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AccueilJournalNuméros parus en 2001N°2 - Octobre 2001 > Mort d’un antisémite - Henry Coston

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Mort d’un antisémite - Henry Coston


Le 27 juillet dernier s’est éteint en la personne d’Henry Coston l’un des derniers représentants historiques du pétainisme et du nationalisme français d’avant-guerre. Cette disparition est passée relativement sous silence dans la grande presse nationale, l’Humanité, le Monde et Libération ne consacrant qu’un entrefilet ou un petit article à l’événement. Pourtant la mort d’Henry Coston, outre le caractère unique du personnage, a des implications pour le futur.


image 215 x 315Né en 1910, Coston rejoint dès l’adolescence les milieux maurrassiens et l’Action Française. Secrétaire de la section de cette organisation à Villeneuve-sur-Lot, il rencontre de nombreux militants nationalistes de l’époque, comme Jacques Ploncard d’Assac, dont un point commun avec Coston est d’être influencé par Drumont. Tout en militant il gagne sa vie grâce à une activité de journaliste dans des journaux de province à l’époque très nombreux. L’argent mis de côté lui permet de relancer en 1930 le journal férocement antisémite d’Édouard Drumont, La Libre Parole, que Jacques Ploncard d’Assac avait tenté de remettre sur rail en 1928 avec d’anciens collaborateurs de Drumont et un slogan qui ne nous est pas inconnu : "La France aux Français !". Le journal dure jusqu’en 1939, distillant les thèmes antisémites et antimaçonniques de l’extrême droite nationale-catholique pour qui les scandales de la III° République sont une aubaine. Toujours sur les traces de Drumont, il se présente également aux élections législatives de 1936 à Alger mais doit revenir en France, battu. Ce sera d’ailleurs sa seule expérience politique, si on excepte la fondation en 1933 d’un Front National Ouvrier-Paysan appelé également Les Francistes et qui restera au stade groupusculaire.
La déroute de 1940 et l’arrivée au pouvoir de Pétain constituent une divine surprise. Vichy offre une occasion unique pour Henry Coston de se constituer une documentation inégalée (qu’il perdra à la Libération) sur la franc-maçonnerie puisqu’il se retrouve en charge de dépouiller les archives de la Grande Loge. Cette période de l’occupation est d’ailleurs marquée par une activité débordante, Coston ayant toujours entretenu de bons rapports avec le national-socialisme allemand grâce à son antisémitisme. Il participe aux journaux Paris-Soir et Au Pilori, lance un Centre d’Action et de Documentation axé sur la lutte contre l’influence juive et franc-maçonne, anime diverses publications (Bulletin d’informations anti-maçonniques, Cahiers de la France Nouvelle) et n’oublie pas de célébrer son vieux maître Drumont. Le tout lui vaut d’être décoré de la francisque par Pétain, à l’instar de Ploncard d’Assac et de François Mitterrand d’ailleurs. La Libération l’oblige à fuir en Autriche où il est arrêté en 1946 et ramené en France. Il est alors emprisonné jusqu’en 1951. Libéré, il reprend immédiatement ses activités journalistiques et ouvre la Librairie française qu’il cèdera plus tard à Jean-Gilles Malliarakis. Il n’hésite pas non plus à revoir d’anciens collaborateurs comme Ploncard d’Assac, en exil au Portugal où lui est confiée la direction de la radio La Voix de l’Occident, émettant en français, anglais et italien. Cette légère amélioration de sa situation personnelle lui permet de lancer en 1957 Lectures françaises dont l’équipe est composée de Pierre-Antoine Cousteau (ancien rédacteur en chef de Je suis partout et de Paris-Soir), de l’inévitable Ploncard d’Assac, de Paul Rassinier et de Cédric de Gentissard, alias Alain de Benoist. La revue se veut un outil de combat antigaulliste et la crise algérienne vaut à Coston quelques déboires en raison de ses prises de position pro-Algérie française. Il s’attelle également à la publication de multiples ouvrages politiques, en particulier ses dictionnaires de la vie politique française. Le tout se place dans une perspective militante, Coston considérant que seul un travail de documentation sérieux permet un combat politique efficace. En 1977, il est néanmoins obligé de transmettre Lectures françaises à Jean Auguy et de restreindre son activité. Cette légère baisse de régime ne l’empêche pas de poursuivre ses activités, en particulier de publication et de chronique dans la presse nationaliste comme National-Hebdo par exemple. La décennie 1990 voit son état de santé décliner et les publications se raréfier. On peut malgré tout noter le bulletin Nous les Françaises, une petite brochure proposant une explication maçonnique à la scission du FN, Infiltrations ennemies dans la droite nationale et populaire et surtout un cinquième volume de son Dictionnaire politique. Ces deux dernières années, l’occupant des appartements de la rue de Trétaigne et du boulevard d’Ornano avait vu s’accumuler problèmes de santé et contrariétés, la moindre de celles-ci n’étant pas que sa petite-fille ait pour compagnon un juif… Comme Drumont en son temps !
Que vont à présent devenir les archives de la "mémoire de la droite", selon le mot du vieux militant nationaliste François Brigneau ? Le premier héritier et disciple de Coston, Yann Moncomble est mort en 1990. Reprenant la démarche du vieux maître, il avait fondé une maison d’édition, Faits & Documents, qui lui permettait de publier des ouvrages sur La politique, le sexe et la finance ou sur Les professionnels de l’antiracisme, soit autant de titres qui fleurent bon la théorie du complot ! Moncomble disparu, Faits & Documents a été repris par celui qui est maintenant considéré comme le successeur de Coston, à savoir l’infect Emmanuel Ratier (dont la biographie est dressée dans le pamphlet Méfaits & Documents édité par REFLEXes). Pour autant il n’est pas évident qu’il récupère automatiquement les archives Coston. Celles-ci sont en effet en principe gérées par une fondation, l’association des Amis d’Henri Coston, dont la présidente est une vieille demoiselle de 75 ans, Melle Boucher. L’enjeu est évidemment d’importance étant donné la richesse du fond documentaire et on peut faire confiance à Ratier pour faire des pieds et des mains pour le récupérer. La traque du grand complot " judeo-maçonnique " est loin d’être achevée !


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