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AccueilJournalNuméros parus en 2002N°8 - Avril 2002 > Dans les luttes, pour une alternative sociale !

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Dans les luttes, pour une alternative sociale !


Au soir du deuxième tour des présidentielles, quelque soit le vainqueur, nous aurons la gueule de bois... Quelle différence entre Chirac ou Jospin ??? Cela fait une vingtaine d’années que les partis de gauche et de droite alternent... dans la continuité des politiques mises en œuvre...


Le consensus entre la droite et la gauche n’est plus à démontrer. Sur les thèmes fondamentaux (Europe, immigration, sécuritaire, social, services publics, précarisation, misère.), il devient de plus en plus difficile d’obtenir des débats contradictoires entre les leaders des différents partis appelés à occuper les postes de pouvoir... Au lieu de débats politiques, nous assistons aux déballages d’affaires, toutes plus sordides les unes que les autres. Les contribuables seront, bien sûr, appelés à les régler financièrement !!!

Ni recettes miracles, ni salades périmées.
Bien sûr, une kyrielle de candidat(e)s, comme Laguiller et consorts, sont là pour nous exposer leurs solutions miracles, mais qui n’auront aucun effet et resteront des vœux pieux. Ils rassembleront les électeurs protestataires qui, certes, en ont marre de cette gabegie, mais continueront à vivre leurs dépits.
image 283 x 131Au milieu de ce marais, il y a "les républicains" prônant un retour vers un passé mythifié, un paradis perdu !!! Les plus connus étant Chevènement et Pasqua... Ils nous promettent un retour d’un Etat fort, bien répressif à l’égard des "sauvageons"... au nom d’une République agissant pour l’égalité de tous les citoyens... C’est un peu vite oublier l’histoire... Avons-nous connu une société égalitaire dans le cadre républicain ? L’exploitation, la domination, les inégalités n’ont jamais disparu. Comme tout pouvoir politique institué, l’Etat-nation n’a cédé des droits qu’en fonction du rapport de forces instauré par les mobilisations populaires et du danger qu’elles peuvent représenter pour la continuité du capitalisme...
En outre, les marchés et les multinationales acquièrent de plus en plus de puissance, limitant à la portion congrue la réalité du pouvoir que détiennent les Etats. Ceux-ci ne peuvent plus déterminer ni contrôler les politiques monétaires (la preuve est dans votre poche : l’Euro !), industrielles, sociales. C’est toujours plus de liberté pour les transactions financières, y compris de blanchiment d’argent, pour les capitaux, pour les marchandises, produites de manière irrationnelle, toujours plus loin des lieux où elles seront consommées. Les marchés sont autonomes et imposent leur diktat... Si une certaine politique sociale ne leur plaît pas, la bourse s’effondre... Une restructuration avec des milliers de pertes d’emploi leur plaît, alors la bourse monte en flèche. Les crises qu’ont connu, le Mexique (1994), le Japon et le sud-est asiatique (1998) et maintenant l’Argentine, nous le démontre et les victimes sont les populations...
Et, c’est toujours moins de libertés pour les populations, pour les groupes sociaux dominés !

La démocratie occidentale : un leurre ! La démocratie est le gouvernement du peuple par le peuple. Notre forme de démocratie actuelle est une démocratie représentative : les gouvernements sont élus sur la base de "programmes" proposés à leurs électeurs, programmes sur lesquels ils sont censés rendre des comptes... Cette délégation de pouvoir que nous leur donnons, pour plusieurs années, nous fait perdre tout contrôle sur les politiques menées ici et en Europe. Ainsi le champ est libre, pour les multinationales, d’imposer à la Commission européenne, des décisions renforçant l’exploitation, la marchandisation du vivant (OGM, clonage...) et des rapports sociaux... au détriment des droits sociaux et fondamentaux... Les manifestations d’opposant(e)s (Nice, Gênes, Bruxelles...), quelque soit leur nombre, n’ont aucune chance, eux, d’être entendus par les exécutants politiques...

Une voie sans issue : l’individu En s’appuyant sur l’idéologie de l’insécurité (thème principal de la campagne...), le pouvoir actuel maintient et développe le sentiment d’impuissance, qui engendre la haine, la tristesse ou la résignation.
Stratégie logique car le capitalisme ne peut exister sans séparer, diviser (français/étranger, exclusion/intégration, sans domicile fixe/propriétaires, ville/campagne, cadre/employé, diplômé/non diplômé, homme/femme.). Et la séparation triomphe lorsque, petit à petit, les gens, les peuples, les nations vivent dans l’obsession de l’insécurité. Ne pouvant rien faire par nous-même, on nous explique que le vote va tout régler !!! Mais le vote est justement un des outils de notre asservissement...
Ainsi, nous vivons dans la certitude que la complexité de la vie est telle que la seule chose que nous puissions faire, et si nous ne voulons pas l’augmenter, c’est de nous soumettre à la discipline de l’économisme, de l’intérêt et de l’égoïsme. Cette impuissance sociale et individuelle nous persuade que nous n’avons plus les moyens de vivre une véritable vie et dès lors, nous nous soumettons à l’ordre et à la discipline de la survie. Le pouvoir a besoin de créer cette illusion idéologique parce qu’alors chacun de nous s’isole dans son petit monde, virtuel et inquiétant. Plus on est impuissant, plus notre vie devient personnelle, individualiste.
L’insécurité et la violence sont réelles, mais seulement dans la mesure où nous l’acceptons, c’est-à-dire où nous acceptons cette illusion qui nous fait croire que nous sommes, chacun, un individu isolé du reste et des autres. La nature, les êtres vivants et le monde seraient des "utilisables" et chacun de nous, le protagoniste central et unique de nos vies. Mais l’individu n’est qu’une fiction, une étiquette, une case dans laquelle nous nous mettons virtuellement. Et la télévision nous envoie des informations sur lesquelles nous n’avons aucune prise ou des nouvelles de nos propres vies... ce qu’on doit penser, acheter, faire pour se conformer à notre étiquette.
Se demander, alors, comment on peut responsabiliser les individus, créer du lien entre eux, faire qu’ils se sentent concernés par ce qui se passe, est une voie sans issue...

Nous sommes tous des multiplictés !!! La personne, en revanche, c’est chacun de nous, en acceptant notre appartenance à ce tout essentiel qu’est le monde. Il s’agit alors de refuser les étiquettes sociales de profession, de nationalité, d’état civil, la répartition entre chômeurs, travailleurs, handicapés, vieux, jeunes etc., derrière lesquelles le pouvoir tente d’uniformiser et d’écraser la multiplicité qu’est chacun de nous. Par exemple, les chômeurs n’existent pas. Les " chômeurs ", c’est une catégorie sociologique. Face aux chômeurs, je ne peux être qu’impuissant. Ce qui existe, ce sont des gens concrets, dans mon quartier, dans mon boulot, qui vont rester au chômage. Si je pense par rapport aux gens, alors il y a quelque chose de réel qui arrive à enjamber cet étiquetage capitaliste. Le capitalisme c’est quand l’étiquette prend la place du réel. Effectivement, je peux créer un collectif avec dix chômeurs et il ne s’agit pas de "petits", de "grands", il s’agit du multiple, il s’agit d’un réseau et, en aucun cas, une direction ou une structure qui globalise, qui centralise les luttes. Nous sommes des multiplicités mêlées et liées à d’autres multiplicités. C’est pour cela que le lien social n’est pas quelque chose à construire mais plutôt quelque chose à assumer.

La résistance alternative implique de faire exister le réel, le multiple des hommes, des femmes, de la nature...
Il est certain que nous n’irons participer à la farce électorale mais notre anti-électoralisme ne signifie pas une indifférence devant les élections. Bien au contraire, car l’électoralisme agit à l’encontre des luttes sociales, à l’encontre des capacités de leurs acteurs à élaborer un contenu et une stratégie anticapitaliste, élément d’un projet alternatif de société. L’autogestion des luttes aujourd’hui, c’est apprendre ensemble à vivre l’autogestion ; c’est construire ensemble un autre futur ! Si nous voulons transformer nos conditions d’existence, il faut aussi déterminer les finalités de l’organisation sociale. Cela suppose de détruire l’autonomie du pouvoir : il doit être à l’intérieur de la société et non plus à l’extérieur comme actuellement (parlement, gouvernement.). Il faut donc avoir pleinement conscience du pourquoi nous vivons de telle ou telle manière, comprendre la réalité que nous subissons pour agir effectivement sur elle et la révolutionner. On ne pourra détruire cette autonomie qu’en en finissant avec l’éclatement de l’individu ; celui-ci doit retrouver sa globalité pour devenir une personne à part entière !
La véritable résistance passe par la création, ici et maintenant, de liens, de solidarités et de formes alternatives par des collectifs, groupes et personnes qui, au travers de pratiques concrètes et d’une militance pour la vie, dépassent le capitalisme et la réaction. C’est pourquoi nous agissons dans de nouvelles formes d’organisation sociale fondées sur nos aspirations politiques et sociales, nos désirs, nos besoins.

Nous luttons pour une société autogestionnaire, solidaire et égalitaire mettant fin à l’exploitation, la domination... Dans notre quotidien, dans nos luttes, dans des collectifs, des initiatives multiples en réseau, dans l’hexagone et au niveau international, nous mettons en pratique ces valeurs au travers de :
- l’engagement direct dans la lutte en ne déléguant pas la concrétisation de l’action, en se donnant pour objectif d’obtenir satisfaction par la mobilisation et le rapport de force créé ; - la pratique de la démocratie directe permettant une élaboration collective afin de connaître et maîtriser ses conditions d’existence : prendre ses affaires en mains !!! .
- une autre conception de l’être humain, débattant démocratiquement et agissant directement sur son quotidien, devenant ainsi l’acteur d’une politique maîtrisée collectivement et de solidarité horizontale.

Abandonnons le piège de l’attente... Le dispositif politique classique reporte invariablement à un "demain", à un plus tard, le moment de la libération ou d’une vie meilleure... Les "maîtres libérateurs" nous demandent l’obéissance aujourd’hui au nom d’une libération que nous verrons demain, mais demain est toujours demain, autrement dit, demain (le demain de l’attente, le demain de l’ajournement perpétuel, le demain des lendemains qui chantent) n’existe pas. C’est pour cela que ce que nous proposons aux maîtres libérateurs (candidats, dirigeants et autres chefs militants ) c’est : la libération ici et maintenant et l’obéissance. KOLLECTIF Y EN A MARRE - scalp/réseau no pasaran


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