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AccueilJournalNuméros parus en 2007N°64 - Décembre 2007 > MOUVEMENT LYCEEN NANTAIS

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Luttes sociales

MOUVEMENT LYCEEN NANTAIS


Malgré les oppositions des proviseurs, du rectorat, des anti-bloqueurs, la mobilisation des lycéen-nne-s a été très forte. Elle démontre toute la vitalité et l’engagement d’une jeunesse pour qui le pouvoir n’a que mépris et violence.


Alors que les facs ont commencé la lutte depuis plusieurs semaines, c’est seulement le 16 novembre que la mobilisation lycéenne commence à prendre réellement forme à Nantes. Une première réunion d’information sur la LRU est organisée dans un lycée. Il faut savoir que le rectorat a envoyé une lettre à tous les proviseurs leur demandant d’être extrêmement vigilant quant à l’agitation possible dans les lycées dés la rentrée de Toussaint et leur demande “d’interdire formellement” toute AG dans les lycées. Ainsi si cette réunion a pu avoir lieu, c’était à condition de ne pas parler des moyens d’actions éventuels.

Le mardi 20, journée de grève nationale, 4 lycées débrayent et quelques centaines de lycéens se joignent au cortège étudiant. Jeudi 22 un premier lycée est bloqué. L’après-midi, 2000 étudiants et lycéens défilent. Après à la manif, une réunion débouche sur la création d’une coordination lycéenne.

Vendredi 23, le mouvement s’accélère. De nouveaux lycées votent le blocus.mais déjà la répression s’enclenche. Sur demande du proviseur, une vingtaine de flics empêchent les grévistes du lycée Jules Verne de bloquer. Ceux qui ont voulu prendre en photo l’intervention policière ont été contrôlés et les photos supprimées... Le proviseur a menacé les bloqueurs : “Je ne vous oublierais pas, à la moindre faute, croyez-moi que je serais là. Lisez bien le règlement intérieur ! Votre année va être un enfer."

Mardi 27, le mouvement prend de plus en plus d’ampleur. On dénombre 13 lycées bloqués ou perturbés. L’aprèsmidi 3000 personnes défilent du centre vers les facs. À la fin, il est prévu d’occuper le rectorat. Un grillage est forcé et plusieurs centaines de personnes s’engouffrent dans le parc. La centaine de CRS et BAC repoussent violemment les manifestants majoritairement non-violents. Alors que tous les manifestants étaient sortis du parc et se trouvaient dans la rue, la police tire au flashball à tir tendu. Il y a plusieurs blessés, dont un lycéen de 16 ans gravement atteint à l’oeil, on compte aussi plusieurs interpellés.

Jeudi 29 Novembre, loin de faiblir face à la répression, la mobilisation lycéenne atteint son paroxysme, 19 lycées sont perturbés dont une dizaine bloqués totalement. À 15H, 4000 lycéens et étudiants rejoints par quelques profs et parents ont défilé pour demander le retrait de la LRU et dénoncer les violences policières. Des lycéens de Saint- Nazaire étaient présents malgré l’échec de leur tentative de train gratuit pour venir. Le soir même on apprend que le lycée Vallet, le seul du vignoble nantais, dont la fermeture a été annoncée est occupé par ses élèves.

Vendredi après-midi la coordination lycéenne se réunit à la fac. Faute de locaux et d’organisation, la coordination nationale lycéenne prévue pour le week-end a été annulée, peut-être reportée pour la semaine suivante... Samedi matin, une marche silencieuse contre les violences policières a rassemblé 500 personnes.

Aujourd’hui, lundi 3 décembre, la police est intervenue sur la plupart des lycées pour empêcher tout blocus. 400 lycéens sont partis en manif sauvage vers la fac où s’est tenu une AG lycéenne dans l’un des amphis encore occupés.

BILAN PROVISOIRE

19 lycées, général comme professionnel, public comme privé, se sont mobilisés en l’espace d’une semaine à Nantes. Cela montre le refus massif de la jeunesse, non seulement face à la LRU mais aussi tout simplement face à Sarkozy, car :

- On peut également observer une répression beaucoup plus forte qu’il y a 2 ans, ce qui montre la volonté du gouvernement de casser tout mouvement de jeunesse. La violence policière à l’encontre le plus souvent de manifestants pacifiques aura au moins permis de faire avancer les débats lycéens sur la légitimité de la violence face à la police.

- Les déclarations de l’UNEF et des syndicats lycéens UNL et FIDL permettent d’y voir plus clair pour ceux qui avaient encore des doutes sur leurs intentions.

Par comparaison avec le mouvement d’il y a 2 ans les blocus sont beaucoup moins créatifs et vivants. La faute certainement à une météo qui rend assez pénible le blocus mais aussi à la répression et à une tension généralisée dans tous les lycées.

La colère contre la répression policière a en effet égalé la lutte contre la LRU dans beaucoup de lycées. Aujourd’hui, la police intervient contre tous les lycéens qui bloquent mais on reste mobilisé et vu les différentes AG et réunions, on est en droit de penser qu’ici à Nantes ce n’est pas le début de la fin mais plutôt la fin du début.

Il existe à présent un réseau lycéen solide et relativement structuré, ce qui est plutôt essentiel vu les futures réformes que l’on nous prépare.

Alex


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