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La fin du principe d’équivalence
Il se produit aujourd’hui, une rupture de la loi de proportionnalité entre effort individuel et rémunération. Le revenu est en voie de ne plus être fonction de la quantité de travail fourni pour devenir fonction de la quantité de richesse que la société décide de produire. Le travail abstrait, quantifiable, mesurable, disparaît. Les nouveaux travailleurs doivent savoir s’adapter en même temps qu’entreprendre, maîtriser les flux d’information, être habitué à la mobilité, mobiliser leur attention et mettre en œuvre leur subjectivité. Ils appartiennent à cette culture des grandes métropoles exigeant un comportement à la fois réactif et opportuniste. Leurs affects, leurs désirs, leurs opinions, leur capacité d’expression autant que leur vie biologique deviennent des éléments centraux de la valorisation économique. Une société de l’expressionLa prise de conscience par chacun de son besoin d’expression latent et la mise en œuvre de travail coopératif gratuit s’intensifie dans l’ensemble de la société. L’enjeu devient alors de ne pas retirer aux hommes et aux femmes leurs capacités d’expression et de coopération, de la même façon que dans le passé ils ont été dépossédés de leur travail. Les récents débats autour du copyleft et de Napster, les rapports de force entre droit d’auteur français et copyright anglo-saxon, les vieux débats autour de l’exception culturelle, indiquent les zones d’appropriation et de contrôle des profits d’une société de l’expression dans laquelle la production culturelle est un marché clé. Or, l’auto-production et l’auto-diffusion de l’expression, la création autonome de normes, de formes et de savoirs, entrent en concurrence et déstabilisent les monopoles constitués de la production immatérielle et culturelle. L’économie du don mise en œuvre par les créateurs de logiciels gratuits, donnant allègrement leur code sur internet, met en crise l’éthique utilitariste et instaure de nouvelles formes d’échanges non-marchands et non monétaires. Bureau d’études 1-A. Corsani, M. Lazzarato, A. Negri, Y. Moulier-Boutang, Le bassin de travail immatériel (BTI) dans la métropole parisienne, L’Harmattan, 1996, p. 83. 2-Pigou définit l’externalité de la façon suivante : "Une personne A, en rendant un service, pour lequel un paiement est acquitté, à une seconde personne B, rend incidemment des services ou cause des dommages à des tierces (qui ne les produisent pas) de telle sorte qu’un paiement ne peut en être tiré des bénificiaires ni des compensations pécunières déboursées au profit des personnes lésées".(cité dans Y. Moulier-Boutang, La revanche des externalités. Globalisation des économies, externalités, mobilité, transformation de l’économie et de l’intervention publique). Autrement dit, "il y a des externalités chaque fois qu’il y a interdépendance des fonctions de production et de consommation des producteurs et des consommateurs et que le système des prix cesse d’être l’unique agent d’information et de mise en rapport des agents" (Y. Moulier-Boutang). |
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