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AccueilJournalNuméros parus en 2002N°12-Septembre 2002 > Police partout !

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Supplément à la formule papier du journal No Pasaran n°12

Police partout !


Depuis le camp noborder de cet été (du 19 au 28 juillet), les militants strasbourgeois n’en finissent pas de se débattre dans les toiles de la répression. Partout en France, la police sort les griffes (St Etienne, Pau, Paris, Dammari-Les-Lys) !


image 150 x 224Le 26 août dernier, 17 militants du collectif de soutien à Ahmed (co-fondateur du mouvement spontané qui croupit en prison depuis le 26 juillet, accusé de violence et outrage sur agent) passaient à leur tour devant le tribunal correctionnel de Strasbourg. Le 23 août, ces 17 "noborder" ont occupé l’annexe du ministère de la justice de la capitale alsacienne afin de protester contre les conditions de détention d’Ahmed : placé en isolement et privé de parloir dès son incarcération ! Malgré une occupation menée sans aucune violence et même dans un esprit bon enfant, ce sont les hommes du GIPN qui délogèrent les manifestants. Le procureur, afin de justifier la disproportion de la réponse parlera de "prise d’otages" et décida de poursuivre les 17 pour "violation de domicile et séquestration".

Devant l’annexe ministérielle, un rassemblement de soutien a eu lieu pendant l’occupation. Trois des manifestants passeront également une nuit en garde-à-vue et sont poursuivis pour "outrages, incitation à l’émeute !" Pendant l’opération de police, la BAC a une nouvelle fois démontré sa tendance à utiliser la violence gratuite. Passage à tabac dans les toilettes de l’annexe du ministère, coup de pression sur certains militants (allant jusqu’à tourner autour du boulot d’un camarade et à lui lancer "noborder on vous aura !"). Les trois personnes arrêtées devant l’annexe strasbourgeoise du ministère passeront devant le tribunal le 20 mars prochain. Quant aux 17, ils attendent la date de l’appel. En effet, le tribunal s’est jugé incompétent, la séquestration relevant de la cour d’assise. Le procureur a donc fait appel de la décision d’incompétence. Affaire à suivre !

Ce qui s’est passé à Strasbourg peut évidemment être mis en rapport avec l’incarcération de José Bové ou d’autres militants de diverses composantes du mouvement social. Mais au-delà d’une "criminalisation" des militants, il s’agit avant tout d’une attaque en règle contre un certain type d’idéaux et contre les franges les plus pauvres de la société. Les lois contenues dans la LSQ (que l’on doit à la gauche plurielle) sous couvert de lutter contre le terrorisme occasionne "des dommages collatéraux" et légaux : criminalisation de la fraude dans les transports, surveillance accrue du courrier électronique ! Bien que ces mesures aient été présentées comme provisoire, le Syndicat de la Magistrature faisait remarqué qu’un renforcement de l’appareil répressif était rarement remis en question. Le plan Vigipirate, par exemple, n’a jamais été désactivé, il est renforcé à chaque "nouvelle alerte". Cette lutte contre le terrorisme permet aujourd’hui au gouvernement de la France d’en bas et à Raffarin d’extrader les Italiens, proches des anciennes Brigades Rouges. Le budget du gouvernement Raffarin met encore l’accent sur la sécurité puisque les trois principaux ministère bénéficiant d’une augmentation de leur budget sont ceux de l’intérieur, de la justice et de l’armée. Mais tous les militants, ou tous les manifestants n’ont pas a subir les foudres étatiques. La FNSEA peut même saccager des entrepôts sans encourir de condamnation ! Mieux, les dégâts seront payés par le gouvernement. Ne parlons pas des chasseurs qui avaient saccagé le bureau de la verte Voynet !

Cette spécificité de la lutte contre des idées s’opposant à la "mondialisation" se fait plus fine lorsque celles-ci sont portées par la mouvance libertaire. Il suffit de voir que l’Europe pointe du doigt, comme terroriste, les mouvements anarchistes et les modes d’actions directes. Ce nouvel élan contre les contestataires de l’ordre capitaliste avait déjà été évoqué par Chirac lors de son discours du 14 juillet 2000. Cette intensification se veut peut-être aussi être un avertissement alors que la France accueillera en juin prochain le sommet du G8 à Évian. Lors du camp noborder, les autorités semblent avoir testé en grandeur nature l’appareil répressif utilisable à Evian. Les flash-ball ont été utilisés pendant les manifestations, un arrêté interdisant toute manifestation a été pris par le préfet !

Les méthodes même de la police semblent s’inspirer de celles de leurs voisins allemands : les flics n’ont pas simplement encadré la manif, mais ont tenté de s’infiltrer dans les cortèges. Après Gênes, il avait été question d’un corps de police européen spécialisé dans le maintien de l’ordre durant des manifestations. Aujourd’hui, on en parle moins, mais il semble que même sans ce corps de police, les forces de l’ordre cherchent à harmoniser leurs méthodes de travail. Si beaucoup des coups portés aujourd’hui ont été préparés par les sociaux-démocrates, il paraît certain que l’arrivée de Sarkozy a donné confiance aux forces de l’ordre. Ces derniers sont plus arrogants et semble certains du soutien inconditionnel de leur ministre aux dents longues. Comme lors du passage de Pasqua ou de Chevènement, les bleus se comporte comme s’ils avaient reçu un chèque en blanc ! Nous devons réagir si nous ne voulons pas que le bleu ne gagne toutes les maisons, et pas uniquement celle de l’UMP.

Stéfan


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