Retour accueil

AccueilJournalNuméros parus en 2001N°87 - Mai 2001
(ancienne formule)
> Turquie : la répression s’amplifie

Rechercher
>
thème
> pays
> ville

Les autres articles :


Turquie : la répression s’amplifie


Vice-présidente de l’’association des droits de l’Homme de Turquie, créée après le coup d’état de 1980, Eren Keskin est venue faire trois conférences en France -Lyon, Montpellier et Marseille- suite à l’invitation du Cradhom, de la maison des Tiers mondes de Montpellier, de l’’ACAT et d’Amnesty International.


NP.- Quel est le but de votre voyage ?

E.K :rencontrer et discuter de formes de solidarité concrètes, sensibiliser sur la question des droits de l’homme en Turquie.

A part vouloir une prise de conscience générale, quelle est votre stratégie ?

La lutte pour le respect des Droits de l’Homme ne doit pas manquer d’être élargie à une lutte contre le capitalisme. Il faut dénoncer l’existence d’une majorité de pauvres qui vivent au Sud. Cette injustice existera tant qu’il y aura des classes. La violation des droits de l’Homme est certe plus importante au Sud mais elle existe également dans les pays riches. Ce combat est donc international.

Vous avez parlé lors de la réunion d’hier soir d’actions concrètes.

Nous souhaiterions que des étrangers viennent voir les choses , c’est incontournable car les informations ne passent pas et c’est également un moyen de rencontrer des personnes qui travaillent sur place. Il faut savoir qu’entre 1990 et 1999 il y eut plus de 12 000 personnes disparues (essentiellement des kurdes), 10 000 morts et plusieurs milliers de villages détruits dans la région du kurdistan.

Récemment (en janvier 2001), malgré la trève militaire du PKK, à Silopi, 2 membres du HADEP, convoqués par la gendarmerie ont disparu. C’est en fait le premier point de notre stratégie : créer des réseaux associatifs, politiques, syndicaux...

Le deuxième point, c’est le soutien et la protection des prisonniers politiques. Nous proposons que des lettres soient envoyées aux prisonniers et qu’une copie soit fournie aux groupes de soutien, afin de vérifier le suivi du courrier.

Le troisième point c’est la dénonciation des faits qui ont lieu au Kurdistan, notamment à travers un soutien à l’association des "mères pour la paix". Il s’agit de 7 mères de soldats turcs ou de guerrilleros kurdes qui se sont rendues au Kurdistan d’Irak pour tenter d’établir une résolution pacifique du conflit entre l’UPK et le PKK. Elles furent arrêtées à leur retour, et victimes d’agressions sexuelles par l’armée turque.

Un rapport fut rédigé dont un cour passage fut repris par le journal, interdit depuis, Özgür Politika. Je passerai pour cela en procès avec le rédacteur en chef le 15 juin prochain à Istanbul. Enfin, le quatrième et dernier point concerne l’emprisonnement de la députée Leyla Zana. Ce qui lui est reproché : s’être exprimée en kurde au parlement.

Sa libération permettrait de remettre en cause l’article 168 du code pénal qui touche également 7000 autres prisonniers, tous condamnés car ils sont concidérés comme des membres séparatistes.

Vous nous parliez des prisonniers. Quelles sont les raisons de leurs luttes actuelles ?

Ils demandent l’abolition des prisons de type F, à l’intérieur desquelles les prisonniers sont isolés.

Depuis l’intervention de l’armée qui a eu lieu le 19 décembre et qui a fait plusieurs morts du côté des prisonniers-grévistes de la faim, les revendications se sont élargies : pour la levée des tribunaux militaires, et pour la libération des prisonniers politiques. L’état turc refuse toutes négociations.

Quelle est la perception de cette lutte dans la société civile turque ?

Le mouvement d’opposition est très faible. Il n’y a pas de rupture car les mouvements sont toujours rattachés à ce système. Les prolétaires turcs ou leurs portes-paroles n’ont jamais mis que des mots d’ordre corporatistes, très économiques et jamais liés à une lutte plus large. Même des organisations révolutionnaires comme la Confédération des Syndicats ouvriers révolutionnaires n’ont jamais dénoncé la violation des Droits de l’Homme. C’est un combat long et encore très faible.

Quel est votre sentiment, maintenant ?

J’ai beaucoup d’espoir en ce qui concerne la victoire des opprimés. Le Newroz ( qui correspond au nouvel an kurde fêté le 21 avril ) en est une démonstration. Il a mobilisé en Turquie un million de personnes cette année.

Ceci est un court interview réalisé au petit déjeuner.

Pour ceux et celles souhaitant aller en Turquie le 15/06/01 pour le procès d’Eren Keskin et rester quelques jours pour rencontrer divers militants des droits de l’homme turc, nous contacter. Il existe un reportage d’Arte sur les activités d’avocates, d’Eren Keskin, dans son travail en faveur des droits des femmes victimes d’agressions sexuelles. Un projet de création de local d’accueil pour ces femmes est en cours.

Solidarité avec les prisonniers anarchistes de Turquie

Parce que le sort des anarchistes est doublement difficile du fait de la répression de l’Etat, mais aussi des conflits avec les autres prisonniers de tendance marxiste-léniniste, une association l’ATDA (comité de soutien aux prisonniers anarhcistes) a été créé au début de l’année. Ses objectifs sont de :

- soutenir les camarades anarchistes financièrement, socialement et de manière collective,

- essayer de résoudre les problèmes de santé des camarades malades,

- se solidariser avec des camarades,

- renforcer les liens avec les familles de prisonniers.

Vous pouvez contacter l’ATDA, au Groupe libertaire de Tours, BP 421, 37204 Tours cedex 3, envoyer vos chèques à l’ordre de Manta (précisez ATDA au dos du chèque).


No Pasaran 21ter rue Voltaire 75011 Paris - Tél. 06 11 29 02 15 - nopasaran@samizdat.net
Ce site est réalisé avec SPIP logiciel libre sous license GNU/GPL - Hébergé par Samizdat.net