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AccueilJournalNuméros parus en 2002N°8 - Avril 2002 > Barcelone la magnifique !

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Barcelone la magnifique !


Le contre sommet de Barcelone a été le rendez-vous le plus réussi de la mouvance anticapitaliste radicale européenne.


image 227 x 138Quinze jours de lutte qui reflètent et amplifient les luttes au quotidien menées à Barcelone. Lieux autogérés, centres sociaux, comités Chiapas, squatteurs politiques, collectifs anti-sexistes, restaurants associatifs, librairies militantes, étudiants en lutte, syndicats libertaires, boutique de musique non commerciale, c’est toute une série d’expériences qui s’est retrouvée collectivement pour organiser la plus grande rencontre anti-capitaliste des 50 dernières années.
Il serait trop long d’énumérer toutes les actions de ces 15 jours, mais brièvement la première semaine on a vu une manifestation de 2000 personnes des collectifs de sans papiers, une manif étudiante, une manifestation contre le plan hydrologique en Espagne de 400 000 personnes, une street party de 2000 personnes organisée par Reclaim the street, une voiture renversé avec un gars en sang à côté : action des basques pour le retour des prisonniers au pays Basques : 6 interpellés dont un couple de 70 ans ! et nous voilà bien partis pour le contre-sommet !

Tous les collectifs et individus regroupés derrière le slogan "Contra la Europa del capital", avaient décidé de faire des actions décentralisées dans la ville le 15 mars par groupe affinitaires.
Plutôt qu’une manif, le choix a été de privilégier le travail sur les quartiers populaires où se sont déroulées des actions toute la journée malgré les agressions constantes de la police espagnole et catalane qui cherchait désespérément l’affrontement.
Allez, on se lève c’est parti : 9h00 Départ de plusieurs points de la ville de la "Pedalejada intergalactique" manif festive en vélo pour refuser le tout bagnole. 9h30 action symbolique ( théâtre de rue) " caca-lobbies" contre les multinationales qui a rassemblé une centaine de personnes chargées par la police sans sommation, 9h30 toujours début de la sardinade (poissons et bouffe végétarienne) organisée par la CGT espagnol qui durera une bonne partie de la journée, 11h à 20h grande peinture murale faite par des artistes en souvenir de celle faite par la communauté Zapatiste de la Canada de Taniperla détruite par l’armée mexicaine, 12h00 assemblée générale des étudiants en lutte, 13h00 manifestations appelées par la mouvance anticapitaliste radicale sous le titre "Le capitalisme ne se réforme pas, il se détruit !" 1500 personnes arrivent à se rassembler sur la Rambla grande artère fréquentée par de nombreux touristes. La police par un quadrillage impressionnant empêche la sortie de toutes les occupas (les maisons occupées en catalans) de la Cierra, les artères de toutes les rues adjacentes sont tenues par les Robocops et empêchent au faciès plusieurs centaines de jeunes de venir manifester, au premier slogan la police charge dans la confusion tant la rue est arpentée par les touristes, les civils attrapent des personnes au pif et les mettent dans les camions. On comptera une quarantaine d’interpellé(e)s.
16h30 Théatre de rue d’une centaine de personnes contre les aliments transgéniques vite entouré par les Robocops, 18-21h cirque populaire contre l’empire global, 18h concert de casseroles contre l’Europe du Capital (clin d’œil à la lutte en Argentine), 18h30 film débat sur le Chiapas qui rassemble des centaines de personnes, 19h00 manif devant le consulat de Colombie contre le plan américain du même nom, 20h00 théâtre "Le cimetière de l’Europe du capital" du comité d’enterrement pour dénoncer les politiques néolibéralisme et la mort des libertés, 20h30 manif indépendantiste des catalans cartonnés par la police, 22h30 pose de bougie à la mémoire de Carlo Giuliani dans la rue de Gènes.
Le soir, concerts et discussions dans les lieux occupés et dans toute la ville, concert en plein air pour l’Amérique latine. Apparemment la population de Barcelone n’accepte pas la présence policière dans ses rues.
Le 16 Mars méga-manif pour certains, car vu le monde une bonne partie de la manif est rentrée sans pouvoir bouger du point de départ. La manifestation devait être organisée en plusieurs blocs de façon à ne pas mélanger les genres : associations, syndicats, partis politiques. Vu le monde il n’y a jamais eu de blocs mais des cortèges organisés qui rassemblaient de tout, les indépendantistes basques de Batasuna, les catalans, les collectifs de sans-papiers, des Argentins en lutte, un groupe en rose avec les tee-shirts d’Act-UP, les squatts, gros cortège de la CGT espagnol, un cortège d’ATTAC avec des membres du PS de Toulouse, des communistes (lesquels je ne saurais dire), des théâtres de rue, des fanfares etc. Le plus gros cortège a été celui du peuple de Barcelone, des couples avec les enfants, des personnes âgées, toute la jeunesse de Barcelone déambulant. Aux fenêtres des personnes qui applaudissaient ou qui jetaient des confettis, toutes les communautés mélangées pour dire merde à l’Europe du Capital et oui à la Solidarité Internationale. Les Barcelonnais-e-s nous ont dit que c’était la plus grosse manif organisée depuis 1977. Le même soir, match de foot au sommet entre le Barça et le Real de Madrid où au début de match de jeunes s’enchaînent avec des menottes aux buts avec le tee-shirt “Non à l’Europe du capital”, en deuxième mi-temps ce seront 2 basques qui feront irruption avec des drapeaux basques sur le terrain.

La Police et la répression

Après la stratégie de la tension à Gênes et celle de l’étouffement à Bruxelles, la position de la police catalane et espagnole a été celle de la provocation permanente en prenant bien soin de laisser des policiers Robocops isolés dans les manifestations à la limite du lynchage et qui tapaient au hasard dans les manifestant(e)s.
Pour les rassemblements et les actions délocalisés, la stratégie était de faire peur à ceux ou celles qui voudraient rejoindre dans les quartiers les contestataires, cela n’a fait que renforcer les Barcelonnais(e)s à l’idée de se joindre à la manif.
La manifestation du 16 mars aurait pu dégénérer vue la stratégie policière de se montrer juste au niveau de la CGT Espagnole devant une banque avec 2 groupes d’une quinzaine de Robocops. Cela n’a pas manqué de provoquer le jet de projectiles par les barcelonnais(e)s excédé-e-s par les provocs des flics. En France dans la presse payante on lira qu’une soixantaine d’anarchistes se sont affronté(e)s avec la police depuis quelques jours. Néanmoins cela a justifié le découpage en deux de la manif par les flics qui faisaient remonter les manifestant(e)s de début de cortège à coups de matraques, de balles en caoutchouc et de flash balls provoquant de nombreux bléssés (notamment des copines et des copains du Réseau No Pasaran et de la CNT).
La chasse était ouverte et arrivés dans un grand boulevard même pas coupé à la circulation on a retrouvé les Robocops isolés par groupes de 4 ou 5 qui tapaient dans les gens au hasard ou qui interpellaient des jeunes dits lookés.
Ceci dit un cap dans la répression a été franchie : difficulté de se réunir pour des actions, provocs pour taper des flics, des dizaines de flics en civil qui se cachent à peine : tout était bon pour le bain de sang, certains ont comparé la situation à l’époque de Franco sauf que maintenant c’est à l’échelle européenne comme le montre le gazage et le tabassage des citoyennistes à la frontière française.
Ne soyons pas naïfs il ne s’agit plus de maintenir l’ordre mais de créer un véritable état de guerre contre ceux qui n’acceptent plus le monde capitaliste qui nous détruit au quotidien. La plus belle réponse aura été celle du peuple de Barcelone uni dans la lutte au quotidien et à ces jeunes qui s’attaquant aux distributeurs de banques nous ont montré derrière l’écran de fumée des hommes politiques de gauche comme de droite les vrais cibles : les capitalistes (banques, multinationales, patrons, lobby du nucléaire …).
Si à Barcelone cela a été possible c’est grâce au travail au quotidien et dans les quartiers ou quand le local rejoint le global.
Prochain rendez-vous à Madrid et aussi à Séville dans la libertaire Andalouse.

Hasta Luego, GILALI


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