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Luttes socialesFRAGMENTS D’UNE CONTESTATION (2)PARIS 8
Le mois de novembre 2007 s’est plutôt bien passé dans l’université en lutte de Paris 8 - Saint-Denis. Après un mois de mobilisation consacré à la diffusion de l’information (tracts, AG hebdomadaires etc.), et après constatation de l’inefficacité d’une grève sans blocage pendant les premières semaines de novembre, l’Assemblée Générale du lundi 12 novembre a massivement voté le blocage des cours et l’occupation nocturne des locaux à partir du lendemain. Le premier jour de blocage et la manifestation qui s’en est suivie ont été plutôt réussis, mais très vite la grève de la RATP et de la SNCF ont rendu notre fac banlieusarde quasi-déserte : dès le mercredi 14 novembre, et pour environ une semaine, il était difficile d’accéder à la fac sans habiter à proximité. Le blocage des cours s’en est donc trouvé réalisé de facto jusqu’au lundi 25 novembre. Pendant ce temps, l’occupation du bâtiment C s’est maintenue, mais faute d’un renouvellement suffisant des occupant- e-s, en partie du fait des grèves des transports, de réelles dynamiques autogestionnaires ne se sont pas vraiment mises en place. On a aussi pu continuer à faire des AG régulières (notamment une mémorable AG de plus de sept heures le mercredi 21 novembre), et à participer aux manifestations parisiennes les mardi et jeudi. Lorsqu’est arrivée l’Assemblée générale du lundi 26 novembre, nous n’étions pas rassurée- s : un gros afflux d’étudiant-e-s risquait en effet de compromettre la suite de la grève. L’AG fut effectivement énorme (beaucoup plus de mille participant-e-s), mais la grève avec blocage fut reconduite à une très grande majorité des participantes. Mais on a alors commencé à se heurter à un autre problème : des centaines de personnes votaient le blocage, mais beaucoup moins était présentes le matin pour rendre cette décision effective. Et l’occupation nocturne comme la tension montante sur les blocages n’arrangeait pas les choses, en épuisant les plus motivé-e-s. C’est pourquoi l’AG interprofessionnelle du jeudi 29 novembre (journée banalisée par le président de l’université) a décidé, à la quasi-unanimité des six cents présent-e-s, de prononcer la suspension des cours, leur remplacement par des ateliers alternatifs tournant autour de la lutte actuelle, sans poser explicitement la question du blocage physique des accès aux différents bâtiments. Les premiers résultats ne sont pas très concluants : beaucoup de cours ont lieu de façon normale, ce qui risque de pénaliser les militant-e-s des départements concernés, malgré une motion du CEVU soutenant officiellement la mobilisation et interdisant les sanctions directes ou indirectes contre les grévistes. S’il est difficile de savoir sur quoi le mouvement des facs va aboutir, quelques réalisations concrètes donnent de bonne raison de croire que ce qui se passe en ce moment à Paris 8 n’est pas vain. D’abord, les cours alternatifs, notamment lorsqu’ils associent dans leur préparation étudiant-e-s et enseignant-e-s, sont bien suivis, dès lors qu’ils sont correctement annoncés, et leur contenu est souvent de très haute tenue. Ensuite, malgré des départs parfois difficiles, de véritables avancées ont eu lieu en matière d’organisation autonome : AG de plus en plus démocratiques, panneaux d’information collectivement mis à jour, comités de mobilisation ouverts à tou-te-s etc. Enfin, la tenue de réunions par UFR a permis que des liens politiques nouveaux se nouent et que des luttes plus locales s’initient : ainsi dans plusieurs UFR les étudiant-e-s ont obtenu d’être associé-e-s collectivement à la construction des futures maquettes d’enseignement. Il est clair que tout cela a pu être fait parce que la direction de Paris 8 - Saint-Denis n’est pas en conflit avec le mouvement (ce qui pose d’autres problèmes), et que ces réalisations ne garantissent en rien la construction d’un rapport de force avec le gouvernement. Mais elles participent à un mouvement de fond en faveur de l’autogestion universitaire, et plus généralement au développement des pratiques autogestionnaires chez les étudiant-e-s mobilisé-es et au-delà. C’est ce mouvement qu’il est de notre responsabilité de nourrir, en même temps que nous participons à la lutte actuelle pour l’abrogation de la loi Pécresse. |
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