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AccueilJournalNuméros parus en 2001N°85 - Mars 2001
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> Bilan de santé de l’extrême doite à la veille des élections municipales

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Bilan de santé de l’extrême doite à la veille des élections municipales


Un peu plus de deux ans après la rupture entre Le Pen et Mégret, les élections municipales de mars 2001 seront l’occasion de voir comment, d’un point de vue électoral, l’extrême droite fran« aise s’est reconstituée. Et, avant même les résultats, on voit déjà se profiler ce qui semble nous attendre pour les années à venir : un lent et progressif retour à la situation antérieure à la scission. La grave crise qu’a connue le FN est maintenant derrière lui, et son leadership sur la scène d’extrême droite est en grande partie rétabli


C’est sans conteste pour le Mouvement National Républicain (MNR) de Bruno Mégret que le résultat des prochaines élections municipales sera le plus crucial. D’ailleurs, lors de la Convention municipale du MNR le 21 janvier 2001 à Versailles, Mégret a déclaré : "nous partons à la conquête des succès qui vont constituer la première marche du renouveau national", soit, une fois traduite l’habituelle langue de bois : "si on se plante ce coup-là, c’est fini". Après de nombreuses hésitations sur la stratégie à adopter pour son jeune parti, c’est finalement la survie même du MNR qui a guidé Mégret vers l’adoption de ce qu’il appelle une "stratégie d’ouverture et de rassemblement de la droite nationale et républicaine", soit une politique de main tendue vers tout individu à la droite de la droite, qu’il s’appelle Pasqua, Villiers ou Le Pen. Le Vicomte (certainement le plus affaibli des trois) est en particulier le centre de toutes les attentions de Mégret. Dans les faits, outre l’indifférence générale (et les ricanements, dans le cas du FN) des autres leaders de l’extrême droite à l’égard de cette initiative, "l’ouverture" prônée par Mégret a pris une tournure un peu particulière : en effet, on ne compte plus les cadres MNR fuyant le navire, qui pour rejoindre un FN plus accueillant qu’il y a un an, qui pour rejoindre le RPR ou l’UDF pour se faire une place au soleil. Notons au passage que le Rassemblement pour la France (RPF) de Charles Pasqua et Philippe De Villiers continue de se déliter. Même débarrassé de l’élu vendéen, Pasqua, resté seul maître à bord, n’arrive plus à assurer la cohérence de son parti, tant au niveau militant que stratégique. Nombreux sont les cadres RPF qui lui reprochent le mélange des genres, tel Pierre Ceccaldi, élu RPF à Marseille, qui s’est plaint de "la gestion dictatoriale" du parti. Sur Paris, le rapprochement Pasqua/Tiberi n’assure pas à l’ancien ministre de l’Intérieur un avenir politique radieux…

L’avenir des villes MNR

Pour en revenir au MNR, il faut admettre qu’il a, pour ces municipales, deux atouts de poids : les deux villes dont il assure la gestion, véritables vitrines pour le parti, et qui risquent de rester à l’extrême droite. Pourtant, la situation n’est pas aussi idyllique qu’en 1995. À Vitrolles, l’équipe de Catherine Mégret (toujours tête de liste) fait campagne sur son bilan municipal. Mais ce dernier n’est guère glorieux, on s’en doute : mis à part quelques barbouzards lâchés dans les rues pour lutter contre "l’insécurité" et des bâtons dans les roues des associations locales, rien qui puisse donner envie aux électeurs de 1997 de recommencer leur erreur. D’autant que le FN compte bien présenter une liste à Vitrolles, histoire d’augmenter la panique. Pourtant, les ambitions politiciennes et personnelles des candidats à droite comme à gauche laissent une chance de succès à l’équipe Mégret. Le maire de Marignane, Daniel Simonpieri, de son côté, la joue perso. Il ne se présente d’ailleurs pas sous l’étiquette MNR, mais de fa« on plus discrète avec pour slogan : "Mon parti : Marignane". Ses chances de succès sont relativement bonnes (il a obtenu près de 64% aux cantonales de 1998), en partie justement grâce à sa discrétion et l’absence d’alternative à gauche comme à droite. Mais son éventuel succès pourrait ne pas profiter au MNR. Il a prévenu Mégret qu’en cas d’échec général du Mouvement, "il ne faudra pas hésiter à en tirer les conclusions et les responsabilités". Comprend qui veut… Enfin, pour corser le tout, l’ex-premier adjoint de Simonpieri, Christian Tarelli, se présente aussi à Vitrolles, sous l’étiquette RPF, ce qui n’a pas l’air de plaire à Roger Guichard, candidat RPF sur Vitrolles, qui déplore ce "recyclage" des cadres MNR par le biais du RPF. Quant à Marseille, où Mégret est tête de liste, le MNR est toujours à touche-touche avec la liste FN de Maurice Gros. Avec, d’après les sondages les plus favorables, un résultat personnel avoisinant les 8%, Bruno Mégret réalise le meilleur score de son parti (qui devrait péniblement atteindre les 4%) dans la cité phocéenne. Durant la campagne, l’objectif de Mégret est donc principalement de sauver les apparences : dans la presse, à la télévision, Mégret affirme avoir des candidats partout ; on sait qu’il n’en est rien, et de nombreuses listes ne seront pas bouclées à temps. Il semble donc que, pour le MNR, la partie soit perdue d’avance, sans compter qu’un échec aux municipales viderait une fois pour toutes les caisses du parti, qui peine déjà à les remplir. Rappelons que les pertes du MNR (plus de 10 millions de francs, quand même) représentent près du tiers de son budget pour l’année 1999. À tous les niveaux donc, le résultat du MNR aux élections de mars scellera son destin.


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