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AccueilJournalNuméros parus en 2003N°23 - Octobre 2003 > MARCHE OU CREVE

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MARCHE OU CREVE


Ah, cela faisait quelques temps que nous ne les avions pas vus dans les pages de No Pasaran ! Allez, petite rencontre avec Bring’s, le chanteur des Freedom for King Kong (FFKK), lors de leur dernière date dans le Finistère, alors que leur nouvel album " Marche ou rêve " vient de sortir.


No Pa : Voilà un an que je ne vous ai pas vu sur scène, depuis notre dernière rencontre… Quoi de nouveau pour les FFKK ?

Bring’s : Cette année a été surtout placée sous le signe du travail intensif : on est rentré en studio en avril 2003, et lors de notre dernière rencontre, nous étions en pleine écriture de ce nouvel album. Bref, notre année a donc été placée sous le signe " fouette toi si tu veux sortir ton disque à temps "... Autrement, eh bien on a tous pris un an de plus !


No Pa : Lors de la préparation de l’album, certains événements semblent t’avoir marqué, comme l’entre deux tours des élections, est ce que tu penses que les politiciens ont compris, fait un bilan de ce qui s’est passé ?

Bring’s :
Je pense que notre mode politique est de plus en plus proche de celui des Etats-Unis : tout est lié à l’influence, à l’opinion plutôt qu’à l’idée. Il me semble qu’ils ne se sont toujours pas rendus compte et qu’ils considèrent que c’était un accident. Et on a, du côté de la gauche, une recherche de récupération et d’exploitation, des contestations sociales et des mouvements " altermondialistes " qu’ils ne peuvent pas contrôler. Le problème est d’autant plus important que ce qui est proposé par cette gauche ne correspond en aucun cas à ce que recherchent les gens, à ce qu’ils veulent entendre. Alors, le 21 avril a été un séisme sur l’échelle de Richter, un petit 3,5 ; mais il faudrait se méfier des prochaines élections, que l’on n’arrive pas à un 5 ou 5,5 ! Et avec une ou deux région aux mains du FN, on serait quand même largement dans la merde !


No Pa : Justement, à propos de récupération, au rassemblement du Larzac le stand du PS a été démonté. Qu’en penses-tu ?

Bring’s :
Je ne crois pas que cela soit réellement la solution, il me semble qu’il faut aller de l’avant pour trouver des solutions constructives. Après, le PS reste un parti de gouvernants, et non un parti de gauche, et s’ils veulent se rapprocher de cet électorat, il faut aller au delà des paroles.


No Pa : Petit retour sur l’album et sur les textes qui restent avec un message politique : être sur scène c’est pour dire quelque chose.

Bring’s :
Si on voulait faire des chansons sympas, remplies de bons sentiments, on ne ferait pas des analyses de ce qui se passe autour de nous. Pour FFKK, la musique a toujours été un accompagnement des mots, et ces mots sont le reflet de notre personnalité, pas ceux d’un mouvement, vu que nous n’avons pas d’engagement politique, mais nous sommes socialement concernés et donc c’est automatique, nous rejoignons un terrain commun à la politique.


No Pa : Bon, un terrain de la société lié à cet été, nous ne pouvons pas ne pas parler des intermittents, comment as-tu vécu cela ?

Bring’s :
Cela fait quatre ans que nous sommes intermittents. Après, sur le mouvement de l’été, j’ai un sentiment partagé et j’ai entendu des choses qui m’ont vraiment plu, j’ai entendu des revendications très intéressantes, mais j’ai aussi entendu des choses qui m’ont complètement déplu et j’ai trouvé qu’il y avait une forme de récup’ de ce qui a pu être loupé au printemps. Le mouvement n’a pas suffisamment été élargi à l’effet de " paupérisation " de la culture qui se fait avec la mise en avant de la culture comme un produit de consommation, alors qu’à mes yeux, c’est autre chose que quelques débiles qui font les cons à la télévision. C’est donc toute une réflexion en profondeur sur la culture qu’il faudrait aborder et pas qu’un bifteck dans une assiette : l’intermittence, on en a besoin pour vivre, créer, pour faire les choses, mais au niveau de la culture, là, on touche le fond. Et de voir que ces émissions vont être subventionnées comme temps culturel... Je trouve que le mouvement aurait dû franchir le pas de l’intermittence pour aller à une réflexion plus globale sur la culture et par la même occasion sur la société. Cette réaction est, me semble-t-il, totalement liée au sentiment que pour réagir, il faut être touché et ça, c’est un peu dommage.


No Pa : Justement, certains intermittents ont bloqué les castings de Star Académie ou autres : qu’en penses-tu ?

Bring’s :
Au début, j’ai eu le sentiment que le mouvement ne voulais pas aller plus loin que le dernier mouvement, il y a quatre ans, et là j’ai été très déçu : on sait où sont les abus, et quitte à bloquer un pied de la culture, autant bloquer la culture la plus pourrie : la télévision. Pour moi, c’était la première action à faire, bloquer la télévision en allant droit dans le tas ! Et là, peut être que les gens auraient pris plus rapidement conscience de ce qu’est un intermittent.


No Pa : Petit retour sur l’album : les deux premiers album sont sortis sous distributeurs, encore une nouvelle...

Bring’s :
Oui, une nouvelle, celle là plus stable vu que l’on travail avec Hervé Bergerat pour la distribution, mais FFKK reste producteur de ces disques. Là, on est sur un projet construit durant un an et demi, et après, on verra bien !


No Pa : Et Freedom marche pour quoi ?

Bring’s :
On marche aux piles alcalines...


No Pa : Et rêve à quoi ?

Bring’s :
À ne pas marcher ! Non, la marche on a arrêté, ça use les souliers et le rêve, on est en permanence dedans car on n’a pas oublié ce qu’est le plaisir gratuit.


No Pa : un dernier mot ?

Bring’s :
Euh, faut boycotter Coca, Mac do et tous les gens qui veulent se faire passer pour du commerce équitable, altermondialiste et qui n’en font pas !


Rico (SCALP Brest)


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