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> N°4 - Décembre 2001
> N’oublions pas le peuple palestinien
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N’oublions pas le peuple palestinienLes événements qui se déroulent actuellement au Moyen-Orient semblent définitivement condamner les espoirs qu’avaient fait naître le processus de paix, entamé pourtant voici près de huit années entre Itzsak Rabbin et Yasser Arafat.
La lente marche qui avait enfin conduit à la reconnaissance mutuelle des deux nations qui se faisaient face, ponctuée de tragédies sanglantes et de cinq conflits militaires, ne doit pourtant pas mourir sous les coups de boutoirs de la logique du pire. Les efforts qui ont déjà été réalisés ont permis aux palestiniens une certaine reconnaissance sur la scène internationale. Il s’impose que cette avancée diplomatique soit
complétée par des relations et des échanges toujours plus nombreux impliquant notamment les acteurs associatifs, la jeunesse palestinienne, et tous ceux qui se disent anti-colonialistes, afin notamment de conjurer les tentations de repli sur soi et les passions extrémistes qui, inévitablement, apparaissent dans des conjonctures similaires. Depuis le 11 septembre rien ne va plus pour le peuple palestinien, la chasse est ouverte, et les soldats israéliens sont rentrés dans les territoires sous autorité palestinienne. Les habitants de Gaza et de Cisjordanie subissent en effet la spirale d’une violence dont ils ne sont pour rien, l’amalgame rapide entre terroristes et palestiniens a engendré de nouveau un immense mur sur lequel les deux peuples foncent. No Pasaran :Qu’est-ce que le T.I.P.H. ? TIPH :Temporary international presence in Hébron (présence temporaire internationale à Hébron). Cette présence internationale est composée de ressortissants de six pays : l’Italie, la Suisse, la Suède, la Norvège, l’Allemagne et la Turquie. Elle a été mise en place à la demande des palestiniens en 1994 suite au massacre à la mosquée. Quel est le rôle du T.I.P.H. ? Officiellement il est présent ici pour rapporter ce qu’il se passe dans une ville où se trouve le tombeau des patriarches (tombeau d’Abraham), deuxième lieu saint chez les juifs et quatrième lieu saint chez les musulmans. On essaie de prévenir des massacres comme celui de 1994. C’est une illusion mais c’est ce qu’ils espèrent .Notre deuxième rôle est de créer une situation de sécurité avec (pour ?) les palestiniens, d’améliorer les conditions de vie dans la ville, et enfin de normaliser la situation. Ce dernier rôle a été fixé au départ et donc pas dans un contexte d’intifada. Aidez-vous la population économiquement ? On essaye d’aider des projets, des gens très pauvres, des femmes, des handicapés, des enfants pour leur éducation… Comment se manifeste cette aide ? Des O.N.G., surtout palestiniennes et quelques étrangères qui demandent des aides financières pour acheter du matériel, pour leur organisation de projets, pour aider à demander quelque chose… Ca peut être de tout : depuis le côté materiel jusqu’au culturel. Par exemple, à Beitl Tifl (maison de l’enfance palestinienne), on finance une activité pour apprendre à faire des dessins avec du sable dans des verres. On sponsorise aussi l’écriture de pièces de théâtre pour les enfants dans les écoles, on sponsorise des livres sur la culture palestinienne, de dessins et de poésies… Vous travaillez sur plusieurs niveaux, culturel, économique et social. Nous avons même des collaboration avec des associations comme Terre des Hommes qui viennent d’offrir un scanner ; d’autres associations peuvent offrir des fauteuils roulants. Quelles sont les exactions que vous relevez le plus souvent ? Toute forme d’excès à l’encontre des palestiniens : répliques aux jets de pierres par des balles enrobées de caoutchouc, colons qui attaquent des citoyens palestiniens proches des colonies. Il y a certains terrains disputés qui appartiennent aux palestiniens mais ou les colons essayent de s’agrandir et de s’installer de facto : par exemple, le problème se pose à Tel roneyda où le projet de départ affiché était la construction d’un musée. C’est un lieu qui a plus de 4000 ans, c’est un site archéologique protégé, ou se trouve entre autre la tombe de Jess Russ, lieu saint pour les juifs. Aujourd’hui, il s’avère qu’ils sont en train d’y construire des logements, c’est une vraie colonie. En 1984 s’est installée la première caravane. Les rapports que nous produisons s’appuient sur les observations que nous faisons sur le terrain, parfois sur des photos : nous avons des réunions internes au TIPH chaque semaine et des réunions avec les deux parties. Les compte-rendus de ces deux réunions ainsi que les rapports de la situation sur le terrain sont transmis a différentes organisations, des organisations étrangères, avec l’UNESCO, avec des représentants des différents pays impliqués dans le TIPH, et tout ceux qui veulent être informés. Depuis quand existe le T.I.P.H. ? Notre première intervention remonte à 1994, mais nous ne sommes restés que trois mois faute d’un accord de principe des deux parties. Notre deuxième mission remonte à 1997. Elle a été acceptée par les deux côtés et nous sommes là depuis. Notre mandat est renouvelable tous les trois mois par les deux parties. Le rôle du T.I.P.H. est-il respecté et votre présence est-elle nécessaire au processus de paix ? La position officielle israélienne est de considérer que notre présence est bien, mais pour eux ça ne change rien sur le terrain. Du côté palestinien, ils considèrent que le T.I.P.H. joue un rôle important dans la mesure où le comportement des soldats israéliens change du fait qu’ils savent qu’on fait des rapports. Il peut y avoir un rapport disciplinaire concernant le soldat qui commet des exactions et un rapport qui nuit à l’image du pays. Ce qui change aussi sur le terrain si nous sommes présents physiquement : les arrestation sont beaucoup plus courtes, beaucoup moins de passages à tabac, moins d’humiliations, etc. Les rapports que nous faisons sont neutres. On peut aussi s’appuyer sur des photos pour prouver les exactions, c’est toujours plus fort que nos rapports écrits. Pourquoi vous n’êtes présents qu’à Hébron, ne seriez-vous pas autant ou plus utile ailleurs ? Certes, mais les israéliens refusent. La raison pour laquelle nous sommes présent à Hébron et pas ailleurs, est que c’est la seule ville où les colons habitent directement dans la ville. Ici, les confrontations se font dans la ville, car elle est revendiquée sur un principe de religion par les deux côtés (mosquée d’Abraham). Les palestiniens sont toujours d’accord sur le principe d’une présence internationale. Pour l’O.N.U., il serait difficile de rester alors que les israéliens ne respectent pas les traités ratifiés, et donc leur position serait totalement discréditée. Les israéliens se rendent bien compte que s’il cassent les accords sur Hébron, sur le découpage des zones en H1 et H2, le T.I.P.H. quitte le pays et un discrédit diplomatique ne serait pas à leur avantage. Quel est le profil des personnes recrutées par le T.I.P.H. ? Ce n’est pas uniforme, chaque pays a son propre recrutement. Il existe plusieurs axes de travail :
Que vas-tu faire après un an de présence ici ? Je vais aux îles Malaouis. Une interview de la jeune Rasha, 16 ans , en classe de 2nd.Comment tu-vis l’occupation des colons ? Je suis née en 1985, et je n’ai jamais rien connu d’autre que l’instabilité dans cette région. Je n’ai pas l’impression de vivre dans un Etat. Les colons sont arrivés et se sont installés et nous ont pris nos terres. Comment voulez-vous que je vive en étant occupée ? Hébron est une immense prison. C’est quoi l’occupation pour toi ? C’est confisquer quelque chose, une terre, la terre palestinienne alors qu’elle ne leur appartient pas. Quelles solutions tu envisages ? Comme pour la Jordanie, l’Arabie Saoudite, l’Egypte, l’Algérie : il y a eu une occupation et ensuite une libération avec reconnaissance d’un vrai Etat. J’aimerai qu’il en soit ainsi pour mon peuple, plutôt qu’un morcellement d’un territoire et de tout un peuple. Parle-moi de ton quotidien ici à Hebron ? On est loin des endroits qui tirent mais pas trop, les bombardements à Gaza ou ailleurs me touchent comme si Hébron était sous le feu des Israéliens.
On vit pas trop mal, mais la vieille ville, du fait de son morcellement, engendre beaucoup de difficultés pour circuler dans la ville, beaucoup de quartiers sont bouclés, il peut arriver que l’on ne puisse pas se rendre à l’école, que l’on ne puisse pas voir notre famille, etc. Pourquoi beaucoup de jeunes hébronnais parlent de quitter la région ? Moi, pour ma part, je leur déconseille de partir, on perdrait tout, je partirai pas. Où voulez-vous que j’aille, bien sur j’ai des rêves de voyage comme tout le monde, mais en me disant, tout comme toi d’ailleurs, je vais pouvoir rentrer chez moi ensuite. Comment vois-tu l’avenir Rasha ? Il est dit dans le Coran que bientôt les colons quitteront notre terre et j’aimerai que cela puisse se produire dès demain. Je veux étudier la médecine, travailler et aller à la rencontre du monde comme toi. Interview d’Ayman, responsable jeunesse et sport, 35 ans.Comment vivez-vous depuis la 2nd intifada (Mosquée d’El Akssa) ? Cette question est présentée comme s’il y avait un avant et un après Akssa, mais en fait la situation d’occupation existait déjà. Il y a des périodes où c’est plus grave et plus tendu. Les choses ont empiré, car la plupart des palestiniens travaillent en Israël et aujourd’hui, du fait du blocage de certains accès, ils ne peuvent plus se rendre à leur travail. Dans la zone h2 beaucoup de maisons sont vides à cause de l’exil de palestiniens, alors les colons se les approprient malgré l’existence d’actes notariaux validant la possession de la maison et des terres qui l’entourent, et le pire est qu’on ne peut rien faire, ils sont tout puissants. Propos recueillis par Houria |
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