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AccueilJournalNuméros parus en 2002N°8 - Avril 2002 > Europol : Anarchistes = "Terroristes"

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Europol : Anarchistes = "Terroristes"


La très sérieuse et excellente revue anglaise Statewatch vient de livrer une analyse d’Europol sur la place qu’occuperait les anarchistes dans la galaxie terroriste. Si ces divagations n’avaient pas des conséquences terribles pour les militants engagés dans la lutte contre la globalisation capitaliste et dans la construction d’un mouvement de résistance sociale, cela pourrait prêter à sourire, mais nous savons bien que ces études faites par les institutions internationales finissent toujours par trouver des oreilles complaisantes au sein des pouvoirs publics et politiques.


La criminalisation du mouvement social n’en est sûrement qu’à ses débuts. Les avancées du libéralisme, la guerre économique que se livre les différentes multinationales et Etats (ou regroupements d’Etats) – on vient d’en voir une dernière manifestation avec le relèvement de 30% des tarifs concernant l’acier par les Etats-Unis, au mépris des règles de l’OMC, qu’ils mettent pourtant toujours en avant pour faire avancer leurs pions du libre marché mondial -, a image 315 x 283comme conséquence une multiplication des conflits et par la construction d’ennemis intérieurs et extérieurs, un vecteur pour permettre l’unité et le consensus au sein des populations pour désigner des cibles à combattre et à abattre. Alors rien d’étonnant que soit mis sur un même pied d’égalité : Al-Qeda, l’ETA, Sentier Lumineux, les FARC colombienne, les anarchistes, etc - (Bush venant même de mettre les combattants palestiniens des brigades Alqasa dans le même sac). L’insécurité régnant sur notre terre, les forces américaines, l’OTAN, mais tout aussi bien les polices et forces militaires européennes pourront s’en donner à cœur joie, sans avoir à se soucier ni du droit (voir le cas des prisonniers de Guatanamo), ni de la justesse des informations (les médias jouant dans ce domaine le rôle de caisse de raisonnance), ni des comportements (quitus est donné aux forces pour la répression). Du moment que tout cela est fait pour défendre la liberté, la démocratie et la sécurité.

Europol a publié un rapport sur la "situation et les tendances des activités terroristes dans l’Union Européenne". Comme il pouvait être attendu, le rapport concerne l’ETA en Espagne, la Real IRA en Irelande du Nord, le FLNC en Corse et l’"extrêmisme terroriste Islamique" (dont Al Qaeda)." (...)
Mais...une nouvelle catégorie ajoutée en 2001 est l’"éco-terrorisme dont le rapport ne donne aucun exemple. La rapport se contente de signaler : "Les environnementalistes radicaux et les mouvements de défense des droits des animaux ont maintenu une campagne limitée. Cependant, les domages matériels qu’ils ont causés ont été considérables". Aucune définition de l’éco-terrorisme" n’est donnée ni prévue dans l’extension proposée du rôle d’Europol (voire l’article : Les activités et le développement d’Europol : 1). Il est donc difficile de voir la distinction entre une activité criminelle et une activité "terroriste"." (...)

Mais encore...
"Une autre nouvelle catégorie encore plus problématique est celle de "terrorisme anarchiste". En Février 2001 un séminaire de Europol sur le contre-terrorisme à Madrid a accepté la proposition de l’Espagne, du Portugal, de la Grèce et de l’Italie de mettre en place une équipe d’investigation sur le "terrorisme anarchiste". Il apparait qu’après les manifestations contre le G8 à Gênes en Juillet 2001, Europol ait monté un dossier sur le "terrorisme anarchiste" qui a alimenté ce rapport.
Interviewé par un journal Allemand en Août, Jungen Storbeck, le Directeur de Europol, a dit que le "Black Block" des anarchistes pourrait être vu comme "terroriste ou pré-terroriste". (….)

Extension de la définition du “terrorisme” en Espagne

(Synthèse personnelle de l’Analyse de Statewatch). En 2000, le gouvernement Espagnol a durci sa législation anti-terroriste. Il a aussi voulu inclure le parti politique Batasuna dans la liste Européenne des organisations terroristes.
Selon la nouvelle définition Espagnole, des délits d’ordre public sont classées parmi les infractions "terroristes" si elles ont un but politique. L’incitation et l’approbation de tels délits ou de leur auteur sont aussi considérés comme "terroristes".
Ainsi, tout délit motivé par la cause de l’Indépendance Basque pourrait être considéré comme terroriste. Si un groupe s’oppose à la police anti-terroriste Espagnole, (sur le plan des droits de l’homme ou dans d’autres domaines), il devient un groupe qui abuse de son statut légal pour "soutenir" les terroristes. Avec une définition aussi vaste, on comprend mieux comment l’Espagne voit des terroristes partout ! Si ce critère était adopté au niveau Européen, il pourrait mener à la qualification de "terroristes" de tous les activistes de l’Union Européenne.
Commentaire de l’Editeur de Statewatch : "L’exclusion des attentats à l’explosif perpétrés par les militants d’extrême-droite en Italie (sans compter les attaques sur les migrants par des racistes dans de nombreux pays de l’UE) suggère que l’inclusion d’un "terrorisme anarchiste" et d’un "éco-terrorisme" dans ce rapport sur la situation de l’Europe a pour but de criminaliser la gauche radicale et d’élargire la notion de "terrorisme"."
L’actuelle présidence Espagnole de l’Union Européenne a présenté récemment une ébauche de décision du Conseil de l’Europe. Cette décision est inspirée de la nouvelle conception Espagnole du "terrorisme" décrite ci-dessus. Elle est destinée, entre autre, à échanger des "informations" sur les "extrémistes politiques violents". Selon Statewatch, cette proposition pourrait associer tout manifestant à un terroriste potentiel.


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