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AccueilJournalNuméros parus en 2001N°4 - Décembre 2001 > "On n’est pas des steaks hachés !"

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Grève chez McDonald’s Strasbourg Saint-Denis contre les licenciements

"On n’est pas des steaks hachés !"


Depuis le 24 octobre dernier, les salariés du McDo de Strasbourg Saint-Denis à Paris (IIème) sont en grève illimitée pour obtenir la réintégration de cinq de leurs collègues licenciés pour fait syndical : deux étaient syndiqués, dont l’un avait fait l’objet d’une tentative de licenciement en septembre, les trois autres devaient se présenter aux élections de délégués du personnel prévues quinze jours plus tard. Pour donner sans doute plus de poids à cette décision, la direction les accuse (comme par hasard tous les cinq !) de malversations pour un montant de un million de francs (!).


Après une tentative de médiation de l’inspection du travail, la situation est bloquée. Le franchisé et en fait McDo refusent en bloc les revendications. Le climat est devenu image 315 x 161si détestable que les grévistes exigent en plus de la réintégration des 5 licenciés, le départ pur et simple du gérant.
Ces pratiques ne sont pas nouvelles chez McDonald’s France qui applique les méthodes managériales de ses homologues étasuniens et s’oppose par tous les moyens à l’émergence de syndicats dans ses filiales ou chez ses franchisés. Développer le système des franchises est d’ailleurs une stratégie pour contourner les obligations légales concernant les syndicats et s’affranchir du coût de la gestion directe des "ressources humaines". Les niveaux de rémunération et les conditions de travail chez McDonald’s sont telles :
- salaires au SMIC pour les équipiers et très bas pour tous, temps partiels systématiques, cadences infernales, pressions permanentes générant un fort taux de turn over, heures supplémentaires rarement payées, non respects des règles d’hygiène et de sécurité, absence de prime d’ancienneté
- que les salariés n’en pouvant plus cherchent à s’organiser pour réclamer une amélioration de leur sort. C’est alors que la répression antisyndicale s’abat sur eux : avertissements, harcèlements, procès, et aujourd’hui licenciements. La situation est d’ailleurs comparable dans les autres chaînes de la restauration rapide, Pizza Hut (mise à pied puis licenciement d’un délégué CGT), Quick (mise à pied d’une déléguée pour avoir participé à une émission de Ruquier), EuroDisneyland, etc.

Ainsi une première grève de quinze jours a-t-elle éclatée au McDo du Boulevard Saint-Germain à Paris en décembre 2000 pour exiger des augmentations de salaires et des primes de fin d’année, grève qui a abouti à quelques avancées et fut une première.
En février 2001, c’était au tour de Pizza Hut Opéra de faire 32 jours de grève pour obtenir des relèvements de salaires et des primes de fin d’année, le paiement des heures de nuit et une amélioration des conditions de sécurité. Là encore, la lutte a payé et une (légère) augmentation a été obtenue ainsi que certaines primes.
A l’issue de cette grève s’est constitué un Collectif CGT de la restauration rapide (la plupart des syndiqués de ces enseignes étant à ce syndicat) qui s’est depuis étendu aux salariés des grandes surfaces de ventes de livres et de vêtements. S’est aussi constitué le réseau Stop-Précarité qui a vocation à regrouper des syndicats, des associations de chômeurs et précaires et des chercheurs pour dénoncer et combattre l’extension de la précarité dans le monde du travail.

Depuis plus de trois semaines, les grévistes du McDo de Strasbourg Saint-Denis sont installés devant le restaurant (fermé et occupé par des vigiles) où ils se relaient autour de pétitions, d’une caisse de solidarité, de tracts et surtout de leur ténacité.
Malgré la fatigue et le froid, ils ne veulent pas céder et sont décidés à faire plier McDo qui a clairement choisi la carte du pourrissement.
Petit à petit des militants sont intervenus, souvent à titre individuel, pour les aider à organiser la solidarité et l’information sur la lutte. Présence sur place, aide financière et logistique, participation à des actions de sensibilisation ou de blocage (symbolique) d’autres McDo en particulier celui du métro Parmentier, propriété du même franchisé.

Un collectif de solidarité s’est constitué le 14 novembre afin de donner une plus grande visibilité au soutien aux grévistes et de réunir des forces susceptibles de se mobiliser autour cette lutte exemplaire d’un système d’exploitation à outrance, d’intimidation et de répression.
Samedi 17 novembre, un second Mc Do s’est mis en grève (et un troisième à été bloqué pendant plus d’une heure). Au McDo Rivoli (Châtelet), ce sont 18 salariés qui ont cessé le travail de midi jusqu’à 21h30. La présence sur place de ceux de Strasbourg Saint-Denis et du collectif de soutien a été le signal de départ du débrayage. Grève en solidarité avec ceux de Strasbourg Saint-Denis mais aussi pour des revendications propres qui sont en fait celles de tous les salariés de ce secteur : la liberté syndicale, les conditions de travail, les salaires, les primes, les heures sup’ non payées, le respect des salariés. Pour la première fois, deux restaurants McDo ont été en grève simultanément, et aujourd’hui, les grévistes de Strasbourg Saint-Denis et les salariés en lutte de Rivoli mènent une même lutte solidaire contre un même système de commandement et d’esclavagisme moderne.

Faire respecter les droits syndicaux, obtenir le paiement des heures supplémentaires, de meilleurs salaires, des conditions de travail acceptables, obtenir de ne pas être traités comme des chiens sont les enjeux cruciaux de cette lutte pour l’ensemble des salariés de la chaîne McDonald’s et de tout le secteur de la restauration rapide, du commerce,... (…)
Solidarité avec les salariés en lutte et en grève de chez McDo ! Pour la liberté d’exercice du droit syndical, le paiement des heures supplémentaires, de meilleurs salaires, la fin du harcèlement... Pour le respect des salariés et droit de travailler dans la dignité.

Collectif de solidarité avec les salariés de McDo en lutte soutenu par (liste provisoire) : AC !, AARRG, ATTAC-Sorbonne, CGT BNP-Paribas, CGT FIAP, CGT McDo Saint-Germain, CGT Extrapole, CGT Maxi-Livres, CGT Pizza Hut, CGT Quick, CGT Virgin, SNJ-CGT, UL-CGT Paris Ier,UL-CGT Paris IIè, UL CGT Paris XIVè, UL CGT Levallois, Comité MRAP Vè-XIIIè, Compagnie Jolie Môme, Coordination Nationale des Sans-Papiers, Coordination des Travailleurs Précaires, COSIMAPP, G10-Solidaires Paris, JCR, LCR, Réseau Stop Précarité, SCALP-Reflex, SUD-Ceritex, SUD-Etudiants, UNEF, individus membres de diverses organisations (syndicales, politiques, de solidarité...). Contacts grévistes Mac Do Strasbourg Saint-Denis : Raja : 06 19 51 84 26 - Aristide : 0689128328 .
Messages et correspondance : cgt.pizzahut@libertysurf.fr/ Stop-precarite@ifrance.com
Contact info-grève : soutien_macdo@yahoo.fr


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