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AccueilJournalNuméros parus en 2002N°6 - Février 2002 > Pour la gratuité

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Pour la gratuité



Jugement en appel de 17 usagers des Collectifs sans ticket

"Attendu que le comportement des prévenus, quoique non conforme à l’arrêté royal de 1895 sur le transport de voyageurs par chemin de fer, et en raison même de ce pas de côté par rapport à la norme, a le mérite de faire surgir des contradictions, des questions et des chantiers dont la collectivité tout entière ne peut reporter le traitement ;

Attendu que des formes d’expression agissantes comme la " carte de droit aux transports " dont se servent les contrevenants mettent en relief et nouent sous un jour nouveau les responsabilités multiples des acteurs ici en cause, gestionnaires d’opérateurs de transport telle la Sncb, pouvoirs publics, personnel et usagers des chemins de fer ;

Attendu que pareils actes de désobéissance civile préfigurent de toute évidence la politique future en matière d’accessibilité des transports et que condamner des usagers du " Collectif sans ticket ", même à une peine légère, serait faire prévaloir une application mécanique du Code pénal et de la définition des infractions plutôt qu’une prise en compte du bien commun que les textes légaux doivent permettre de protéger ;

Attendu que des facteurs objectifs – sous-financement structurel et gestion de la Sncb contraire à l’essence même du service public, dégâts environnementaux et sociaux dus au transport routier, effets pervers sur le service rendu de l’instauration d’un usage payant (agressions d’accompagnateurs de train) – confèrent à l’action des prévenus un caractère urgent ;

Par ces motifs,

Nous déclarons le Tribunal incompétent pour connaître des infractions lui soumises."

Le Président de la 48e Chambre du Tribunal Correctionnel de Bruxelles, 18/01/2002

Ce jugement n’est pas celui rendu par le Tribunal bruxellois, refusant de rentrer dans l’Histoire, mais simplement la suggestion du Collectif sans ticket (Cst). Les représentants de la justice belge ont donc refusé de comprendre que ce procès était le leur, tout autant que celui du Cst, comme les militants belges le rappèlent dans leur ouvrage intitulé livre-accès.

La justice a pensé plus utile pour la société de condamner les 17 membres du Cst à une amende. Parmi les motifs, les personnes présentes à l’audience auront pu entendre que "la gratuité est contraire à l’essence même du commerce." Ou encore que l’usage du train sans ticket est à rapprocher du comportement d’un automobiliste qui remplit son réservoir sans payer le carburant. Le Cst profite de la comparaison pour rappeler "que si l’on tient compte des coûts que la voiture impose au reste de la société, sous la forme de congestion du trafic, de pollutions et d’accidents, le diesel devrait être payé 6 euros au litre"

Encore une fois, la justice n’a préféré s’en tenir qu’à son rôle de défenseur de l’ordre établi, refusant d’être porteur, avec le Cst, de nouvelles dynamiques. Les questions posées par les activistes belges n’ont trouvé aucune réponse. Le débat se posera de nouveau à un moment ou un autre, et se pose déjà chaque jour lors des condamnations quotidiennes de fraudeurs.

Yann Lupec – Scalp Paris

Marseille : les zones temporaires de gratuité prolifèrent...

Cette nouvelle année a commencé sur les chapeaux de roue pour le collectif sans-ticket marseillais. Le 9 janvier, après avoir accueilli nos homologues belges du CST bruxellois venus en train gratuit depuis Toulon où ils tenaient débat la veille, nous avons investi la station de métro vieux-port.

Grâce à quelques malins subterfuges que nos esprits coquins ne cessent d’élaborer, nous avons neutralisé les tourniquets-composteurs et organisé le passage gratuit de plusieurs milliers, euh allez, centaines d’usagers. Les employé-es de la Régie des Transports Marseillais présents pour nous en empêcher ont dû céder face au nombre, à la détermination et à la popularité de l’action. D’autant que les médias locaux étaient présents en masse pour cette opération internationale.

Le lendemain, une rencontre-débat a eu lieu à la librairie Païdos. Salle comble. Les participants ont pu mieux connaître ou découvrir l’expérience belge, dans toute sa richesse (cf. interview de No pasaran n°3).

Cette semaine autour des transports a permis à notre collectif de s’élargir et de faire de nouveaux projets. Continuer de faire monter tranquillement la pression et préparer le rapport de force avec les autorités compétentes.

Ainsi, ce mercredi 23 janvier, une zone temporaire de gratuité s’est donnée une dimension "spatiale" nouvelle. Après avoir neutralisé la station Cannebière-Réformés, notre vagabondage nous mena vers la stratégique station de la gare St Charles, jusque-là imprenable pour cause de présence policière impressionante (vigipirate). Prise de l’intérieur, par le métro, nous la neutralisâmes quelques temps avant l’intervention des keufs et la menace du chef de station de fermer carrément ce noeud du traffic sous-terrain. La ZTP poursuivit donc son chemin vers la station Noailles pour y finir sa course de comète, laissant derrière elle une traîne de sourires plein de dents sur les visages des usagers.

Les choses commencent d’ailleurs à bouger dans les institutions dites "compétentes". Le conseil régional a demandé rencontre semble-t-il pour tchatcher T.E.R. Du côté de la municipalité, des élus souhaitent soutenir notre action. Il faut dire que la circulation à Marseille est une sinécure, la pollution un fléau suffoquant, et qu’au-delà de la lutte pour un droit social à la libre circulation, ces questions rendent la position du CST 13 attirante pour les marseillais-ses.

Bref, ça gaze, des contacts ont également été établis avec la Fédération Nationale des Associations d’Usagers des Transports (FNAUT-PACA), des groupes d’étudiants également. Nous allons tenter d’approcher les chauffeur-ses et travailleur-ses de la RTM pour discuter et prendre la température. Et comme il faut toujours joindre la lutte à la joie, bientôt une free party vaganbonde sur tout le réseau !

Richard "chapacan" / CST 13 - Hot Line : 06-76-05-17-79

Paris : Transports gratuits ici et maintenant ! station Chaussée d’Antin et Opéra

Samedi 26 janvier 2002, le Réseau pour l’Abolition des Transports Payants a rendu l’accès gratuit au métro parisien à plus de 4 000 usagers. A 14h40, une cinquantaine de personnes a investi de manière festive et joyeuse la station Chaussée d’Antin, bloqué les portillons à l’aide de banderole revendicative et invité les personnes à passer par les portes ouvertes à l’occasion. Après 30 minutes, face à l’attitude répressive des milices de la Ratp, les militants ont préféré quitter des lieux devenus hostiles.

Ne comptant pas en rester là, ils se sont dirigés vers Opéra où ils ont procédé de la même manière. Les agents Ratp ont essayé d’empêcher les usagers de rentrer gratuitement, mais ont du céder face à la pression de ces derniers, sous le regard étonné et réjoui des membres du Réseau pour l’Abolition des Transports Payants.

Encore une fois, les dirigeants de la Ratp n’ont pas daigné nous rencontrer pour écouter nos revendications, préférant le rapport de force au dialogue. Pour le Réseau pour l’Abolition des Transports Payants, la gratuité des transports apparaît aujourd’hui comme une nécessité pour que l’égalité d’accès soit le fondement des services collectifs et afin d’éviter que notre environnement soit toujours plus dégradé, que la liberté de circulation soit sans cesse bafouée, que les transports servent de pilier à des politiques toujours plus répressives et que notre quotidien soit vendu aux marchands du temple. En liant notre réflexion à la pratique, comme aujourd’hui, nous voulons montrer que chacun peut reprendre son avenir en main et que la gratuité est possible ici maintenant.

Réseau pour l’Abolition des Transports Payants


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