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AccueilJournalNuméros parus en 2002N°8 - Avril 2002 > A.C.C.E.S. cible

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A.C.C.E.S. cible


ACCES Tours (Association des Centres Culturels Educatifs et Sociaux) est en conflit avec la mairie tourangelle (gôche plurielle) depuis plusieurs mois.
Elle risque de mourir par la faute d’édiles méprisants. L’échéance se rapproche à grand pas sans qu’une amorce de solution ne soit envisagée pour la survie des 8 foyers socio-culturels de la ville. Rencontre avec David Mendès, le délégué des salariés.


Peux-tu faire un historique de la lutte et des enjeux qu’elle implique ?
Le mouvement a débuté fin 2000 mais il a vraiment pris son ampleur en mai 2001 lorsque notre demande de subvention de 16 millions de francs (2 440 000 E) a été réduite de moitié. Sans cet argent, l’association était en cessation de paiement. Le 18 mai 2001, au cours de l’assemblée générale la mairie a demandé au président, qui démissionnera par la suite, de déposer le bilan. Un administrateur a été nommé et le tribunal de grande instance a déclaré la cessation de paiement en juin. Grâce au recours, le redressement judiciaire a pu être repoussé jusqu’à fin août. Le mouvement continue avec le dépôt de notre plainte pour mise banqueroute et les actions que nous avons menées. Le redressement comporte une période d’observation de 6 mois, du 2 août 2001 au 2 février 2002. En décembre, nous avons fait une nouvelle demande de subvention de 20 millions de francs (3 050 000 E), avalisée par un cabinet d’expert-comptable parisien qui l’a même jugée tirée au cordeau. La mairie n’en a donné que 13,3 (2 030 000 E), d’où le plan de restructuration comportant le licenciement de 25 permanents, soit le quart, la fermeture du secteur ado, la fermeture de l’accueil le matin, l’augmentation de 30% des tarifs des activités de loisirs, une diminution du nombre de salariés. Cela a provoqué un effet domino car la CAF (Caisse d’Allocations Familiales) a douté de la validité de ce projet et menacé de retirer ses subventions. Il faut bien préciser qu’aucun salarié n’a été partie prenante de cette restructuration, seuls les cadres l’ont soutenue. La mairie a alors été favorable à ce plan et même prête à donner 1,5 millions de francs (230 000 E) pour licencier et 10 millions (1 520 000 E) pour épurer le passif. C’est ce qui a été présenté au tribunal le 24 janvier 2002 et celui-ci, dans ses attendus du 7 février, prolongeait la période d’observation jusqu’au 2 juin, prenait en compte le plan de redressement en vertu de la garantie apportée par la mairie, mais prenait aussi acte des observations des salariés.
image 290 x 159Le problème d’ACCES est qu’elle est une association paramunicipale qui a des liens avec la mairie de par ses statuts (le président est le maire et 9 élus y siègent) et la convention de développement qui oblige la mairie à lui donner les moyens de fonctionner. On se retrouve dans une situation de déséquilibre maintenu depuis 1995. S’il y a eu une mauvaise gestion, elle est bien du fait des élus. Quant à la médiation demandée par le maire Jean Germain, c’est du pipeau. Le fond de l’affaire, c’est la municipalisation des activités d’ACCES. Or, cela coûtera plus cher. C’est donc bien un choix politique qui est privilégié.
En fait, le démantèlement d’ACCES révèle plusieurs symptômes. D’abord, celui de la privatisation des services publics avec ce qui se trame à la Poste et ailleurs. Dans le travail social, cela donne des fermetures de centres sociaux à Lucé, Angers ou les foyers de Pont-Bordeaux à Orléans réduits à demander des subsides à la Fondation Auchan. L’autre symptôme est celui de la décentralisation avec la démocratie participative. Avec des comités de quartiers composés d’élus, d’entreprises - c’est là qu’est concentré le pouvoir - et d’habitants, on optimise le contrôle de la population. Ces instances plus consultatives que participatives cachent en réalité l’implantation des entreprises dans le tissu social et un retour masqué de l’AMI. Sans faire d’angélisme sur le contrôle social auquel nous participons, on peut quant même dire qu’ACCES entre en concurrence avec ce nouveau modèle.

Parlons maintenant bilan humain
Outre les 25 permanents licenciés, ce sont 400 emplois qui sont en danger et 20 000 adhérents et usagers largués. Comme le démantèlement a déjà commencé depuis 10 mois, les conditions se dégradent. Les problèmes financiers et moraux s’accumulent. Les arrêts maladie tombent car les gens craquent. Le personnel n’est pas remplacé. Les conditions d’accueil ne sont pas bonnes car nous ne pouvons être au four et au moulin. Mais c’est la détermination de l’équipe restante qui permet à la structure de rester vivante. Le pire est que nous n’avons aucun moyen de fonctionnement pour avril. La liquidation risque d’être prononcée plus tôt que prévu.

Il y a quand même du positif avec le comité de défense des usagers ?
Oui. En fait, cela fait suite à l’occupation du hall de la mairie le 22 janvier où nous voulions rencontrer Jean Germain, mais celui-ci a préféré appeler les flics qui nous ont matraqués. Les Verts, le PC et l’opposition municipale de droite s’en sont émus dans un communiqué mais n’oublions pas qu’ils ont voté le plan de redressement.
La création du comité de défense des usagers, il y a un mois, est intéressante car elle atteste de réaction des habitants face à la mise en danger de la vie de quartier. La priorité du mouvement reste l’outil, même s’il y a un débat à avoir au sujet du contrôle de la population. Malgré cela, ACCES reste un des derniers lieux-relais dans la société tourangelle.

Cela fait partie des choses réaffirmées lors de l’action du 18 mars ?
Il nous a semblé opportun, au vu de l’urgence de notre situation, d’intervenir au cours du conseil municipal alors qu’ACCES n’était pas inscrit à l’ordre du jour. Nous tenions à montrer nous-mêmes la force de notre mobilisation. Le maire a encore refusé de répondre à cette simple question "quel est l’avenir pour ACCES ?" et a d’abord suspendu puis finalement annulé la séance. Germain a parlé " d’un coup de force " dans la presse locale. Et bien oui, c’est un rapport de force. En attendant, il doit penser que nous sommes des fêtards du samedi car il reporté la séance au dimanche 24 mars à 9 h sans pour autant mettre ACCES à l’ordre du jour. Nous y serons car la fête, nous la ferons vendredi 22 au concert de soutien à ACCES Gentiana. Tout comme nous serons à la mairie du quartier des Fontaines pour accueillir Jospin à 15 h mardi 26 mars.

Propos recueillis par Bretelles


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