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Festival des Résistances et des Alternatives

Paris - 2ème édition - Du 13 avril au 5 mai 2002



image 160 x 227No Pasaran : qu’est-ce qui est à l’origine du Collectif des Résistances et des Alternatives de Paris (CRAP) ? Qu’est-ce qui vous a réunis ? Qu’est-ce que vous aviez et avez encore envie de faire ?
CRAP : Le CRAP est né suite à l’organisation de la 1ère édition du Festival des Résistances et des Alternatives - Paris, au moment des élections municipales de mars 2001. Nous sommes un collectif hétéroclite d’une dizaine d’individus proches des associations et groupes libertaires, écologistes ou anti-fascistes, participant à certaines actions, manifestations ou rencontres, qui au départ ne souhaitaient pas adhérer à ses groupes. Arrivés fraîchement à Paris, de province ou de banlieue, notre objectif commun a été de créer un outil pouvant servir les luttes de ces individus que nous fréquentions et dont nous partagions globalement les idées. Le but du jeux étant entre autre de rendre digeste et accessible au profane un certain nombre de discours militants qui nous apparaissaient parfois trop abruptes, et de décloisonner les luttes, de favoriser les rencontres, les échanges entre groupes militants, squatters, et artistes… L’un d’entre nous avait participé au Festival des Résistances de Rennes en 1999, et cela lui a donné l’envie de renouveler l’expérience à Paris. Suite au FRAP #1, nous avons donc créé le CRAP avec la ferme volonté d’en faire un second au moment des élections présidentielles, et pour lancer un deuxième outil, le TOHU BOHU. Le festival va avoir lieu du 13 avril au 5 mai et ce sera un événement qui va peut-être même nous dépasser. Pour la suite, je pense que certains d’entre nous se concentrerons sur TOHU BOHU pour le développer, certains continuerons à réfléchir à d’autres outils pour améliorer l’efficacité de nos luttes et faire le lien entre art et politique et tous se reposeront.

L’année dernière, le 1er festival s’est organisé au dernier moment, très rapidement (disons à l’arrache), ce qui n’a pas empêché de proposer un programme chargé de bonnes choses ?
CRAP : C’est simple, l’année dernière, la 1ère réunion a eu lieu début janvier à quatre dans une chambre d’étudiant et le festival commençait le 3 mars. Nous nous sommes fixés des objectifs très concrets. Une fois un lieu acquis, pour un concert et pour un débat au thème rassembleur : "Comment se faire entendre en dehors des élections ?". Nous avons cherché à solliciter un maximum d’associations, pour leur expliquer le projet du festival, et leur proposer d’organiser un événement (débat, concerts, actions…) dans le cadre du FRAP. Nous sommes partis d’une connaissance minimum des acteurs, et surtout personnes ne savaient qui nous étions. On sait à quel point la confiance ne s’acquiert pas du jour au lendemain dans nos réseaux. On a quasiment fait du porte à porte, allant d’assos en squats et de squats en assos, suivant les conseils des personnes rencontrées au fur et à mesure : "Tiens tu devrais aller voir untel ! Dis lui que tu viens de ma part !” L’info a circulé, et nous avons, pour ainsi dire, testé la capacité de réaction de tous ces groupes contactés. Beaucoup de squats ont accepté sans hésitation : les punks de Malte, le Collectif 21 Label Grange, La Miroiterie… Rapidement, le SCALP REFLEX, le COSIMAPP, Chiche !, Souriez vous êtes filmés !, Résistance à l’Agression Publicitaire, Urbanisme et Démocratie,… ont proposé des actions ou ont intégré des événements déjà prévus au festival. Comme nous avions le temps, nous avons organisé d’autres journées en essayant de faire bosser ensemble différentes assos. Au final, le FRAP #1 a attiré près de 2 000 personnes au cours de 24 rendez-vous : des débats généraux comme "Qu’est-ce que résister aujourd’hui ?", ou plus précis sur le 17 octobre 1961, sur l’urbanisme, sur la pénalisation des drogues, sur la vidéosurveillance, sur Daniel Guérin, sur le revenu d’autonomie… ; une exposition d’affiches militantes, une manifestation contre la peine de mort, un concert de soutien aux FTP marseillais, des projections de film comme " A propos de l’autre détail " de René Vautier… Cette année nous avons bénéficier de la 1ère édition, et le festival a pu être organisé de manière différente, en intégrant beaucoup plus en amont les groupes participant, et en organisant depuis janvier des réunions plénières qui rassemblent parfois près de 50 individus, et cela dans une ambiance impressionnante d’écoute et de respect mutuel.

Le festival ne pouvant être permanent, la continuité s’est faite à travers la parution mensuelle de Tohu-Bohu. Peux-tu nous dire ce qu’est cette petite feuille de chou ?
CRAP : TOHU BOHU est aussi un outil, un agenda que nous avons souhaité mettre en place au service des associations et des collectifs d’artistes, de squatters, d’individus engagés dans les luttes contre le sexisme, le racisme, le fascisme et les combats pour des alternatives économiques, écologiques, égalitaires. Tous les mois, il recense une cinquantaine de rendez-vous militants sur Paris et sa banlieue. Il fonctionne sur le principe de l’échange, puisque chacun se charge de nous envoyer les infos sur les événements qu’il organise ou dont il a connaissance (tohubohu@altern.org ou 06 80 84 85 64), quelques jours avant la fin du mois. Nous maquettons rapidement un A4 recto-verso, que nous mettons à disposition de tous sur un site internet, et dans quelques lieux de passage (CICP…). Il est ensuite de la responsabilité de chacun de reproduire le support afin que l’information circule. Même si le TOHU BOHU est disponible sur internet (http://letohubohu.free.fr), c’est avant tout en tant que support papier qu’il revête son intérêt.

Question, un peu plus de fond. Comment un festival de ce type peut-il échapper à la société de consommation et faire qu’il ne soit pas une parenthèse permettant de consommer de l’alternatif ?
CRAP : C’est en effet un risque dont nous avons conscience. C’est pour cela que nous avons souhaité faire l’expérience de formes originales de rencontres, en les organisant directement dans la rue, en intégrant un débat à une pièce de théâtre, en organisant des ateliers sollicitant la réflexions et l’écriture de textes de la part des participants. Nous n’avons pas souhaité accumuler les conférences au cours desquels un orateur crédité d’une connaissance sans faille aurait déversé son savoir à des auditeurs passifs. Il y a une seconde chose : le festival est un outil au service des assos et groupes d’individus qui y participent, pour mettre en commun leurs réflexions sur leurs pratiques (les formes de la contestation), pour s’habituer à travailler ensemble… Suite à la première édition du festival, beaucoup de militants nous ont affirmé que le FRAP les avaient motivé à développer leurs luttes spécifiques, qu’ils avaient eu le sentiment de ne pas être isolés. Le fait de se rassembler régulièrement et de s’interroger ensemble sur la manière dont nous pouvons intervenir dans l’espace public peut se perpétuer en dehors du cadre du FRAP, tout au long de l’année. Tout ceci dépasse donc le simple fait de consommer.

Question un peu plus politique. Ne pensez-vous pas que ce genre de festival et d’énergie créatrice déployée dans le sens de la résistance au capitalisme soit exactement ce qu’a envie de se mettre sous la dent la gauche de la gauche en France ? Autrement dit, comment éviter la récupération ?
CRAP : Ce sont des considérations auxquelles nous ne souhaitions pas avoir à faire lorsque nous avons organisé la 1ère édition du FRAP, le genre de considérations qui nous avaient sûrement incité à garder nos distances et à ne pas adhérer à des structures dont pourtant nous nous sentions proches. Mais, il faut bien avouer qu’elles s’imposent à nous. Nous ne souhaitons pas en effet servir la soupe à des personnes dont les pratiques nous révulsent. Nous nous efforçons donc de définir nos outils de manière précise pour qu’ils ne puissent pas être détourné de leurs objectifs initiaux. Mais par nature, les deux outils que nous avons créés ont vocation à être appropriés par les groupes et individus militants. Nous proposons juste des cadres. En fonction, des personnes qui s’investissent et s’approprient nos outils, le fond change. Mais, notre objectif n’est pas de mettre en valeur une pensée, une vision de la société, ou une idéologie, mais de favoriser un éclatement, un jaillissement de forces pas forcément convergentes.

Qu’est-ce qui se prépare cete année et quel en est, en quelque sorte, l’esprit ? Avez-vous également des contacts avec les initiatives prises dans les autres villes de France ?
Avec le FRAKA à Grenoble, Enrageons-nous ! à Brest, et les Festivals des résistances et des Alternatives de Gap et de Saint-Etienne. Nous avons décidé de mutualiser un certain nombre de moyens et de confronter nos expériences. Il n’y a pas de coordination nationale, mais nos festivals participent tous de la même volonté de valoriser les luttes et les alternatives, de créer un espace public de réflexion, de rencontre et d’expérimentation, et font tous de la fête la 1ère alternative à la morosité des politiciens. Les principaux thèmes abordés lors de notre festival sont : l’appropriation de la ville, l’occupation créative des espaces vides et des temps morts, la libre circulation des personnes, le prétexte sécuritaire, le rapport au travail, la gratuité et les modes alternatifs d’échanges, la résistance et la survie des minorités, l’avenir de la culture et des services… (Toutes les infos sont sur http://lefrap.free.fr).
Contact :
06 14 99 85 18 (Armand)
06 15 92 92 09 (Mathieu)
06 99 50 31 89 (Vianney)
tohubohu@altern.org
http://lefrap.free.fr
www.resiste.net (site national)


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