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AccueilJournalNuméros parus en 2003N°21 - Juin, juillet, août 2003 > San Salvador Atenco, un symbole de la lutte des paysans

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San Salvador Atenco, un symbole de la lutte des paysans


Sur invitation de la CNT, une délégation de deux représentants mexicains de San Salvador Atenco sont venus au VAAAG parlés de leur lutte.
Accompagnés par la CNT et le CSPCL ( Comité de solidarité avec les peuples du Chiapas en lutte), Marta et Saul ont partagés avec le VAAAG l’histoire de San Salvador Atenco, une commune qui regroupe six villages et plus de 33000 personnes.




« Nous sommes ici avec nos frères et sœurs d’autres pays, unis par la dignité humaine qui dépasse les frontières, les langues et la couleur de peau. Ce qui nous unit c’est l’amour de la personne, de la vie, de l’identité. Nous rejetons la politique néo-libérale et disons au gouvernants du G8 : STOP. L’être humain doit être au dessus de tous les intérêts économiques ».

Ce peuple a une origine pré-hispannique. Ils vivent sur les rives du lac Texcoco, une région située aux alentours de Mexico. Auparavant, ses terres n’étaient pas fertiles ; puis au fil du temps et du travail effectués par leurs ancêtres, les terres sont devenues cultivables et productives. Les habitants d’Atenco, paysans pour la plupart, vivent essentiellement de l’exploitation de ces cultures.

Dès le début du mois de mai 2001, Vicente Fox, le nouveau président du Mexique, a voulu les expulser de leurs terres en prenant un décret d’expropriation. Le but ultime du gouvernement était d’implanter sur ces terres un nouvel aéroport international pour la ville de Mexico et un complexe touristique. Le gouvernement ne les avait pas informés du projet. Ils se sont alors posés de nombreuses questions et ont commencés à faire plusieurs recherches, notamment par le biais d’internet, outil qu’ils connaissaient très peu.

Cette construction s’implantait dans la mise en place du Plan Puebla Panama et permettait au gouvernement de dépouiller les terres, les ressources naturelles comme l’eau et d’utiliser pour cela de la main d’œuvre à bas prix.

Avec la rumeur de l’implantation de cet aéroport, ils se sont alors interrogés sur la globalisation et sur la politique néo-libérale du gouvernement. Le nouvel aéroport ne bénéficiait qu’aux grands investisseurs transnationaux. Entre temps, ils ont contactés les médias afin d’informer la population mexicaine sur le conflit et sur les mensonges de Fox.

Le 22 octobre 2001, le gouvernement a publié un décret d’expropriation concernant 5800 hectares. Suite à cette annonce, ils se sont sentis humiliés et ont refusés de laisser le fruit de leur labeur au gouvernement : « avec ce décret, il nous dépouillait de ce que nous avions de plus précieux : nos terres, qui nous appartiennent de droit ». En dédommagement le gouvernement proposait aux paysans 7 pesos par m2 (0.60 euros). A partir de ce jour, les femmes, les hommes et les enfants d’Atenco n’ont jamais cessés la lutte et ont formés le front des communes de défense de la terre.

Les paysans se sont alors organisés et ont défendu leurs terres avec détermination, dignité et avec leurs outils de travail : la machette. Le 14 novembre 2001, ils ont entamés une marche pacifique de San Salvador Atenco à Mexico. Face à eux, la police les attendaient armés. Ils n’ont pas reculés et ont continués la marche jusqu’à la place centrale de la ville. Ils ont répondus à l’agression avec l’aide de leur machette, qui est devenue le symbole de leur lutte. L’affrontement a été d’une extrême violence.

Après neuf mois de lutte, une manifestation pacifiste a été organisé afin d’exiger du gouverneur fédéral de l’Etat de Mexico, Arturo Montiel, que l’on ne les dépossède pas de leurs terres, qu’ils refusent de vendre et cela peu importe le prix concédé. Durant la marche, le gouvernement avait interdit en vain les machettes.
Ils se sont retrouvés dans une embuscade. Quatorze d’entre eux ont été arrêtés. La riposte a été immédiate. Le blocage des routes ne suffisant pas, ils ont alors invité le sous procureur de Texcoco et ses adjoints à venir les rencontrer directement à Atenco. A peine arrivé dans la commune, ils ont fait parvenir un message au gouvernement : « si vous voulez le sous procureur et son équipe, vous devez libérer nos frères ». La réponse du gouvernement a été d’envoyer l’armée. Cependant, de nombreuses organisations sociales et internationales s’étaient entre temps intéressées au mouvement et soutenaient la lutte. Le gouvernement n’a pas eu d’autre moyen que de libérer les inculpés, excepté José Enrique Espinoza Juarez qui a été roué de coups par la police et qui en ai mort. Le 1er août 2002, le gouvernement a abrogé le décret grâce à cette mobilisation.

Atenco est aujourd’hui organisé en conseil municipal avec deux représentants par village. Le gouvernement ne reconnaît pas ce conseil autonome.
A l’heure actuelle, la lutte n’est pas terminé car de nombreuses personnes se sont retrouvées sous la menace de mandat d’arrêt notamment pour séquestration et violence. Après l’abrogation du décret, le gouvernement a utilisé ce moyen pour tenter à nouveau de priver les paysans de leurs terres. Pour l’instant, aucun habitant n’ a été arrêté mais la politique du gouvernement s’est durcit à nouveau depuis quelques semaines. Le jour de l’arrivée de Marta et Saul, d’autres mandats d’arrêts ont été pris. Marta est accusée de séquestration et risque la prison à son retour.

En venant au VAAAG, ils ont voulu montrer que nous avons une grande responsabilité dans ce qui ce passe en ce moment. Nous devons lutter pour cela et également pour le futur. Nous pouvons créer un bouclier contre ces politiques néo-libérales.

La mobilisation de cette population est un exemple à suivre pour tous ceux qui luttent pour la dignité , la liberté et la justice sociale.

Caro


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