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AccueilJournalNuméros parus en 2001N°85 - Mars 2001
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> Pour la suppression de la coopération des polices entre la France et le Mexique

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Pour la suppression de la coopération des polices entre la France et le Mexique


En février 1998, la Fédération Internationale des Ligues des Droits de l’Homme(FIDH) publiait un rapport spécial sur le Mexique intitulé " Une violation systématique des droits de l’homme ". Cela n’a pas dissuadé Jacques Chirac, en visite à Mexico en novembre de la même année, de signer avec l’ex-président mexicain E. Zedillo un accord bilatéral de " coopération des polices ". Depuis, la situation des droits de l’homme au Mexique est loin de s’être améliorée :


- 1 Le gouvernement mexicain refuse d’honorer ses engagements nationaux et internationaux concernant les droits indigènes (accords de San Andrès de 1996 et Traité OIT de 1989) et mène une stratégie de guerre dite de " basse intensité "contre les communautés indigènes du Chiapas. Il refuse de démilitariser la région malgré la recommandation en ce sens, en novembre dernier, de Mary Robinson, haut commissaire aux droits de l’homme de l’ONU. De plus, de nombreux rapports nationaux et inernationaux signalent la complicité de l’armée et des forces de police avec une douzaine de groupes paramilitaires qui exercent des exactions contre la population civile. Cette politique a déjà conduit aux massacres d’Actéal en décembre 1997et de El Bosque en juin 1998.

- 2 Dans l’état du Guerrero, à 5 ans du massacre de 17 paysans lors d’un rassemblement pacifique à Aguas Blancas, crime perpétré par les agents de la police locale, non seulement les responsables n’ont pas été arrêtés, mais plusieurs paysans qui ont survécu sont actuellement emprisonnés. Des rapports récents font état d’un accroissement des disparitions de paysans militants politiques et syndicaux. Malgré la campagne internationale menée par Amnesty International pour sa libération, le militant Rodolfo Montiel est emprisonné depuis près d’un an pour s’être opposé à des déforestations par une compagnie transnationale américaine.

- 3 La Police Fédérale Préventive(PFP), "superpolice" au-dessus de toutes les polices, qui compte des milliers de militaires dans ses rangs, fut créée il y a un an et demi pour " lutter contre la délinquance ". A l’époque, l’opposition avait dénoncé l’objectif politique de cette police : réprimer les mouvements sociaux en lutte contre les réformes néolibérales. Cette prévision s’est vue confirmée en février dernier, quand plus de 700 étudiants furent arrêtés par la PFP, accusés de "terrorisme" pour avoir participé à un mouvement de grève pour la défense de la gratuité de l’enseignement supérieur. Plusieurs centaines d’agents de la PFP ont récemment été envoyés au Chiapas pour renforcer le dispositif répressif dans cet état.

Dans son bulletin " Noticias de Francia "(septembre-octobre 1999), l’ambassade de France à Mexico annonçait qu’ " un groupe d’experts français assistera des corps de police, parmi lesquels la PFP, en matière de transfert technologique, échange de données et formation ". Le 23 novembre dernier, on apprenait de source locale que déjà "un groupe spécial de la police française entraîne des policiers du Chiapas".

Si en France la politique " antiterroriste " représente, selon un rapport de la FIDH, "une porte ouverte à l’arbitraire", l’arbitraire n’a cessé d ’être une réalité au Mexique. Ce pays est régulièrement dénoncé pour ses nombreuses violations des droits de l’homme. L’accord de coopération des polices avec le Mexique étant en contradiction flagrante avec les principes de défense des droits de l’homme affichés par la France, les associations, syndicats, partis politiques, personnalités et citoyens signataires demandent sa suppression immédiate.

A signer, faire signer et adresser à : M. Lionel Jospin, Premier Ministre, Hôtel Matignon, 57 rue de Varenne, 75007 Paris, ou bien au Collectif Chiapas-Ariège qui transmettra (contacts : Maryse : 0561666362 Monique : tel/fax 0561641840).

POUR LA GARANTIE ET LA SECURITE DE LA DELEGATION DE LA "COMMANDANCE" ZAPATISTE EN ROUTE POUR MEXICO

Le 16 février 1996 l’EZLN et le gouvernement mexicain ont signé les accords de San Andrés, résultant de la Ière Table de Dialogue portant sur la Culture et le Droit Indigène. Ces négociations ont duré quatre mois, sont intervenus, des assesseurs et des invités, un grand groupe d’universitaires, d’intellectuels et surtout, des dirigeants d’organisations sociales, des indigènes et des non indigènes, qui ont apporté à la table une importante série de propositions pour y être débattues.

Les accords de San Andrés sont des accords à minima qui ne représentent que le premier pas d’une discussion dont l’objectif ultime est la paix définitive, pour laquelle il était, et il est nécessaire de tenir compte des causes qui ont provoqué le conflit. Avec sa signature, le gouvernement mexicain s’est compromis à réaliser une série de réformes de la Constitution du pays, ainsi que de certaines lois secondaires. L’objectif final de ces réformes est la reconnaissance juridique de la composition pluri-ethnique et pluri-culturelle du pays, en dotant les peuples indigènes des moyensnécessaires pour préserver et développer leur propre identité. En définitive, c’est le premier pas vers la matérialisation du droit à être égaux tout en étant différents. Mais très vite, il s’est avéré que le compromis du Gouvernement n’était qu’une affaire d’image : juste après la signature, les négociateurs gouvernementaux ont entrepris un voyage en Europe en vendant l’idée d’une paix définitive au Chiapas, alors qu’en réalité les compromis n’étaient pas respectés et que la IIème Table de dialogue s’est achevée sans aucun accord.

L’EZLN s’est vu obligé(e) de suspendre sa participation au dialogue jusqu’à ce que le Gouvernement Fédéral donne des signes de sa volonté de tenir sa parole.

Le temps du président Ernesto Zedillo est passé en laissant une traînée de douleur et de mort : Acteal est un symbole plus parlant, mais les assassins, la pauvreté, la militarisation et la paramilitarisation, le recours à la force et le mépris pour les droits humains les plus élémentaires ont été les signes laissés au passage, au Chiapas et dans diverses zones indigènes à travers le Mexique, par un homme qui restera dans l’histoire du Mexique comme celui qui, pouvant choisir la paix, a choisi la guerre. Et qui l’a perdue.

A présent, avec un nouveau Président à la tête du pays, l’application des accords de San Andrés reste indispensable pour asseoir la base d’une paix avec justice et dignité. Sa ratification ne doit plus se faire attendre. C’est maintenant, et non dans quelques années, que le Gouvernement Fédéral et les institutions du Pouvoir Législatif doivent prendre les décisions adéquates, afin que le Mexique ne soit plus jamais un pays sans ses peuples originaires.

En outre, les bases pour une véritable Paix doivent reposer sur des faits concrets. Ainsi, en tant qu’habitants du monde et membres de la société civile internationale, nous adhérons aux demandes de l’EZLN de "signaux concrets accréditant la disponibilité du gouvernement au dialogue et à la négociation, sa détermination de parvenir à des accords et de les respecter, et sa ferme volonté de construire une paix avec les peuples indiens de Mexico" :

A) L’application des accords de San Andrés ; concrètement, la ratification de l’initiative de loi élaborée par la Commission de Concorde et de Pacification (Cocopa).

B) - La libération de tous les zapatistes emprisonnés dans les prisons du Chiapas et des autres Etats.

C) - Le retrait et la fermeture de 7 des positions qu’occupe actuellement l’Armée Fédérale au Chiapas sans que ces positions soient substituées par un autre corps militaire ou policier. Ces campements sont : Amador Hernandez, avec annulation du décret d’expropriation prononcé par Zedillo, Guadalupe Tepeyac, Rio Euseba (près de l’Aguascalientes de La Realidad), Jolnachoj (près de l’Aguascalientes de Oventik), Roberto Barrios (Près de l’Aguascalientes de ce lieu), La Garrucha (près de l’Aguascalientes de ce lieu) et Cuxulja (près de la communauté Moisés Gandhi).

Enfin, et avant le voyage que les 24 membres du Comité Clandestin Révolutionnaire Indigène Commandance Générale du EZLN, réaliseront à la ville de Mexico (DF) pendant le mois de février, prenant la tête d’une grande mobilisation pour s’adresser à l’honorable Congrès de l’Union face aux législateurs et plaider en faveur de la Proposition de l’Initiative de Loi Indigène élaborée par la Cocopa. Nous exigeons du Gouvernement Fédéral, la libre circulation dans le pays et l’entière garantie de sécurité pour la délégation qui cherche à ratifier par la voie du dialogue pacifique la solution à leurs revendications.

PLUS JAMAIS UN MEXIQUE SANS LES PEUPLES INDIGENES


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