir d’être ensemble nous ouvre de nouvelles utopies sociales et politiques pour opérer la rupture avec ce capitalisme destructeur !


[1] L’affaire Gautier-Sauvagnac où 600 millions d’euros servent de réserve aux patrons en cas de conflit. Cette caisse a été constituée après mai 68 ; Sarko qui voulait liquider l’héritage de 68 va pouvoir s’y atteler...


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