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Juin-Juillet-Août 2002
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Solidarité avec le peuple palestinien

« Le mur d’acier »


C’est le titre d’un livre écrit par le fondateur du sionisme dit « révisionniste », c’est-à-dire un sionisme d’extrême droite qui rejetait la façade libérale et sociale du sionisme originel. Voici ce qu’il dit, notamment.


« Il ne peut être question d’une réconciliation volontaire entre nous et les Arabes, ni maintenant ni dans un futur prévisible. Toute personne de bonne foi, mis à part les aveugles de naissance, a compris depuis longtemps l’impossibilité complète d’aboutir à un accord volontaire avec les Arabes de Palestine pour la transformation de la Palestine d’un pays arabe en un pays à majorité juive. Chacun d’entre vous a une compréhension globale de l’histoire de la colonisation. Essayez de trouver un seul exemple où la colonisation d’un pays s’est faite avec l’accord de la population autochtone. Ça ne s’est produit nulle part.
« Les autochtones combattront toujours obstinément les colonisateurs – et c’est du pareil au même qu’ils soient civilisés ou non. Les compagnons d’armes de Hernan Cortez ou de Francisco Pizarre se sont conduits comme des brigands. Les Peaux-Rouges ont combattu avec ferveur et sans compromis les colonisateurs au bon cœur comme les méchants. Les indigènes ont combattu parce que toute forme de colonisation n’importe où à n’importe quelle époque est inacceptable pour le peuple indigène.
« Tout peuple indigène considère son pays comme sa patrie, dont il veut être totalement maître. Il ne permettra pas de bon gré que s’installe un nouveau maître. Il en est ainsi pour les Arabes. Les partisans du compromis parmi nous essaient de nous convaincre que les Arabes sont des espèces d’imbéciles que l’on peut tromper avec des formulations falsifiées de nos buts fondamentaux. Je refuse purement et simplement d’accepter cette vision des Arabes palestiniens.
« Ils ont exactement la même psychologie que nous. Ils considèrent la Palestine avec le même amour instinctif et la ferveur véritable avec laquelle tout Aztèque considérait Mexico ou tout Sioux sa prairie. Tout peuple combattra les colonisateurs jusqu’à ce que la dernière étincelle d’espoir d’éviter les dangers de la conquête et la colonisation soit éteinte. Les Palestiniens combattront de cette façon jusqu’à ce qu’il n’y ait pour ainsi dire plus une parcelle d’espoir. « Peu importe les mots que nous utilisons pour expliquer notre colonisation. La colonisation a sa propre signification intégrale et inévitable qui est comprise par tous les Juifs et tous les Arabes. La colonisation n’a qu’un but. C’est dans la nature des choses. Changer cette nature est impossible. Il était nécessaire de mener la colonisation contre la volonté des Arabes palestiniens et cette nécessité existe aujourd’hui de la même manière. Même un accord avec les non-Palestiniens est une lubie du même type. Pour que les nationalistes arabes de Bagdad, de La Mecque et de Damas acceptent de payer un tel prix, il faudrait qu’ils refusent de maintenir le caractère arabe de la Palestine. « Nous ne pouvons offrir aucune compensation contre la Palestine, ni aux Palestiniens ni aux Arabes. Par conséquent, un accord volontaire est inconcevable. Toute colonisation, même la plus réduite, doit se poursuivre au mépris de la volonté de la population indigène. Et donc, elle ne peut se poursuivre et se développer qu’à l’abri du bouclier de la force, ce qui veut dire un Mur d’acier que la population locale ne pourra jamais briser. Telle est notre politique arabe. La formuler de toute autre façon serait de l’hypocrisie.
« Que ce soit au travers de la déclaration Balfour ou au travers du mandat, l’exercice d’une force étrangère est une nécessité pour établir dans le pays les conditions d’un pouvoir et d’une défense par lesquels la population locale, quels que soient ses désirs, soit privée de la possibilité d’empêcher la colonisation, par des moyens administratifs ou physiques. La force doit jouer son rôle – brutalement et sans indulgence. De ce point de vue, il n’y a pas de différence significative entre nos militaristes et vos végétariens. Les uns préfèrent un Mur d’acier fait de baïonnettes juives, les autres un Mur d’acier constitué de baïonnettes anglaises.
« Au reproche habituel selon lequel ce point de vue est immoral, je réponds « absolument pas ». C’est notre morale. Il n’y a pas d’autre morale. Aussi longtemps qu’il y aura la moindre étincelle d’espoir pour les Arabes de nous résister, ils n’abandonneront pas cet espoir, ni pour des mots doux ni pour des récompenses alléchantes, parce qu’il ne s’agit pas d’une tourbe mais d’un peuple, d’un peuple vivant. Et aucun peuple ne fait de telles concessions sur de telles questions concernant son sort, sauf lorsqu’il ne reste aucun espoir, jusqu’à ce que nous ayons supprimé toute ouverture visible dans le Mur d’acier (1). »

Ce texte a le mérite d’être extrêmement explicite, et il est frappant de constater qu’il n’y transparaît aucun mépris pour les Palestiniens. Ce sont des adversaires qu’il faut battre et Jabotinsky le dit sans hypocrisie, ce qui ne sera pas le cas des dirigeants israéliens après la fondation de l’Etat, qui nieront l’existence même d’un peuple palestinien, ce que ne fait pas du tout Jabotinsky. La lecture de ce texte ne laisse par ailleurs aucune ambiguïté sur le caractère colonial du projet sioniste.

(1) Cité par Ralph Shoenman, L’histoire cachée du sionisme, Sélio, 1988


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