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AccueilJournalNuméros parus en 2002N°6 - Février 2002 > Nîmes : non à la création de zones anti-pauvres

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Nîmes : non à la création de zones anti-pauvres



C’est par la presse que les habitants de Nîmes ont appris le 04/12 que le maire, J.P. Fournier (R.P.R.), avait signé un arrêté anti-mendicité. C’est sans doute une première en hiver, car de telles décisions sont généralement prises en périodes estivales dans beaucoup de villes touristiques. Mais la surprise ne s’arrête pas là, car le texte va au-delà de l’anti-mendicité.

En effet, le maire veut « interdire toutes occupations abusives et prolongées des rues et places du centre ville, accompagnées, ou non de sollicitations ou quêtes à l’égard des passants, lorsqu’e1les sont de nature à entraver la libre circulation des personnes ou bien de porter atteinte au bon ordre et à la tranquillité publique ». Et d’interdire également les consommations d’alcool et les regroupements de chiens (tenus en laisse ou non) dans ces mêmes lieux. Le périmètre concerné par cet arrêté étant bien évidement le centre ville où sont regroupés tous les commerces bourgeois et lieux touristiques.

De plus, 1’adjoint au maire chargé de la sécurité, pour justifier 1’arrêté, évoque « les très nombreuses plaintes reçues en mairie » tout en précisant que « cet arrêté ne vise pas les SDF qui ne sont pas agressifs » et de parler ensuite « d’une population, vraisemblablement des pays de l’Est, qui se montre particulièrement agressive ces derniers mois ». Même chez les SDF, il y aurait les bons gentils français et les méchants étrangers.

Enfin, sans doute pour ne pas choquer les consciences charitables avant Noël, la mairie déclare, non sans cynisme, « que cet arrêté est en fait une mesure sociale qui relève de la santé publique. Nous faisons là de 1’intégration et non de l’exclusion ».

On peut toutefois préciser qu’un tel arrêté n’est pas applicable en l’état et le préfet du Gard souligne la fragilité juridique de celui-ci.

Mais devant la détermination de la mairie, les différentes démarches juridiques pour faire annuler cet arrêté peuvent durer jusqu’à deux ans, et tant qu’il n’y a pas de réponses du tribunal administratif, l’arrêté reste applicable.

A 1’initiative du SCALP-NO PASARAN 30, un collectif s’est rapidement constitué contre cet arrêté mais aussi pour dénoncer la logique globale de surenchère sécuritaire aussi bien au niveau hexagonal (loi sur la sécurité quotidienne,...) que local. En effet, pour faire de Nîmes une « ville propre » la municipalité ne lésine pas sur les moyens et les méthodes : extension de la vidéo-surveillance où 2 MF seront consacrés à la mise en place du système, renforcement de la police municipale avec un recrutement de 50 agents supplémentaires et un budget de 480 000 Frs en 2002 contre 159 250 Frs en 2001, facturations des frais de nettoyages après des diffusions de tracts distribués sur la voie publique, sanctions de 500 000 frs d’amende ou 5 ans d’emprisonnement pour des tags et affichages sauvages sur tout bâtiment public,...

Ainsi plusieurs centaines de tracts ont été diffusés ainsi qu’un important collage d’affiches reprenant les revendications du collectif : non a la création de zones anti-pauvres, non à la surenchère sécuritaire et, non au traitement pénal de la pauvreté. Un premier rassemblement a réuni environ 150 personnes devant la mairie le 18/12.

Et pour se réaproprier la rue, une « street-party » a été organisée le 26/01 rassemblant environ 800 personnes (merci aux toulousain-e-s pour le bus) avec des percussions et de la musique électronique. Alors que cette manifestation se déroulait dans un cadre festif et pacifique, un camarade s’est fait arrêté en fin d’après-midi pour avoir effectuer des graffitis et après une garde à vue musclée, il a été relâché au milieu de la nuit. Il sera jugé au tribunal de Nîmes le 28 mars. Il est urgent de se mobiliser et de dénoncer la répression policière, d’autant plus que le 26 au soir une soirée musicale officielle a été organisée contre l’arrêté anti-mendicité et que 17 cars de CRS et des policiers se sont pointés pour vérifier la légalité de cette soirée et de l’association musicale qui l’organisait.

Il est donc nécessaire de rester sensibilisés-es, de faire pression sur la mairie, d’occuper la rue (même si cela est maintenant interdit) et, d’apporter notre soutien envers la personne qui passera en procès.

Gérald SCALP - NO PASARAN 30

Les phrases entre guillemets sont les propos de la municipalité publié dans le midi Libre du 04/12.


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