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AccueilJournalNuméros parus en 2003N°21 - Juin, juillet, août 2003 > Manifs anti-G8 à lausanne

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Manifs anti-G8 à lausanne


Face aux mensonges médiatiques, des blacks & pinks témoignent et revendiquentCe communiqué a été réalisé par un-e participante au pink bloc et un-e participant-e au black bloc, blocs formés le dimanche 1ier juin 2003 à Lausanne, dans le but de perturber le sommet du G 8 et ses complices.


Attention ! Ce communiqué n’a valeur que de témoignage individuel et subjectif et ne devrait en aucun cas être pris comme une parole collective ou un communiqué du pink and silver bloc ou du black bloc. Il s’emploie notamment à dénoncer un certain nombre de mensonges hystériques des médias et des leaders de la gauche réformiste, ainsi qu’à expliquer les actions menées à Lausanne en les contextualisant et en redonnant les objectifs politiques(…)

Le contexte : Lausanne était avec Genève et Anemasse un des trois points clefs de blocage et de perturbation du G8 : une partie des délégations de divers pays et personnels techniques y étaient logés. (…)

Suite aux initiatives des militant-e-s anti-G8 lausannaisEs, deux camps avait été mis en place. L’un, la bourdonette, installé par les autorités, l’autre, le "oulala c’village", un projet anticapitaliste et antipatriarcal squatté et autogéré sur les plages du lac, avec des structures médicales, indymedia, un espace queer et de la musique. (…) Contrairement aux manifestations organisées par la gauche institutionelle à Lausanne et réduites à une contestation purement informative et symbolique du G8, les manifestations illégales de bloquage prévues pour le matin s’étaient données en commun des objectifs concrets de perturbation maximale du G8 :
- bloquer ou retarder par des tactiques diverses l’arrivée des délégation et personnels techniques à Evian, - obliger les délégué-es du G8 à faire face directement à la contestation, - continuer le travail de sensibilisation et de dialogue avec la population.
Avec pour une partie des manifestant-e-s, un objectif secondaire :
- se réapproprier, détourner ou saboter des enseignes, bureaux, symboles, bâtiments, hôtels, commerces liés à l’organisation du G8 ou représentants les intérêts des Etats, banques et multinationales qui se cachent derrière le G8 et dévastent le monde et la vie de celles et ceux qui l’habitent. Ceci dans le but de créer un pression politique et économique directe et de déconstruire collectivement les structures de domination et de contrôle.
A Lausanne, il avait été décidé pour ce faire d’utiliser une diversité de tactiques de blocages et d’action et d’avoir différents blocs répartis sur les différentes artères clés de la ville. Ces tactiques devaient être complémentaires, se coordonner au mieux et déjouer la répression en agissant en plusieurs points en même temps.

Il y avait notamment :


- un pink and silver bloc (bloc rose et argent) : cette tactique est née lors sommet du FMI et de la Banque Mondiale à Prague, où elle avait connu un grand succès et permis à une partie des ma nifestant-e-s d’arriver jusqu’au centre de congrès. (…)
- un black bloc (bloc noir), constitué de personnes masquées et habillées en noir pour empêcher l’identification et la répression policière. (…)
- un bloc "critical mass" (masse critique), cortège cycliste, issu des manifestations pro-cyclistes, anti-pétrole et anti-voiture. (…)
- différents projets de blocages "non-violents" par petits groupes : escalades, enchaînement à des blocs de béton sur l’autoroute, sit-in, traversée du lac en radeaux auto-construits pour atteindre Evian...

Récit des évènements :


Le dimanche 1ier juin, jour de l’ouverture du sommet, à 6h30 du matin et donc avant l’arrivée des premières délégations, environ deux milles personnes se sont d’abord rejointes à l’ouest de la ville, près du camp de la bourdonnette, avec en tête de cortège, le pink bloc, puis le black bloc. Après un début de marche commune, les deux blocs se sont séparés au rond point d’une des arrivées de l’autoroute de Genève sur Lausanne. Le pink bloc (environ 1500 personnes) a alors continué sur la ville au son de la samba en longeant les zone jaunes et rouges, pendant que le black bloc (environ 500 personnes) bloquait ce rond point en faisant tomber un arbre sur la route à l’aide de tronçonneuses, en démontant des palissades en métal et barrières de sécurité de l’autoroute et en enflammant des barricades.(…)

Il est évidemment difficile de mesurer l’impact réel des blocages dans un contexte chaotique où les autorités s’étaient fait un point d’honneur à ne pas avouer une certaine impuissance et à ne laisser filtrer aucune perturbation. Néanmoins, il semble très vraisemblable qu’à Lausanne, l’impossibilité de sécuriser la zone d’accès à Ouchy, les différents types de blocages, barricade s et les mouvements constants des blocs rendirent pendant quelques heures très difficile le passage des délégations. Ceci semble avoir été confirmée par les personnes branchées sur les ondes radios de la police.

Au final, avec une coordination sur trois villes et d’autres blocages réussis à Genève et Annemasse, ces actions furent un beau pied de nez à un dispositif de sécurité policière que les organisateurs du G8 et l’Etat suisse voulaient infaillibles — même si les médias préférèrent évidemment ne pas en parler et focaliser l’attention publique ailleurs en racontant n’importe quoi sur les soit-disant "casseurs".

Dès lors, à Lausanne, la police s’employa constamment à repousser à l’extérieur de la ville le pink et le black bloc en gazant systématiquement et en bloquant les autres artères. Le dispositif policier reconduisant le cortège était alors impressionnant avec un grand nombre de camions et canons à eau, des policiers anti-émeutes allemand venus en renfort, et des troupes des divers cantons suisses. (…) Au fur et à mesure, des groupes s’étaient dispersés ou esquivés à divers points, mais une partie du cortège finit par parvenir au campement de la bourdonette qui fut peu à peu encerclé par le s forces de police. Face à cette menace, les 400 personnes présentes se réunirent en cercle, s’assirent et décidèrent qu’au vu du rapport de force, ils et elles ne pouvaient plus faire grand chose à part résister solidairement et sans provoquer de déchaînement de violence de la part de la police (…)

Au bout de cinq heures interminables, l’extraordinaire bonne humeur, solidarité et détermination des personnes encerclées à la bourdonette finit par payer et la police empêtrée dans des problèmes logistiques, et après avoir réussi néanmoins à embarquer une centaine de personnes, abandonna et se retira — sous les cris de joie des restant-e-s. Il semblerait d’une part que la police n’ait pas le droit de détenir plus d’un certain nombre d’heures des personnes sans pouvoir contrôler leurs papiers, et d’autre part que l’arrivée du cortège du centre-ville à la bourdonette ait hâté leur départ.

Vers minuit, la grosse majorité des interpellé-e-s étaient relâché-e-s sans suite, à l’exception d’une dizaine de personnes. D’autre part, l’intervention policière sur le pont d’autoroute bloqué par les deux personnes en rappel faillit se solder par deux meurtres puisque malgré les avertissements des autres militant-e-s présent-e-s sur le pont, un policier vint couper la corde et provoquer la chute de vingt mètres d’une des personnes suspendues, tandis que le brin de corde de l’autre était retenu de justesse. Par un coup de chance miraculeux, il semblerait ce militant n’ait que deux jambes et des vertèbres cassées et ne souffre pas de paralysie.

Dès le lendemain, les médias et politicien-ne-s déversèrent leurs habituels mensonges et s’employèrent à créer des mythes sur ces manifestations et les "casseurs". Mythes qu’il s’agit encore une fois de démonter. (…)

Solidarité avec tou-te-s les inculpé-e-s du G8 ! N’oublions pas le travail anti-répression, il doit être maintenant l’affaire de tou-te-s celles et ceux qui étaient présent-e-s à ces manifestations. A bas toutes les prisons ! Ne croyons pas la presse bourgeoise, vivons et diffusons nous-même nos expériences et nos idées ! N’oublions pas de nous amuser et de ne pas trop nous prendre au sérieux !

02/06/03 - un-e participant-e au pink bloc, ainsi qu’un-e participant-e au black bloc anti G8 de Lausanne

Auteur : anonymous ( pink & black )


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