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AccueilJournalNuméros parus en 2003N°21 - Juin, juillet, août 2003 > Prendre des forces pour demain

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Prendre des forces pour demain



Le mouvement social de ces dernières semaines laisse perplexe. Des manifs monstrueuses, des occupations, des actions coups de poings, de multiples secteurs en lutte mais on sent que ça patine. La CGT, qui devrait être à la pointe du combat n’a pas mis en place tout ce qu’il fallait pour développer l’interprofessionalisation et la perspective d’une grève générale reconductible ;


si certains secteurs de la CGT restent très combatifs, de nombreux signes démontrent la volonté de saucissonage, facteur de démobilisation. Cela tient sûrement au repositionnement de la centrale dont le dirigeant a été reçu au Congrès du Parti socialiste. Mais l’on aurait tort de s’arrêter à une seule cause. On ne peut faire l’impasse sur la nécessité de réintroduire dans le débat de ces dernières semaines toutes les questions liées au travail : sa précarisation, sa flexibilisation, sa place et sa finalité et donc celles de la retraite ou de la non-activité dans nos sociétés. A entendre les discours « travaillistes » de la défense des conquêtes sociales « 37,5 pour toutes et tous » des syndicats de lutte (SUD ou CNT), c’est la dimension économique, facteur de croissance et d’emploi qui est mise en avant dans les revendications. Ne faudrait-il pas comme le mouvement antiglobalisation l’a posé reconsidérer la place de l’homme dans l’économie. A l’instar que le Monde n’est pas une marchandise, l’homme n’est pas une valeur marchande, à exploiter et pressurer selon les besoins du MEDEF avant que sa retraite bien méritée ne lui permette de continuer à faire fonctionner la machine-consommation. Tout le problème est d’articuler revendications de résistance face à la précarisation et au libéralisme sauvage et propositions novatrices pour sortir des schémas classiques.


C’est en ce sens que l’expérience réussie qui s’est déroulée fin mai à Annemasse lors du Sommet du G8 à Evian mérite toute notre attention. Le Village alternatif, anticapitaliste et anti-guerres, dont le Réseau No Pasaran a été l’initiateur a été une grande bouffée d’oxygène pour des milliers de participant-e-s qui y ont vu l’occasion de pouvoir mettre en pratique des forces d’autogestion et de démocratie directe au quotidien. On a ressenti très fortement le besoin de vivre et fonctionner autrement ; les mouvements libertaires (organisations, collectifs, associations, regroupement, syndicats hexagonaux et européens) ont été des artisans actifs de ce succès comme l’a aussi démontré la manifestation du 1er juin où le cortège de la CLAAAC (congergence anti-autoritaire et anticapitaliste) a réuni plus de 5000 personnes. Mais c’est bien au-delà de ses cercles que sont venues s’associer de nombreuses personnes qui ont vu au travers de l’aspect ouvert du Village une possibilité de passer de l’état de consommateur à celui d’acteur, même si évidemment de nombreuses imperfections sont à dénombrer.


Dans notre société où les frustrations individuelles et collectives ne cessent de s’accroître cette sensation de pouvoir faire quelque chose ensemble a été un élément déterminant de la réussite du Village. En cela continuer à développer des espaces politiques autonomes, renforcer des outils collectifs pour intervenir dans les luttes sociales restent indispensables pour engendrer des transversalités entre tous les dominés et ne pas se retrouver atomisé face au rouleau compresseur capitaliste. Ré-exporter l’esprit du village c’est le faire vivre dans les lieux, les luttes, les espaces collectifs. C’est s’imprégner du fait que nous sommes un mouvement en devenir. Nous ne battrons pas en retraite !


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