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AccueilJournalNuméros parus en 2001N°87 - Mai 2001
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Intervew de Freedom for King-Kong



Devant une Coreff Brune, rencontre avec Javanof, et Jean, guitariste et bassiste de Freedom For King Kong, au Triskell sur la place d’un doux nom, Guérin.

Où avez-vous enregistré votre nouvel album ?

Javanof : à Plomeur ! Toujours avec les Messieurs production et Boucherie.

Il sonne plutôt bien, et il est plus dans la lignée de la scène que le premier !

Jean : Oui, nous en tout cas, on a ’‚impression que c’‚est plus dans la direction de ce que l’on fait sur scène. Mais c’est un exercice périlleux d’arriver à la même chose.

Javanof : Et puis Ton’s a pris toute sa place avec les claviers dans l’écriture des morceaux, ce qui n’était pas le cas dans le premier album.

Et que pensez-vous de la distribution au niveau hexagonal ?

Jean : Qu’est-ce qui reste dans le réseau des disquaires indépendants ? Je ne sais plus le chiffre exact, mais c’est autour de 85% de la musique qui s’achète en supermarchés, alors après il reste les Virgin et autre FNAC, qui sont aussi des supermarchés. Ce qui est bien triste pour les disquaires indépendants qui savaient de quoi ils parlaient, te conseiller, te dénicher des petits trucs quasiment disparus. Maintenant, ils vendent des disques comme s’ils vendaient du parfum, des bagnoles, et ne savent que taper sur leur clavier pour te dire "oui, je peux vous le commander".

Et c’est pour refuser ce type de distribution, en soutien au milieu dit "alternatif" que vous êtes sur la compil Le capitalisme est une ordure ?

Javanof : On connaissait les gens qui faisaient cette compil, ils nous ont parlé du projet. On avait pas grand-chose à faire : on donnait un morceau, et on était d’accord avec le principe. Or, le principe, il était tellement intéressant, que de dire non, ça aurait été idiot ! Notre participation, elle ne pouvait être que facile et modeste, on n’a pas inventé le principe, on n’a fait que donner un morceau.

Sur cette compil, plusieurs groupes sont de la scène alternative. Que pensez-vous de l’état de la scène alternative aujourd’hui ?

Jean :Hola, y’a beaucoup à dire, je vais remettre une tournée avant que la gorge ne se dessèche...

Javanof : La scène alternative, comme on l’entendait dans les années 80, avec des groupes qui étaient presque des familles, qui jouaient le même style de musique je crois qu’elle n’existe plus comme ça. Maintenant, l’alternatif s’est agrandi au niveau du panel du style de musique, et les mecs qui font de la techno, des free party, c’est de l’alternatif ! Elle ne se limite plus au punk rock comme il y a dix ans. Et il existe toujours un système parallèle avec des concerts, avectoujours du monde. Et, ça s’est bien !

Y’a qu’un truc, c’est qu’il n’y a plus beaucoup de petits labels.

Jean : Il reste quand même des petits labels ; les maisons de disques n’auront jamais la main mise sur tout, jamais ! Et je dis bravo ! Au niveau du groupe, c’est vrai que nous ne sommes pas dans une démarche purement alternative même si le premier album était en co-production. (...)

Javanof : On est intermittent, disons qu’on a les orteils dans le système, mais la tête ailleurs !

Jean : Par contre, même si on n’y est pas, la vraie scène alternative, on la respecte pleinement. Et c’est très fort ce qu’ils arrivent à faire. Après, peut-être qu’on y viendra un jour.

Javanof : On fonctionne beaucoup avec le milieu associatif, et c’est vraiment bien de jouer aussi pour le concert organisé par un club de foot !

Jean :Bien sur, on n’ira jamais jouer dans des concerts fafs, mais on peut nous retrouver dans des endroits où on nous attend pas ! Cette démarche peut aussi permettre de lancer, par les textes, par les intermèdes des réflexions dans la tête de spectateurs.

Jean :ça serait prétentieux de dire que l’on va faire réfléchir tout le public, mais c’est arrivé plusieurs fois que des gens viennent discuter, surtout avec Bring’s puisque c’est lui qui chante, sur ce qui se dit. Et ça s’est bien !

Javanof : Moi, je trouve ça intéressant de chanter des textes qui parle des sans papiers face à des gens qui ne sont pas forcément d’accord plutôt qu’à un concert de soutien à la lutte antifasciste où tout le monde est d’accord. Et le vrai acte militant, c’est le premier !

Jean : il ne s’agit pas de donner le bâton pour se faire battre, mais il faut faire que les gens puissent débattre. Et si on reste entre antifa, on prêche des convertis !

Javanof : je trouve bien que des groupes comme Zebda puissent être aussi populaire ! Bon, ils sont dans l’industrie, mais que le bof chante "tomber la chemise", s’est bien !

Autrement, Jean, tu lèves le poing sur scène lors d’un texte de Guevara, ça veux dire quoi pour toi ?

Jean : là, tu mets le doigt sur quelque chose... ces mots sont chargés de pleins de choses de résistance.

Et dans votre quotidien, ça veux dire quoi être résistant ?

Jean : je crois que je suis comme beaucoup, j’essaie de m’informer, de pas tomber dans tous les pièges de la facilité. La résistance, c’est de pouvoir encore écouter les gens, et de dire "là tu dis n’importe quoi !", d’être fraternel et de ne pas être divisé. Mais c’est aussi bien sur être actif, participer à une manif, à un débat. Voilà, c’est cela ma résistance !

A propos de résistance et de résistants, que pensez-vous du verdict du procès des FTP ?

Jean :Dans la condamnation de Yves, on sent qu’il y a deux poids, deux mesures. En France, la justice, elle a vraiment deux vitesses, et ça me débecte, ça me révolte.

Javanof : Mais s’attaquer à la justice, c’est s’attaquer à une grosse machine. Et quand tu vois qu’un môme de 19 ans se prend deux mois ferme pour 22gr, y’a vraiment un problème dans la valeur de la justice. Et il y a peut être plus important que de parler de Papon ! (...)

Bon, pour finir avec la justice, voilà la loi sur le bruit !

Jean : Pour moi, ces limiteurs, c’est une saloperie, c’est vraiment de la censure ! On ne peut pas combattre les nuisances sonores partout de la même façon. Et on englobe un peut trop le bruit des camions avec celui d’une caisse claire ! L’autre jour, j’entendais une organisatrice de concert qui expliquait que la salle avait été limitée à 95 db, résultat, fini les concerts amplifiés, fini la batterie : un coup de caisse claire, c’est déjà 100db ! Le résultat de cette petite loi, c’est que les cafés concerts vont plus pouvoir exister, or, c’est le premier endroit qui accueille les groupes. C’est vraiment une petite loi merdique, qui n’arrange rien.

Ce qui serait flippant, c’est qu’il n’y ait plus de café concerts, de petites salles, mais que des grosses salles municipales avec "artistes de variété". Donc résistance là aussi !

Rico (SCALP Brest)


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