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AccueilJournalNuméros parus en 2002N°9 - Mai 2002 > Forum contre les politiques sécuritaires

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Forum contre les politiques sécuritaires


Depuis plusieurs mois le réseau No Pasaran ! a entrepris un travail de long terme sur le terrain du sécuritaire. Dans cette perspective, le Scalp / Reflex Paris participe à l’organisation d’un forum anti-sécuritaire, en collaboration avec le MIB et le "réseau contre la fabrique de la haine". Ce forum ambitionne d’être un jalon majeur dans la construction d’un pôle de résistance aux lois et politiques sécuritaires, et se donne dans cet esprit deux objectifs principaux : donner la parole à ceux qui vivent au quotidien les répercussions négatives de ces lois, et leur permettre de se rencontrer afin que commencent à se tisser des liens entre différents points de résistance jusqu’à présent isolés les uns des autres.
L’idée n’est pas d’organiser une énième conférence-débat avec des universitaires, qui viendraient nous expliquer une nouvelle fois comment se construisent discours et pratiques sécuritaires et à quel point l’ensemble crée un climat délétère favorable à tous les débordements des forces de l’ordre. Pas plus qu’il ne s’agit de fournir une tribune à des groupes politiques – organisateurs y compris.
Au contraire, le choix a été fait d’inviter et de laisser la parole à des groupes qui luttent contre les conséquences des politiques sécuritaires au niveau local. Ainsi seront présents, et seuls à la tribune, des collectifs venus de toute la France et créés le plus souvent en réaction directe à des bavures ou à des abus de pouvoir manifestes de la part des forces policières. Il s’agit ici de donner la parole à ceux qui en sont privés habituellement par les grands médias, à ceux qui vivent au jour le jour le sécuritaire, afin de dénoncer l’hypocrisie des politiciens et de mettre en lumière les vrais problèmes que sont l’exploitation économique sous toutes ses formes, le racisme, et une politique d’apartheid social qui crée de fait des "zones à problèmes".
Mais l’objectif n’est pas seulement médiatique. Au-delà, et surtout, il s’agit d’œuvrer à la formation d’un réseau plus ou moins structuré afin de lutter plus efficacement contre ces politiques sécuritaires. Formation qui passe, en premier lieu, par la rencontre des différents protagonistes de cette lutte, jusqu’à présent éparpillés sur le territoire au hasard des balles "perdues" de la police et de ses acolytes – vigiles, matons, etc. Tel est le second, et sans doute principal objectif de ce forum. C’est là un premier pas, nécessaire à ce que se développe ensuite un véritable courant anti-sécuritaire, issu de la base de la population et apte à lutter par lui-même contre les violences étatiques et économiques qui lui sont faites au jour le jour par le capitalisme et ses alliés.


En juin 1997, le Parti Socialiste remportait les élections législatives sur la base d’un programme énonçant “trois priorités : l’emploi, l’éducation et la santé”.
Trois semaines plus tard, Lionel Jospin annonçait pour son gouvernement “deux priorités : l’emploi et la sécurité”.
image 159 x 170Depuis cinq ans, la surenchère sécuritaire ne s’est pas démentie.
Des élections municipales à la campagne présidentielle, en passant par “le contexte de l’après 11 septembre”, tout est bon pour justifier la répression :
- plan “Vigie-pirate renforcé”,
- présence permanente des policiers dans les quartiers, y compris dans les écoles (dans le cadre des “contrats locaux de sécurité”),
- loi “sécurité quotidienne” (dispersion des rassemblements dans les halls d’immeubles, prison pour la fraude dans les transports en commun...),
- incarcération massive des jeunes des quartiers,
- projets de “centres fermés” et autres maison de correction”,
- culpabilisation, voire criminalisation des parents de “mineurs délinquants”, accusés à tort de “démission” ou de complicité.
Cette politique sécuritaire, soutenue par une intense propagande des grands médias, occulte toute une série de violences sociales :
- chômage,
- précarité,
- discriminations racistes... Elle vient aussi légitimer et nourrir d’autres violences, qui s’exercent contre la jeunesse issue des classes populaires et de l’immigration :
- contrôles au faciès, fouilles humiliantes, brutalités policières,
- sanctions disproportionnées prononcées dans les tribunaux,
- violences contre les détenus... Sans oublier la collaboration active des contrôleurs et des vigiles de toutes sortes. Ces violences ne datent certes pas d’hier. Mais elles se multiplient ces derniers mois dans tout le pays. Notamment à Mantes-la-Jolie, Les Mureaux, Chatenay-Malabry, Paris, Saint Denis... Elles sont couvertes par l’administration, et bénéficient de l’impunité judiciaire, même lorsqu’elles entraînent la mort. Par exemple, ces derniers mois :
- acquittement du policier Pascal Hiblot, qui avait abattu Youssef Khaif d’une balle dans la nuque,
- non-lieu pour la mort d’Abdelkader Bouziane, tué dans des conditions semblables,
- réduction à huit mois avec sursis des peines des policiers responsables de la mort d’Aissa Ihich, Ces décisions constituent de fait un permis de tuer. Moussa, abattu le 2 janvier 2002, en est l’une des plus récentes victimes.
En réaction à cette logique meurtrière, un courant de solidarité commence à se structurer. C’est ainsi qu’est née l’idée d’organiser une journée de rencontres.
Il s’agit de permettre aux victimes, à leurs proches et à toutes les personnes déjà mobilisées contre les violences policières de se rencontrer, de témoigner et d’échanger des expériences, afin de se donner les moyens juridiques et politiques de résister ensemble.
Cette initiative n’a donc pas pour seul but de réfuter, une fois de plus, l’argumentaire sécuritaire. En effet, une posture uniquement défensive rencontre vite ses limites, ne serait-ce que parce que nous ne disposerons jamais des moyens médiatiques acquis aux promoteurs de la surenchère sécuritaire. Au contraire, seule une action offensive est efficace. Il s’agit désormais d’accuser et de rendre visibles les vrais problèmes.
Il s’agit surtout de contribuer à une plus grande visibilité des acteurs des banlieues, qui sont l’objet de nombreux discours, mais auxquels la parole est systématiquement refusée.
Le mouvement des sans-papiers, après bien d’autres exemples, l’a rappelé : pour neutraliser les discours de mépris et de stigmatisation, seule est efficace la prise de parole des personnes concernées. Il s’agit donc de redistribuer les rôles, en laissant aux militants des banlieues, habituellement absents, ou relégués à la place du “témoin”, le rôle d’orateurs, d’analystes et de force de proposition.
Contre :
- les violences faites aux jeunes des quartiers populaires et issus de l’immigration
- la précarité et l’insécurité que vit au quotidien une grande partie de la population Agissons ensemble


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